Black Butler : L'envol du Corbeau

Arc Jack l'Éventreur : Chapitre 2 (Présent)

"La vie est un jeu, joue-le. La vie est trop précieuse, ne la détruit pas." Mère Teresa

Ce soir était le grand soir. Voilà quatre jours que Grace avait reçus l'invitation pour participer au bal organisé par le Vicomte de Druitt et depuis, elle se sentait un peu nerveuse. C'était logique puisqu'elle n'avait jamais pu supporter cet homme dont les manières et le vocabulaire lui paraissait inconvenable pour un noble de son rang. Toutefois, les soirées mondaines organisées dans sa demeure possédaient une bonne réputation. Et c'est pourquoi, elle avait accepté d'y aller dans l'intention de se divertir. Avec l'incident survenu sur son chantier et sa dernière investigation, la jeune fille n'avait pas eu beaucoup de temps libre. S'amuser un peu l'espace d'une soirée lui permettrait alors de décompresser et l'aiderait aussi à reprendre le travail avec plus de vigueur. Surtout que se montrer à la société et participer à des réceptions préservait sa réputation de duchesse et l'empêchait de passer pour une vielle fille solitaire cloitrée dans son manoir.

À cette heure-ci, Grace s'habillait encore dans sa chambre. Ou plus précisément dans son dressing où elle prenait son temps pour se préparer à cette soirée. Elle ne faisait que peu d'apparitions publiques alors elle se permit ce petit instant de coquetterie. Non pas qu'elle y tenait vraiment mais présenter un visage agréable facilitait la conversation et elle espérait bien bavarder un peu.

Revenant provisoirement dans sa chambre, elle agrippa l'un des piliers de son lit. Présentant ainsi son corset défait à sa gouvernante qui restait à ses côtés pour l'aider à se préparer. Mme Lonsdale saisit les lacets du corset et entreprit de l'attacher... non...de le serrer jusqu'à l'étouffement.

- Arrête ! Tu sers trop fort, je ne peux plus respirer, haleta sa maitresse.

- Vous n'êtes pas allée à un bal depuis presque un an, mademoiselle. Votre dernier remonte à votre précédent anniversaire. Vous devez afficher une taille fine, vous le savez.

- Comme si la mienne ne l'était pas déjà suffisamment. Est-ce vraiment nécessaire de serrer plus que d'habitude ? Tu veux que je m'évanouisse ? Aïe !

- Vous pouvez le supporter, je le sais. Vous êtes assez forte pour ça. Maintenant, cessez de faire l'enfant et respirez ou vous ne serez jamais prête à temps.

Ravalant une réplique sarcastique, la jeune duchesse suivit le conseil de sa gouvernante et la laissa lui ficeler le dos. Pourquoi la société obligeait-elle les dames à arborer des tailles de guêpes en portant des corsets en forme de sablier avec des baleines en acier ? Sans compter les déformations occasionnées aux côtes à cause du port dès la puberté. Il ne fallait pas s'étonner que certaines coquettes s'évanouissent en serrant plus que de raison leurs corsets. Heureusement pour elle, Grace faisait partie de la mince catégorie de femmes à porter des corsets comportant des baleines en acier flexible. Certes plus rustiques et inappropriés pour une lady mais tellement plus confortables.

Quand Mme Lonsdale termina son ouvrage, elle ramena sa maitresse dans le dressing d'où elle ouvrit l'une des nombreuses penderies chargées de robes.

- Qu'aimeriez-vous porter ce soir, mademoiselle ?

- Mm, la bleue claire. Celle qui est assez simple. C'est ma préférée et cela fait longtemps que je ne l'ai pas mise à un bal.

- Excellent choix, surtout qu'elle fait ressortir votre teint.

Après avoir farfouillé, Mme Lonsdale prit délicatement la robe comme s'il s'agissait d'une étoffe rare puis s'approcha de Grace pour la lui enfiler. Il est vrai que celle-ci aimait beaucoup ce vêtement. La couleur bleue céruléen des lacets avant de la taille s'alliait parfaitement avec la jupe blanche ainsi qu'avec les notes bleues ciel des courtes manches et de l'ornement de la jupe. La jeune duchesse l'avait fait retouchée plusieurs fois car elle ne pouvait tout simplement pas s'en séparer. Son côté discret et l'absence de décorations excessives la rendait pratique et élégante. Si elle ne faisait pas d'erreur, elle devait la posséder depuis ses dix-sept ans.