Arc Concours de curry : Chapitre 5 (Passé)

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"Il n'y a aucune chance, aucune destinée et aucun sort qui puissent entraver la fermeté d'une décision prise par une âme déterminée." Wheeler Wilcox

Année 1877

Le Printemps, saison des fleurs et du beau temps revenait enfin à Londres après de longs mois glacés d'Hiver, embaumant les rues de la capitale anglaise d'un délicieux parfum florale. Un temps idéal pour faire la promenade, visiter ses amis et organiser des pique-niques. Tous s'y donnaient à cœur joie, noble comme roturier car cette saison apportait la bonne humeur aux humains. Mais voilà que, dans un fiacre fermé de couleur clair, déambulait un individu qui n'avait rien d'humain et qui ne comprenait pas pourquoi les mortels s'émerveillaient de ce simple changement climatique accompagné d'une hausse de la température. Les voir se pavaner tel des paons vaniteux dans le seul but d'être vu ne fit que confirmer l'opinion qu'il se faisait de l'humanité, à savoir que ses représentants pouvaient être aussi impurs et arrogants que les démons, en soit des créatures parfaites pour lui.

L'individu tourna la tête et posa ses yeux rouges rubis sur sa voisine assise, ou plutôt allongée, juste en face de lui. Une nouvelle fois, sa jeune maitresse s'était endormie sur la banquette pendant l'un de leurs déplacements, sans doute dû à une nuit agitée. En la voyant ainsi, calme et décontractée, le visage détendu et sa poitrine se soulevant sous le rythme d'une respiration régulière, Sebastian se fit la réflexion qu'elle paraissait beaucoup plus vulnérable et fragile qu'elle ne le laissait voir. Après tout, elle n'était encore qu'une enfant, son corps ne pouvait cacher ce fait. Et il devait protéger cette petite fille frêle de neuf ans telle une poupée de porcelaine risquant de se briser au moindre choc. "Les humains sont vraiment des créatures faibles" se dit-il.

Quand il remarqua qu'ils approchèrent de leur destination, Sebastian remua légèrement le corps de sa maitresse qui se réveilla aussitôt en gémissant, les yeux mi-clos. Elle se redressa lentement pour prendre une position assise puis se frotta les yeux pour se sortir des bras de Morphée. Elle fut alors secouée d'un spasme lorsqu'elle prit conscience de son état précédent.

- Oh non ! Ne me dis pas que je me suis encore endormie ? l'interrogea Grace tout en contenant un bâillement.

- J'ai bien peur que si, jeune lady, confirma son majordome. Avez-vous refait le même cauchemar d'il y a trois jours ?

- Non, celui-ci était un peu différent mais dans le fond ils sont tous du même registre. Hum, ça tombe très mal, je vais avoir l'air fatiguée.

- Vous êtes tout le temps fatiguée, mademoiselle. Heureusement que nous avons pris le fiacre et non la calèche sinon tout le monde vous aurait vu, se moqua Sebastian.

- La faute à qui ? Qui est-ce qui m'a épuisée avec des devoirs longs de plusieurs heures ou d'une journée.

- Dois-je vous rappeler que sans ça, vous ne feriez pas route vers notre destination aujourd'hui.

- Ah oui ! Sommes-nous bientôt arrivés ? s'exclama Grace, se rappelant soudainement où ils se rendaient.

- C'est pour ça que je vous ai réveillée. Dans quelques minutes, nous arriverons à Buckingham Palace.

Pour vérifier ses dires, Grace sortit la tête par la fenêtre et remarqua qu'effectivement le palais était en vue. Le soleil de l'après-midi illuminait la demeure de la famille royale, qui parut tout de suite plus imposante. Son cœur se serra d'angoisse à la pensée qu'elle allait bientôt rencontrer la reine Victoria et qu'elle ne savait pas exactement comment se comporter devant un personnage royal. Devrait-elle lui parler en la regardant dans les yeux ou en les baissant ? Serait-elle obligée de répondre à toutes ses questions ou pouvait-elle se permettre d'en éviter certaine ? Fallait-il qu'elle la complimente toutes les deux minutes ou qu'elle aille droit au but ? En prévision de ce grand jour, la petite duchesse s'était fait confectionner une robe très formelle de couleur bleu clair agrémentée de velours noir qui lui arrivait jusqu'aux pieds, le tout rehaussé par sa coiffure qui consistait à lui nouer les cheveux sur le sommet du crane et à les laisser retomber librement sur ses épaules en une longue tignasse de cheveux noirs lisses.

Black Butler : L'envol du CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant