Le réveil fut difficile. Je mis de longues minutes à émerger de mon sommeil, restant emmitouflé dans les draps jusqu'à ce que la sonnerie de mon téléphone devienne bien trop insistante. M'extirpant enfin, je descendis d'un pas lourd l'escalier, manquant de trébucher sur les jouets de Matthis, accentuant ma mauvaise humeur matinale. Dans un peu moins de deux semaines, je serai en vacances, et je devrais surement voir mon père. Ceci acheva mon humeur déjà massacrante pour la journée. Me préparant rapidement en maugréant sur la moindre chose pouvant m'agacer, je finis par enfiler mon épais blouson avant de subir les températures basses de cette presque matinée d'hiver. La neige commençait à arriver peu à peu, au plus grand bonheur de Matthis qui n'avait de cesse chaque soir de me demander quand est-ce que l'on pourrait enfin faire un bonhomme de neige dans le jardin. Son enthousiasme encore naïf avait le don de m'alléger le cur et de me faire sourire, qu'est ce que je ne ferai pas pour le voir heureux malgré notre famille plus que précaire...
En fermant la porte d'entrée de chez moi, je m'attendais à tout sauf à me trouver nez à nez avec un homme à la carrure beaucoup plus impressionnante que la mienne. Relevant la tête pour apercevoir son visage, ma mâchoire se contracta avec force en reconnaissant la personne se tenant devant moi. Une mâchoire carrée à peine dissimulée par une barbe de trois jours légèrement grisonnante, des petits yeux noisettes flamboyant d'un étrange éclat et un sourire arrogant flottant sur ses lèvres minces gercées par le froid."Bonjour Ethan."
Sa voix grave, devenue rocailleuse certainement à force de fumer, me fit frissonner. Je serrai les poings avec force, me mordant l'intérieur des joues jusqu'au sang pour me calmer en observant cet homme. Ma réaction hostile ne sembla pas lui échapper puisque son sourire s'accentua légèrement, dévoilant ses dents beaucoup trop blanches pour être naturelles.
"Ta mère est à la maison ? J'ai à lui parler.
- Désolé de vous décevoir Monsieur Morelli mais elle est à son taff depuis plus d'une heure déjà.
- Oh je vois, où travaille-t-elle désormais ? En espérant qu'elle ait changé ses activités depuis le temps..."Je serrai un peu plus les poings, lui jetant un regard glacial qui sembla l'amuser plus qu'autre chose puisqu'il émit un petit ricanement agaçant. En entendant ses esclaffements, je dus me retenir à grande peine de ne pas lui sauter dessus, mais lui et sa famille nous avaient déjà assez causé de soucis pour que j'en rajoute à m'attaquer à un homme appartenant aux forces de l'ordre. Au lieu de cela, je pris plutôt une grande inspiration et lui adressai un sourire tout aussi ironique que le sien.
"Ne vous inquiétez pas, elle se saigne à blanc à son nouveau travail pour que mon petit frère et moi puissions vivre convenablement. Elle a même pu me payer les soins pour mes côtes fêlées !"
Ma remarque sembla l'étonner car son sourire disparut, accentuant le mien. Je penchai légèrement ma tête de côté, arborant un air faussement étonné.
"Oh vous n'étiez pas au courant de la petite altercation que j'ai eu avec votre fils ? Ne vous inquiétez pas, je vais bien mieux."
Sa mine s'était durcie, ressemblant beaucoup plus à celle de sa progéniture. Néanmoins, le risque que lui me décoche une droite était beaucoup plus infime. Remettant mon sac sur mon épaule, je déclarai alors en avançant :
"Je dois vous laisser avant de rater mon bus, ma mère ne rentre pas à 20 heures si cela vous intéresse toujours. Bonne journée Monsieur Morelli !"
Et je rejoignis donc d'une démarche plus légère mon arrêt de bus, un léger sourire flottant sur mes lèvres en sentant le regard froid du père de Julien pesait sur moi.
Lorsque j'arrivai enfin au lycée, j'eus à peine le temps de sortir du bus que quelqu'un se jetait sur moi manquant de me faire tomber. Reconnaissant les longs cheveux de Louisa, je n'eus pas le temps de prononcer un seul mot qu'elle commença à me fustiger de tous les noms possibles et inimaginables. Quelques visages curieux s'étaient tournés vers nous, attirés par les cris de la jeune fille qui me fusillait de ses yeux clairs.
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L'effet papillon
Novela JuvenilComme quoi, une simple poignée de main peut tout changer. Ethan a 17 ans et étudie au lycée Baudelaire. Jeune homme solitaire et peu studieux, il rêve depuis des années de pouvoir vivre de sa passion : le dessin. Il trouve la vie terne, devant faire...