4.14 : Vers le Sud

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Neve manqua de glisser sur la petite pente que leur avait fait emprunter Cavan, mais elle se rétablit avant de tomber. Sa main au sol fit dégringoler la terre et les feuilles mortes. Elle descendit pour rejoindre son compagnon, qui la guida vers un arbre qui s'était effondré, emportant au passage certains de ses congénères, et qui avait laissé une souche gigantesque, déracinée.
Neve repoussa quelques branches mortes, avant de pénétrer dans leur abri de fortune, sous la souche. Il y avait juste assez de place pour qu'elle puisse s'étendre.
Les racines de l'arbre, à présent recouvertes de lierre et de ronces, les cachaient presque totalement du monde extérieur. La jeune femme soupira et s'allongea sur le sol recouvert de mousse.
Cavan rentra à son tour à l'intérieur de l'abri pour constater que Neve s'était déjà endormie, les genoux remontés sur son ventre, comme une enfant.
Il s'assit à côté d'elle et resta un long moment à la contempler pendant son sommeil.
Il aurait voulu se reposer également, mais fut incapable de dormir, à l'affût du moindre bruit suspect. Il laissa la jeune femme dormir autant que possible, puis finit par la réveiller.
Il poussa légèrement son épaule. Sans succès. Elle était si profondément endormi qu'elle ne bougea pas un cil.
Il se pencha alors vers elle, et caressa doucement son bras.
— Neve, il faut te réveiller, chuchota-t-il à son oreille.
La jeune femme bougea enfin et se tourna vers lui, les yeux encore embrumés de sommeil. Elle semblait perdue.
Quand elle le reconnut, un sourire vint éclairer son visage et elle leva une main pour la poser sur sa joue.
Le sourire d'une femme réveillée par son amant, pensa Cavan, troublé.
Le temps resta suspendu pendant un bref instant et tous deux se dévisagèrent avec intensité. Le guerrier sentit son ventre se nouer et son cœur s'affoler dans sa poitrine.
Une seconde de plus, et il se penchait pour l'embrasser et lui faire l'amour.
Mais Neve revint à la réalité. Elle perdit son sourire et laissa retomber sa main.
Cavan reprit possession de ses moyens et s'éloigna d'elle.
— Il faut y aller, dit-il d'une voix neutre. Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir.
La jeune femme acquiesça et se leva.
Cavan l'aida à remonter la pente un peu raide, et jura quand il se retrouva nez à nez avec ses deux jolies petites fesses bien dessinées. Il essaya de penser à autre chose qu'à ce qu'il pourrait faire avec elles à la nuit tombée.
La jeune femme resta silencieuse quelques minutes avant de demander:
— Où allons-nous exactement ?
— Hum...
Cavan hésita.
— Vers le sud.
Neve haussa les sourcils. Magnus lui avait déjà expliqué ça.
— Loin vers le sud ?
Cavan grimaça. La réponse n'allait pas lui plaire.
— Une centaine de lieues*...
La guérisseuse s'arrêta net pour le regarder bouche bée. Il s'arrêta à son tour pour la tranquilliser.
— On ne fera pas ça en une seule fois, rassure-toi.
Il allait repartir mais Neve agrippa son bras.
— Combien de temps ? Combien de temps va-t-il nous falloir pour arriver à destination ?
Elle paraissait affolée.
Le guerrier avait calculé maintes et maintes fois, et il arrivait toujours au même résultat : il leur faudrait au minimum dix jours pour passer la frontière. Mais il pariait plutôt sur quinze car Neve n'avait pas l'habitude d'un tel périple. Il espérait quand même pouvoir trouver des chevaux en cours de route, pour leur faciliter la tâche.
— Sept jours, mentit-il pour essayer d'atténuer les choses.
— Mon dieu ! soupira Neve, désespérée.

*1 lieue = 3,248 km (ancienne lieue de Paris)
Une centaine de lieues = 400 km environ

Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant