Chapitre 38: Connexion

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« Le monde ne s'est pas arrêté dans une explosion ou dans un souffle, mais plutôt un cri à la fois »

Ça commença par cette impression désagréable au fond de moi. Au début, je n'y prêtai pas attention. Mais elle persista, ce faisant de plus en plus insistante, de plus en plus dérangeante. II me fallut encore quelques minutes pour en prendre pleinement conscience.

Quelque chose ne tournait pas rond.

Il y avait un problème.

Où ?

Que se passait-il ?

Une lumière passa devant mes yeux. Puis une autre. Et encore une. Elles se firent moins intenses, et je compris que c'était des images. Comme des flashs.

J'aperçus des armes. Du sang. Des gens qui courraient.

J'entendis des coups de feu. Des explosions. Des gens qui hurlaient.

Je sentis Yoann. Blessé. Gravement. Peut-être même fatalement.

Je rouvris les yeux et me redressai brusquement, la respiration courte, haletante.

— Sam ? s'inquiéta Charlotte.

— Il y a un problème. Yoann, il est blessé. Il faut qu'on retourne à la base immédiatement.

Je me mis sur pied d'un bond.

— Réveille ma sœur, on ne peut pas la laisser là.

— Attends, de quoi tu parles ? Qu'est-ce qui se passe ?

Je me retournai vers elle.

— On a pas le temps de discuter. Il faut y aller. Vite.

— Sam...

— Fais-moi confiance s'il te plait, la suppliai-je.

Je passai mes mains dans les cheveux, tentant d'apaiser mon angoisse.

Tiens bon, Yoann. Je t'en prie, tiens bon.

J'étais terrifié. Terrifié à l'idée de perdre la seule personne capable de me comprendre.

Ma sœur sursauta. Charlotte enleva les mains de son visage.

— Qu'est-ce que vous m'avez fait ? s'affola-t-elle.

— Rien, répondit Charlotte. Il faut partir.

Clara se releva, recula de quelques pas, un rire sans joie franchit ses lèvres.

— Hors de question que je vous suive.

— Clara, la base est en train de se faire attaquer, intervins-je.

Je n'eus pas besoin de préciser que notre mère se trouvait là-bas pour qu'elle comprenne. La peur tordit ses traits.

Charlotte prit les devant, on la suivit au pas de course. Tout en avançant, la jeune fille composa le numéro de plusieurs élémentaires, s'énervant sur les touches de son portable.

— Personne ne répond, ragea-t-elle.

Elle composa encore un numéro, avant d'enfoncer l'appareil dans sa poche en jurant.

On sortit rapidement des quartiers en construction pour atteindre la ville de nouveau animée. Tout le monde s'était remis en mouvement, les gens reprenait le cours de leur existence comme si les trois derniers jours de Figeation ne s'était jamais écoulés. Personne ne s'en souvenait, sauf nous.

— On ne peut pas rentrer à la base à pied, ce serait trop long, lâcha Charlotte.

Je n'eus pas le temps de lui demander quelle autre option on avait qu'elle s'engageait déjà dans des ruelles étroites. Ses yeux bougeaient à toute vitesse, comme s'ils analysaient l'environnement. Puis soudain, Charlotte sauta sur la chaussée. La voiture qui passait par là freina brusquement, le crissement de ses pneus m'arracha une grimace de douleur.

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