Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.10 : périple

Ils reprirent leur périple en silence.
Aucun d'eux n'avait envie de parler. Chacun était plongé dans ses propres pensées.
Neve essayait de se remettre de l'attaque, mais à chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle revoyait ces yeux bleus si clairs et si effrayant, qu'elle frissonnait de terreur.
Magnus ne semblait pas se préoccuper d'elle. Il menait la petite troupe d'une main de fer, sans leur laisser pas le temps de réfléchir ou de s'opposer à lui.
Ciarán suivait sans rien dire, les dents serrées pour supporter la douleur. Quant à Cavan, il semblait refermé sur lui-même. Il avait repris ses habitudes et ne lui adressait presque pas la parole, et, lorsqu'il était obligé de le faire, il était froid et sec.
Neve ne comprenait pas. Elle n'avait pourtant pas rêvé leurs retrouvailles, le baiser qu'ils avaient échangé, sa voix douce et ses bras réconfortants.
Pourquoi était-il si distant à présent ?
La jeune femme le regarda passer devant elle et soupira. Elle le trouvait toujours aussi beau avec ses cheveux bruns et ses yeux noirs striés de gris, avec son corps puissant et les tatouages sombres qui entouraient les muscles de ses bras. Elle se rappelait la douceur de son ventre, le goût de sa bouche, la chaleur de son torse.
Neve secoua la tête pour penser à autre chose et reprit la marche.
Toute à ses rêveries, elle manqua de se cogner dans l'objet de ses pensées qui s'était arrêté devant elle. Elle regarda par dessus son épaule, et vit Magnus et Ciarán, aplati à terre, en haut d'une petite montée.
Cavan tendit un bras derrière lui pour lui faire signe de ne pas bouger, puis un doigt sur ses lèvres pour lui imposer le silence.
La jeune femme hocha la tête sans rien dire et s'accroupit pour se reposer pendant que les hommes surveillaient de l'autre côté de la pente.
Elle manqua de s'assoupir mais lorsqu'ils débarquèrent devant elle, elle sursauta.
— Ils sont trop nombreux, murmura Ciarán. On ne peut pas se battre.
— Comment ont-ils fait pour nous retrouver ? ! siffla Cavan, énervé.
— Ils devaient suivre Loch et Doyle, à mon avis.
Magnus gratta sa barbe épaisse tout à ses pensées.
— C'était leur chemin. On se retrouve juste sur leur trajectoire...
Ciarán pesta.
— Il va falloir les contourner, fit-il, mais on va en avoir pour plusieurs heures.
Il jeta un coup d'œil à Neve, qui attendait, sans mot dire, les yeux perdus dans le vague.