Cinq jours étaient passés. Cinq jours depuis l'arrivée d'Alice, cinq jours depuis mon conflit avec Julien. Je n'avais pas remis les pieds au lycée. L'infirmière avait immédiatement joint les pompiers pour que "l'on m'amène au plus vite consulter un médecin compétent", ou comment dire autrement que mes blessures étaient bien trop importantes pour me soigner avec un morceau de sucre et un verre d'eau. Enfin "grave", tout était subjectif, j'avais une côté fêlée
et quelques hématomes, rien de plus. Mais le médecin avait insisté pour que je reste tranquille au moins dix jours. Les rumeurs devaient fuser au lycée... Et Julien devait être ravi d'annoncer qu'il m'avait mis la raclée, en laissant sous silence le fait qu'ils étaient trois. Je haïssais ce lycée, pas simplement les petits cons comme lui mais tout. Les professeurs, les élèves, les bâtiments, les cours, tout me répugnait. Mais ma mère avait insisté pour que j'y aille, comme-ci elle en avait quelque chose à foutre...
J'avais passé ma matinée dans mon lit, flânant sur internet, activité très productive. Enfin je n'avais pas vraiment le choix, une simple toux était toujours douloureuse et mes déplacements se limitaient à la salle de bain et au salon. Je m'ennuyais à mourir ayant du mal à me mouvoir, les activités étaient limitées. Ma mère n'était pas là de la journée, je ne pouvais rien faire mise à part consulter les nouvelles qui agitaient internet chaque jour.
Alors que je consultais un article palpitant pour savoir si mon prénom faisait partie du "Top 10 des garçons les plus géniaux", mon téléphone se mit à vibrer, une demande en ami. Je fus surpris de découvrir qu'il s'agissait d'Alice."Tu lâches jamais le morceau toi..."
Je consultai rapidement son profil avant de l'accepter. Elle ne semblait pas très active, partageant seulement des textes dont je ne prêtai pas attention. Ayant fini ma petite "inspection", je reposai mon téléphone, la journée allait encore être longue, très longue... Non pas que ce foutu lycée me manquait, bien au contraire, surtout que nous venions de rentrer des vacances de la Toussaint mais je n'avais rien à faire. Un frappement à ma porte me sortit de ma torpeur pendant quelques instants. Une petite voix résonna :
"Je peux entrer ?"
J'esquissai un léger sourire en reconnaissant la voix de mon petit frère. Sans attendre ma réponse, il passa sa tête brune par l'entrebaillement de la porte, dévoilant ses grands yeux bleus. Je lui fis signe de s'approcher et il se jeta littéralement sur moi, me coupant le souffle et m'arrachant une grimace de douleur.
"Doucement Matthis ! le sermonnai-je gentiment.
- Pardon !"Il se mit à rire et je souris, qu'est ce que je ne ferai pas pour lui... J'ébouriffai ses cheveux sombres et il se mit à protester de sa voix aigüe ce qui étira mon sourire. Se débattant avec ma main pour que je le laisse, il me donna un coup de genou dans le ventre en gesticulant. J'étouffai un grognement et il s'arrêta aussitôt, se relevant, la mine inquiète.
"Je suis désolé Thanou ! Tu m'en veux pas ?
- Non, mais fais attention par pitié..."Il sourit et enserra mon cou de ses petits bras. Je me mis à jouer avec ses boucles brunes laissant le silence s'installer. Il resta accroché à mon cou de longues minutes, comme attendant quelque chose venant de moi.
"Qu'est ce qu'il y'a Matthis ?
- Ben... Tu m'avais promis qu'on irait à la fête forraine aujourd'hui..."Je soupirai, il avait raison. A l'approche d'Halloween, une fête foraine s'installait chaque année près de la ville et restait jusqu'aux vacances de Noël. Il m'avait demandé chaque jour des vacances à ce que je l'y emmène mais je ne pouvais pas, je lui avais donc promis le week-end de la rentrée. Sauf que je n'avais pas prévu de me faire briser une côte... Il m'observait avec les yeux emplis d'espoir et je lui offris un sourire attristé.
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L'effet papillon
Fiksi RemajaComme quoi, une simple poignée de main peut tout changer. Ethan a 17 ans et étudie au lycée Baudelaire. Jeune homme solitaire et peu studieux, il rêve depuis des années de pouvoir vivre de sa passion : le dessin. Il trouve la vie terne, devant faire...