Arc Raven Wings : Chapitre 7 (Passé)

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"Il y a du sacré dans les larmes. Ce ne sont pas des signes de faiblesse, mais de force. Ce sont les messagers de l'incommensurable chagrin, et de l'indicible amour." Washigton Irwing

Par une journée grise d'Automne, le vent soufflait inlassablement sur le domaine des Ravenwood en transportant des feuilles mortes ainsi qu'une odeur de terre mouillée. Il avait plut la nuit précédente, laissant des perles d'eau encore visibles sur l'herbe. De plus, les feuilles perdaient peu à peu leurs couleurs chatoyantes, rouge, orangé et jaune, pour n'arborer plus qu'une teinte brunâtre sans vie. La nature mourait ou s'endormait selon certains à l'approche de l'Hiver. L'atmosphère se refroidissait et les jours ne duraient plus que quelques heures avant de faire place à la nuit.

Tous ces phénomènes, Grace Ravenwood les observait tristement. Sur l'un de ses balcons, elle caressait distraitement Luna qui se reposait sur ses genoux ainsi que Munin, posé sur l'un des accoudoirs du fauteuil où elle était assise. Sa mine grave laissait présager la mélancolie de son esprit, visible par le manque d'attention qu'elle apportait à ses animaux de compagnie. Ce n'était pas son intention mais était-ce la faute de cette jeune fille de dix-sept ans si toute joie de vivre l'avait quittée ?

- Tu sais Munin, quand j'étais petite, je voulais avoir des ailes. Je voulais voler comme toi, commença-t-elle en prenant le corbeau dans ses mains. Je voulais pouvoir m'enfuir de ce manoir si austère et voler jusqu'à dépasser les branches des arbres. Voir les nuages eux-mêmes. Je voulais visiter le monde comme bon me semblait, libre et sans entraves. C'est un beau rêve, non ? Je veux te voir voler, Munin ! Montre-moi comment tu déploies tes ailes et va atteindre le ciel !

Obéissant à sa demande, le corbeau ouvrit grand ses ailes puis s'envola. Il virevolta pendant quelques minutes sous le regard attentif de sa maitresse avant de poursuivre sa route vers les cieux. Celle-ci eut un faible sourire en le voyant progressivement disparaitre pour ne devenir qu'un point noir dans l'immensité de gris colorant le ciel. À cet instant, Luna s'étira les pattes puis se repositionna sur les jambes de Grace en cherchant une position confortable. Quand elle fut satisfaite, elle se pelotonna contre elle-même. La chatte émit de petits ronronnements quand la main de la jeune lady s'attarda sur sa fourrure soyeuse.

- À ton avis Luna, quelle aurait été ma vie si j'étais née chat ? Aurais-je été adoptée par une gentille famille qui aurait pris soin de moi ou serais-je devenue un de ces animaux errants dans les rues ? J'avoue ne pas comprendre ceux qui n'aiment pas les chats. Vous êtes si doux, si adorables, si taquins, si capricieux. Un peu comme les humains. Oh, mais c'est peut-être pour ça que des gens vous détestent, parce que vous leur ressemblez.... Tu sais, il m'a dit un jour que je ressemblais à un chat. Il aime les chats alors, pourquoi c'est différent avec moi ?

Oui, pourquoi tout était devenu différent depuis quelques temps ? Pourquoi leur relation si simple et si claire s'était transformée pour devenir si chaotique ? Quand Grace avait-elle commencé à regarder différemment son majordome, non plus comme un serviteur ou à la limite un allié mais comme... quelque chose d'autre ? Peut-être vers son adolescence. Quand son corps avait débuté sa métamorphose. Non, c'était arrivé plus tard. Elle n'en avait pris vraiment conscience qu'un an auparavant. Ou peut-être moins. La pauvre fille ne savait plus.

Elle se renfonça un peu plus dans son fauteuil en soupirant, les yeux mi-clos. Elle se sentait si faible et si pathétique. Comment avait-elle pu tomber aussi bas ? Comment avait-elle pu se laisser prendre d'amour pour Sebastian ? Alors qu'à l'origine, elle le haïssait. Oh oui, à chaque fois qu'elle le voyait pendant son enfance, seul la peur et la colère animaient son cœur. Tant qu'il se contentait d'obéir, elle était satisfaite. Pourtant, aujourd'hui, elle se désespérait de ne pas être à ses côtés. À mesure qu'elle devenait une femme, Sebastian lui était apparu sous un tout nouveau jour. Elle découvrait l'élégance de ses mouvements, sa voix espiègle mais suave, son application dans ses taches lui donnant une grâce inégalée, ses yeux rouges comme les roses de la passion. Il était magnifique. Même lorsqu'il tuait, le sang se répandant sur son visage de porcelaine et sur son corps élancé ne lui retirait rien de son charme. Cela ne le rendait que plus attractif. Il était capable de la plus grande violence mais pouvait aussi se montrer doux avec elle, comme lorsqu'il lui avait appris à danser. Et elle l'aimait. Oui, elle aimait ce beau et terrifiant démon. Et c'était insupportable !

Black Butler : L'envol du CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant