22 - Benvenuto

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Cicely

L'été prend fin et Demetrio semble de plus en plus occupé, distant, ce qui m'arrache le cœur un peu plus chaque jour. Il est constamment sur les nerfs, me rendant visite que tard la nuit. C'est comme si c'est devenu notre rituel.

Sauf ces quatre derniers jours, je n'ai plus de nouvelles de lui, et il ne me partage pas ses peines, ce qui le tracasse depuis quelques temps.

Je me dis qu'il n'est peut-être pas fait pour moi, après tout il est l'opposé de ce que je suis. Mais à chaque fois que je pense comme ça, je reviens à la case départ. C'est-à-dire que cette idée est du grand n'importe quoi. Comment ne pas tomber sous son charme, ne pas vouloir constamment être avec lui, tenter de lui prouver qu'on peut l'aimer pour ce qu'il est dans le fond ?
J'ai vu. Je le sais. Il n'est pas un monstre.

La preuve, il se comporte de façon différente avec moi.

Mais bon, on ne peut pas vivre d'amour et d'eau fraîche. Il fallait d'urgence que je trouve un poste d'enseignante; faire ce que j'aime. Après tout, on s'est tous déchiré les fesses, révisé comme des dingues pour obtenir notre diplôme. Alors autant postuler pour le job voulu que de continuer à travailler au Crown.
De toutes manières Demetrio n'y va quasiment plus là-bas, je ne faisais que voir la tête de rat de Mariano et sa Sarah sans cesse à la place.

Avec beaucoup de chance, j'ai trouvé un poste d'enseignante en tant que remplaçante dans une école primaire.


— Ta mère a appelé sur le fixe aujourd'hui quand t'étais dehors avec Sam. Elle a dit que c'était important et qu'il faut que tu l'as rappelle; lance Estelle depuis le seuil de la porte alors que je m'épile les jambes.

Il ne manquait plus que ça. Après des mois à l'éviter, je me demande maintenant ce qu'elle peut bien me vouloir. Encore un "éloigne-toi de ce garçon" je parie.

— Elle ne t'as rien dit de plus ?

— Non; juste que c'est urgent.

Je lâche un soupir et hoche la tête. Qu'est-ce qui peut bien être urgent ? La première chose qui me vient à l'esprit c'est qu'elle soit blessée, malade sur un lit d'hôpital.

— Bon moi je sors; tu veux le même menu ?

— Oui, mais avec un milkshake vanille en plus s'il te plaît, merci.

— D'acc d'acc poupée ! S'exclame ma meilleure amie avant de sortir de l'appartement.

J'attends que Estelle revient, qu'on dîne avant que je passe un coup de fil à ma chère mère.
La prise de tête n'est pas loin, c'est évident.

— Allô Cicely ? T'en as pris du temps ! Voici comment elle débute la discussion.

— Bonsoir mère, je vais bien merci. Oui ça fait très longtemps que je n'ai pas de nouvelles de toi, mais ça peut aller, demain c'est la rentrée des classes -

— Cicely ! Cesse ton sarcasme ! Tu crois que je ne savais pas que tu es allé avec Visconti en Italie ?! Que tu continues encore à le voir ? Mais ce n'est pas pour ça que je t'ai appelé. C'est long à t'expliquer, alors il faut qu'on se voit le plus rapidement possible.

— Je travaille moi, la seule solution c'est que tu déplaces. Je n'irai pas à Boston d'aussitôt; j'informe en fronçant les sourcils, je l'entends soupirer.

Demetrio le TéméraireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant