Chapitre XI

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Le week-end était passé à une vitesse folle et pourtant, on ne pouvait pas dire que j'avais quelque chose de bien productif. Enfermé dans ma chambre pendant deux jours, j'avais passé mon temps à dessiner, essayant par la même occasion d'avancer le projet pour mon cours d'art, en vain. En deux heures avec Alice, nous n'avions pas fait grand chose. Nous n'étions jamais d'accord sur rien, quelque chose qui semblait "merveilleux" pour elle était inconcevable à mettre en oeuvre pour moi et inversement. Difficile de travailler lorsque l'entente n'était jamais là ! Enfin j'essayais de relativiser, me disant que nous avons encore le temps, même si l'inspiration ne voulait toujours pas pointer le bout de son nez. La feuille qui devait être destinée à mon cours d'art était donc restée désespérément vierge tandis que tout mes autres brouillons sans rapport avec le projet d'art étaient noircis de part en part. Joli paradoxe. Néanmoins, le week-end était très vite passé et étonnement la semaine qui avait suivi aussi. Je n'avais que peu vu Alice et nos dialogues s'étaient restreints à nos heures d'art en commun. C'était assez déconcertant cette attitude qu'elle avait, de pouvoir se montrer très amicale et beaucoup trop curieuse un jour et de m'ignorer complètement l'autre jour. J'avais beaucoup de mal à la cerner. Pendant un temps, j'avais pensé que c'était le cas, que je commençais à comprendre ses réactions et son caractère, mais au final, je me rendais compte que je n'avais rien cerné du tout. Je n'avais jamais rencontré une personne au complexe et... Lunatique. Moi qui pensais qu'Anna était presque imbattable dans ce domaine ! Je me rendais compte qu'elle en était bien loin. Je ne sais pas pourquoi, mais cette petite blonde avait occupé une partie de mes pensées durant le week-end, j'étais peut-être habituée à l'avoir toujours dans les pattes maintenant, rien de plus... Enfin, j'avais donc passé une morne semaine, où, pour une fois, je n'avais séché aucun cours. Mon assiduité m'avait moi même surpris, mais disons simplement que je n'avais trouvé aucune réelle raison de ne pas assister à mes merveilleux cours de mathématiques et tout ce qui se rapproche de près ou de loin à des matières scientifiques. La semaine était donc très vite passée, et je me retrouvais ce samedi matin, à attendre mon bus, qui, comme d'ordinaire était en retard. L'air était de plus en plus froid mais heureusement il ne pleuvait pas. Des volutes blanches s'échappaient de mes lèvres à chacune de mes expirations me confortant dans l'idée qu'il faisait terriblement froid. Les mains profondément enfoncées dans mes poches, j'attendais impatiemment que ce fichu bus daigne arriver. L'air glacial rendant le moindre de mes gestes impossibles, je réagis à peine en voyant une silhouette blonde se rapprocher de moi. En reconnaissant Alice, je fus surpris de voir son visage fermé, presque marqué d'une certaine tristesse, elle qui semblait toujours si joyeuse et débordante de vie ! C'était étonnant voir même inquiétant de la voir si... Fermée ? Je ne savais pas trop comment qualifier l'expression de son visage. Ses yeux étaient irrémédiablement dirigés vers le sol, elle ne m'avait pas remarquée ou bien m'ignorer intentionnellement. Quoi qu'il en soit, il était étrange de la voir ainsi, de larges cernes ternissant son regard bleu nuit. Lorsqu'elle atteignit l'arrêt, le bus arriva enfin. Sans un regard pour moi, elle monta à l'intérieur et s'assit au fond. Je ne pris pas la peine de la rejoindre. Visiblement elle n'avait pas envie de parler. Du moins, pas à moi. C'était étrange de la voir si triste, si vide, elle qui était toujours affublée de son grand sourire. Néanmoins, je ne fis pas l'effort d'aller la voir. Je ne la considérais même pas comme une amie... Qui était-elle pour moi ? Une simple connaissance ? Pourtant, ces derniers temps elle semblait assez présente dans ma vie, jusqu'à passer la nuit chez moi. Et moi, je ne connaissais presque rien d'elle alors que cette satanée blonde arrivait à lire avec clairvoyance en moi. Tout ceci était extrêmement troublant, tout comme son air triste. Poussant un juron intérieur, je me décidai finalement à m'asseoir à côté d'elle mais, le regard rivé sur l'extérieur, Alice ne sembla même pas remarqué que j'étais là.
"Salut ?" hasardai-je, ne sachant trop que dire.

L'effet papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant