Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

3.0 : soin Lochlainn

Neve passa un bras sous les épaules de Ciarán pour l'aider à se relever. Le guerrier s'était remis à une vitesse hallucinante, et même s'il restait faible, il arrivait à faire quelques pas au bout d'à peine quinze jours.
Son dos était toujours aussi abîmé, mais les soins de la jeune femme lui permettaient de bien cicatriser.
Quand il montra des signes de fatigue, elle l'aida à se rassoir sur le lit.
— Comment allez-vous aujourd'hui ?
Le jeune homme grimaça. Il était plus jeune que Magnus et Cavan avec ses vingt neuf ans.
— Comme si j'avais traversé les enfers, avoua-t-il.
Neve sourit.
— C'est un peu ce qu'il s'est passé, il me semble.
Ciarán grimaça à nouveau.
Il ne savait pas de quoi elle était au courant, et préférait garder le silence.
La jeune femme l'aida à s'allonger sur le ventre et enleva les compresses imprégnées de remèdes qu'elle avait déposé sur son dos un peu plus tôt.
Aussitôt, une forte odeur boisée envahit la pièce. Neve fit bien attention à ne pas abîmer plus son dos, mais les pansements se détachèrent sans difficulté.
Le jeune femme observa ses blessures. Les lambeaux de peaux qui avaient commencé à cicatriser par endroits, laissaient des trainées rougeâtres en forme d'étoile. Il avait de nombreuses cloques sur toute la partie droite, la partie la plus abîmée. Neve attendait de voir leur évolution, pour savoir si elle devait les percer ou non.
Aux abords, là où l'épiderme avait le moins souffert, la peau s'était fripée, et avait donné naissance aux premières cicatrices visibles.
Satisfaite de son examen, elle laissa le jeune homme se reposer et récupérer des forces.
Sans bruit, elle sortit du petit baraquement, et cligna des yeux sous la luminosité du ciel.
— Comment va-t-il ?
Neve sursauta.
Lochlainn s'était approché sans bruit et se tenait à côté d'elle, une épée à la main. Son arcade saignait.
— Vous m'avez fait peur.
L'autre n'esquissa même pas un plissement de lèvres.
— Il commence à se remettre, dit-elle pour répondre à sa question.
Il hocha la tête sans rien dire.
— Vous voulez que je soigne votre blessure ? demanda Neve en désignant son visage.
Lochlainn haussa les épaules mais la suivit néanmoins à l'intérieur.
La jeune femme le fit asseoir sur une chaise.
Le guerrier posa son arme sur la table et la dévisagea pendant qu'elle préparait le nécessaire pour le soigner. Lorsqu'elle s'approcha de lui, il dut écarter les jambes pour qu'elle puisse s'approcher de son visage.
Elle releva son menton d'un doigt, et commença par tapoter son entaille avec un tissu humide.
Neve se sentit mal à l'aise.
Lochlainn l'observait comme un animal contemple une proie. Elle le força à tourner légèrement la tête et il se trouva nez à nez avec une paire de seins majestueux.
Il comprenait à présent l'état de Cavan.
Il devait reconnaître qu'elle était plutôt jolie, même si ce n'était pas son type de femme.
Une douleur sourde le fit tout à coup grimacer. Neve venait d'appliquer un produit sur sa plaie et appuyait fortement dessus.
Relevant les yeux, il croisa son regard noir. Lochlainn se sentit penaud. C'était bien la première fois qu'il se faisait surprendre en flagrant délit de reluquage.
Elle désinfecta soigneusement sa plaie, y appliqua un baume cicatrisant puis s'écarta.
— C'est fini ! Besoin d'autre chose ? fit-elle en haussant un sourcil narquois.
Neve avait remarqué son coup d'œil appuyé sur sa poitrine et ça ne lui avait pas du tout plu.
Alors qu'il se relevait un peu trop brusquement, Lochlainn manqua de renverser la chaise, qui cogna contre la table. La jeune femme recula, intimidée, et dut lever la tête pour le regarder.
Impassible, Lochlainn se dirigea vers la porte.
— Non, se contenta-t-il de répondre.
Quand il fut sorti, Neve souffla. Il devenait de plus en plus difficile de s'intégrer à ce groupe. D'abord Magnus, qu'elle retrouvait après tant d'années, et qui réveillait en elle d'anciens sentiments depuis longtemps enfouis. Ensuite Cavan, qui l'attirait plus que de raison et qui se montrait extrêmement agressif envers elle.
Si elle se mettait Lochlainn à dos, maintenant, elle ne pourrait pas rester parmi eux.