Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.18 : La cabane au toit de chaume

Neve était au bord de l'évanouissement. Le froid la paralysait, la faim lui donnait des vertiges, la fatigue l'affaiblissait.
Cavan avançait toujours, aussi solide qu'un roc, comme s'il allait atteindre le bout du monde avant la fin de la journée.
La jeune femme essayait de ne pas se plaindre, mais cela lui pesait de plus en plus. Alors qu'elle était sur le point de lui demander de s'arrêter malgré la pluie, il se dirigea vers une petite cabane, à flanc de colline.
Neve eut envie de pleurer tellement cette image lui procurait du soulagement. Ils pénétrèrent en trombe dans la minuscule bicoque au toit de chaume et aux murs de torchis et claquèrent la porte derrière eux.
Un silence étrange les enveloppa alors, seulement perturbé par le crépitement de la pluie à l'extérieur. Ils restèrent quelques instants sans rien dire, puis se regardèrent avec soulagement.
— Enlève tes vêtements. Je vais faire un feu.
Il joignit le geste à la parole et se dirigea vers le mur du fond où était creusé un trou, pas plus grand qu'un terrier de lapin.
À côté, de petites plaques de tourbe séchées attendaient d'être utilisées. Le guerrier en prit plusieurs et les disposa dans l'âtre avant d'y mettre le feu. Bientôt, l'agréable chaleur qui envahit l'unique pièce, rendit la cabane bien plus chaleureuse.
Neve regarda autour d'elle. L'endroit était assez dépouillé : un lit dans un coin, une petite table à son pied, une chaise et quelques caisses de bois éparpillées ça et là. Il n'y avait pas la place de mettre autre chose de toute façon.
La jeune femme était néanmoins satisfaite. Après avoir passé trois jours à fuir, à dormir n'importe où, elle trouvait cet endroit plus qu'accueillant.
Cavan se releva et s'arrêta devant elle pour l'aider à enlever son manteau, qu'il accrocha à un clou. Le vêtement se mit à goutter le long du mur, et forma une petite rigole qui s'écoula entre les lattes du plancher.
Neve essorait ses cheveux quand il revint vers elle pour enlever les lacets de son corsage.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle, étonnée.
Il évalua la taille des cordons, les noua entre eux pour avoir une cordelette plus longue, et lui sourit avant de se diriger vers la porte.
— Je vais chercher à manger.
Le battant s'était déjà refermé avant que la jeune femme ne réagisse à ses paroles. Elle se demanda un instant comment il pourrait attraper quoi que ce soit avec un simple cordon, puis secoua la tête avant de commencer à se déshabiller.
Elle étendit soigneusement sa robe, ses jupons, et son corsage sur la chaise et les caisses, qu'elle avait rapprochées du feu.
Totalement nue, elle s'agenouilla devant l'âtre, grelottante, pour sécher son corps. Puis elle s'enveloppa dans une des couvertures du lit, et attendit le retour de Cavan.