Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

1.3 : blessures

Lorsque Neve entra dans la pièce sombre, elle se sentit ridiculement petite face aux trois guerriers qui les attendaient.
Effrayée, elle s'arrêta d'un seul coup, et Magnus, qui n'avait pas vu sa réaction, la bouscula. Elle fût projetée dans la pièce bien malgré elle.
Son regard alla de l'homme à la carrure impressionnante, aux cheveux clairs et à la peau tannée, à un deuxième, tout aussi musclé mais avec des cheveux et des yeux sombres.
— N'aie pas peur, murmura Magnus, dans son dos, une main sur son épaule. Ce sont des amis.
Neve observa Magnus avec attention, rassurée par sa présence, et finit par hocher la tête et s'avança.
Les deux guerriers s'écartèrent alors, et Neve remarqua un autre homme allongé sur une table, dans un recoin.
Elle comprit de suite que c'était la personne dont Magnus lui avait parlé. Elle ignora les autres et accourut auprès du blessé pour évaluer les dégâts.
Quand elle vit les ravages du feu sur son dos, elle ne put empêcher une exclamation d'horreur.
Tout à son examen, elle ne vit pas Cavan entrer à son tour et faire un signe de tête aux autres hommes. Elle posa le sac de toile qui contenaient le nécessaire pour soigner et s'approcha de l'homme, tâtant tout doucement la peau de son dos.
Elle le croyait inconscient — ce qu'il aurait mieux valu, vu la douleur insupportable que devait représenter de telles brûlures — mais il se crispa sous ses doigts.
— Il me faut de la lumière, ordonna-t-elle, sans même se retourner vers les hommes. Beaucoup de lumière. Des lampes à huile, des chandelles, des torches... tout ce que vous trouverez.
Magnus s'approcha.
— Est-ce que tu peux le soigner ?
Neve se retourna brusquement, comme si elle avait oublié sa présence.
— Je ne vais pas te mentir, Magnus. Je ne suis pas sûre d'arriver à le sauver. Ses blessures sont extrêmement graves...
Les cinq guerriers présents soupirèrent de dépit. Elle entendit même quelques jurons, qu'elle ignora.
— ... mais je ferais de mon mieux, finit-elle avec un sourire triste.
Magnus hocha la tête.
Il savait qu'elle ferait son possible. Il repoussa une de ses mèches auburn et la cala derrière son oreille. Neve réprima un frisson et son sourire s'adoucit.
— De la lumière, Magnus, lui rappela-t-elle doucement.
Il hocha la tête et fit un signe à ses amis.
Doyle, le guerrier brun aux yeux sombres sortit chercher des lampes.
— As-tu besoin d'autre chose ?
Neve regarda le blessé. Perdue dans ses pensées, elle ignora sa question. Elle s'approcha à nouveau, et décolla doucement quelques fragments de tissus. Une matière gluante imprégnait les fibres, ainsi que le corps du blessé.
Une odeur piquante remonta jusqu'à ses narines. Elle se pencha au-dessus de l'homme, et huma doucement sa peau.
Elle perçut une odeur de pin et de soufre.
Doyle était revenu et installait des lampes tout autour de Ciarán, et à la lumière, les blessures paraissaient encore plus affreuses.
S'il survit, pensa la jeune femme, son dos gardera des marques atroces de brûlures.
— Avec quoi a-t-il été brûlé ? demanda-t-elle brusquement.
Les cinq hommes se figèrent, et se jetèrent mutuellement des coups d'œil contrariés.
Neve les fixa, les uns après les autres, et ses yeux s'attardèrent sur Cavan, qui fut le seul à ne pas détourner le regard. Il la fixait intensément, comme s'il allait lui sauter dessus, comme s'il essayait de lire à l'intérieur d'elle.
Le raclement de gorge de Magnus détourna son attention. Elle se tourna vers son ami. Il avait une mine déconfite, et elle comprit qu'il ne voulait pas répondre. Les autres non plus.
— Je dois savoir, Magnus, c'est très important ! La nature de ses brûlures peut changer ma manière de le soigner !
Sa voix était pressante, inquiète.
Elle avait posé une main sur son bras et le serrait avec insistance.
Ciarán gémit, et tenta de bouger. Neve s'approcha immédiatement, et posa une main sur sa nuque pour l'immobiliser, mais le guerrier continuait de faire rouler les muscles de son dos, cherchant à soulager la douleur.
— Magnus ! insista Neve,
— Du feu grégeois...