Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

2.2 : entrainement Cavan/Daron

Cavan leva sa lourde épée et l'abattit sur le bouclier de Daron avec force. Ce dernier jeta un coup d'œil perplexe à son compagnon. En règles générales, lorsqu'ils s'entraînaient, ils ne frappaient pas aussi fort. Il s'agissait juste de garder la forme et de répéter inlassablement les mêmes mouvements pour qu'ils viennent instinctivement sur un champ de bataille.
Pourtant, aujourd'hui, Daron voyait bien que Cavan en faisait plus que nécessaire.
Il n'en était pas gêné pour autant. Il lui en aurait fallu plus pour reculer. Il frappa à son tour, sans plus retenir ses attaques.
Cavan esquiva un coup de taille et lança un regard furieux sur l'autre guerrier.
Daron le fixa, impassible. À voir les balafres qui déchiraient son visage, on pouvait se douter qu'il y avait peu de choses qui puissent lui faire peur.
Et la colère de Cavan encore moins qu'une autre.
— Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? demanda-t-il d'une voix rugueuse.
Une voix assortie à son apparence rude et sauvage. Il était plus grand que Cavan, mais alors que ce dernier avait un corps massif, Daron avait des muscles plus élancés, plus longs. Comme son visage, son corps portait la trace de nombreuses cicatrices. Il était plus vieux aussi, et surtout, beaucoup plus taciturne. Il n'ouvrait que très peu la bouche, et seulement pour des choses importantes.
Et il devait penser que la colère de son compagnon était importante pour lui poser ce genre de question.
Cavan regarda son aîné, l'esprit survolté. Il n'avait aucune envie de répondre. Au lieu de cela, il leva son épée et attaqua comme un forcené.
Daron le laissa s'épuiser, avant de se lancer à son tour dans une attaque énergique et farouche.
Dans la petite vallée, les coups d'épée retentissaient. Le bruit se répercutait sur la falaise et se perdait dans la forêt.
Cavan essuya la sueur qui dégoulinait le long de ses tempes. Les muscles de son bras, celui qui tenait l'épée, commençaient à se raidir. Il tourna lentement autour de Daron, tant pour trouver un angle d'attaque que pour se reposer.
D'un moulinet du poignet, il fit tourner plusieurs fois son épée, puis se jeta sur son ami.
Daron para sans difficulté, et repoussa son épée sur le côté grâce à son bouclier. Puis il en profita pour le frapper au visage avec le pommeau de son arme.
Cavan poussa un cri de douleur et balança son bouclier de colère.
— Qu'est-ce qui te prend, nom de dieu ? !
Daron haussa un sourcil.
— Je me posais la même question à ton propos, rétorqua-t-il froidement.
Il se détourna, pour signifier clairement que le combat était terminé. Cavan soupira et manqua de s'étouffer quand il entendit :
— Et si t'as besoin d'une fille, va au village te soulager, ça nous reposera...