1.8 : une dernière fois

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Lorsque Magnus poussa la porte, il sentit immédiatement les effluves fleuries et boisées qui flottaient dans l'air.
Il se dirigea vers le fond, là où la pièce formait une petite alcôve, et découvrit Neve sur le dos de Ciarán. Elle lui prodiguait des massages qu'il avait lui-même déjà expérimenté, longtemps auparavant.
Il sourit en comprenant l'état de Cavan.
À la voir ainsi, un homme n'avait qu'une envie : lui sauter dessus, la retourner et la prendre sauvagement. Elle était d'une sensualité inimaginable, et elle ne devait même pas s'en rendre compte, absorbée par sa tâche.
Il se souvenait des longues heures qu'ils avaient passées, tous les deux, à s'enduire mutuellement d'huile. Elle adorait le masser après chaque entraînement, et lui adorait le faire à d'autres moments plus intimes. Leurs ébats n'en étaient que plus enflammés.
Ces souvenirs étaient encore frais dans son esprit, comme s'il l'avait caressée hier seulement. Un nœud de tristesse se forma dans son ventre et il le laissa broyer ses entrailles. Il se punissait depuis tellement longtemps maintenant, qu'il avait l'impression que cette douleur avait toujours fait partie de lui. Il l'avait apprivoisée, en avait fait son cocon. Sa protection contre tout sentiment extérieur. Plus jamais, il ne revivrait cela. Plus jamais, il ne retomberait dans un tel piège.
Neve finit par remarquer sa présence et un sourire accueillant se dessina sur son visage fatigué.
Elle lui tendit les bras et il la souleva pour la poser délicatement au sol. Neve détendit ses jambes avec une grimace. Elle était restée un long moment agenouillée au dessus de Ciarán et ses muscles protestaient, maintenant.
— Merci, murmura-t-elle avec soulagement à son ami.
Magnus posa ses armes sur le petit meuble où était alignés les fioles de la jeune femme.
— Comment va-t-il ?
Neve haussa les épaules.
— C'est difficile à dire...
Elle observa le malade avant de continuer :
— Il est fiévreux, mais je pense que la fièvre va bientôt diminuer.
Magnus hocha la tête.
— Par contre, son dos...
— Il gardera des cicatrices, finit Magnus.
Neve secoua la tête, désemparée.
— Oh Magnus, ce sera pire que ça. Son dos restera ravagé. Sa peau mettra des semaines à cicatriser, et il lui faudra des mois avant de pouvoir l'exposer à l'air libre. Quoiqu'il en soit, les traces de brûlures resteront, je ne pourrais rien faire contre cela.
Magnus hocha de nouveau la tête.
— Tu as fait ce que tu as pu, Neve, fit-il d'une voix douce. Tant qu'il reste en vie, le reste importe peu...
La jeune femme lui adressa un sourire triste.
Le guerrier sentit ses entrailles se nouer.
Une dernière fois, pensa-t-il.
Il leva une main et caressa la joue satinée de Neve.
Cette dernière leva les yeux vers lui, et Magnus put y lire le même désir dans son regard.
Son cœur battait la chamade. Il repoussa la petite voix qui le mettait en garde contre ses envies, et il se pencha vers ses lèvres.
Neve ferma les yeux et poussa un soupir dont son ancien amant se délecta.
Cela faisait si longtemps...
Sa bouche effleura le doux renflement des lèvres de la jeune femme, qui s'accrocha à ses épaules avec insistance. Elle sentit sa peau se réchauffer brusquement au contact du corps musclé du guerrier. Elle entrouvrit la bouche pour goûter ses lèvres à son tour et l'entendit pousser un gémissement rauque.
Il referma ses bras autour de son corps pour la presser contre lui et intensifia son baiser.
Sans fausse pudeur, la jeune femme passa sa langue dans l'ouverture de ses lèvres, ce qui provoqua un raz de marée chez Magnus.
Les sens en ébullition, il la plaqua contre le mur et posa les mains sous ses fesses pour la coller un peu plus à son corps. Lorsque Neve sentit son désir vibrer contre son ventre, une fièvre insatiable se déchaina en elle et elle entoura sa tête de ses bras pour le serrer plus fort encore.
Sa langue fouillait sa bouche, la caressait, la redécouvrait avec avidité. Neve sentit ses jambes ployer. Si Magnus ne l'avait pas tenu, elle se serait effondrée. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, prêt à exploser, diffusant une chaleur intense dans tous ses membres jusque dans son bas-ventre.
La jeune femme enroula sa langue autour de celle de son amant, l'effleura avec une lenteur lascive. Un gémissement rauque sortit de la gorge du guerrier, exalté par la passion inassouvie qui resurgissait entre eux après tant d'années.
Elle savait ce que cela voulait dire. Elle savait ce qui allait arriver, elle l'avait déjà vécu. Ils l'avaient déjà vécu. Et cela avait failli causer leur perte.
Magnus reprit ses esprit en même temps qu'elle, et s'arracha à la caresse de sa bouche. Il s'écarta de quelques millimètres à peine, essoufflé.
Neve ouvrit des yeux plein de langueur et respira son haleine chaude dont elle connaissait si bien la saveur. Magnus déglutit péniblement, essayant de résister à la tentation de recommencer.
Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration, le visage de la jeune femme serré contre lui.
— Neve... murmura-t-il tendrement. Il faut...
La jeune femme le serra contre elle à lui faire mal, et étouffa un sanglot contre son épaule.
— Je sais...

Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant