Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.3 : sur le départ

Brogan regarda Lochlainn et Doyle se fondre dans l'obscurité. Il croisa mentalement les doigts pour que tout se passe sans encombre. Avec un peu de chance, ils se retrouveraient tous bientôt.
Il continua de sangler son cheval, et profita du clair de lune pour remettre ses affaires en place.
Un cheval piaffa.
Daron attendait le signal du départ, adossé contre un chêne. Il n'avait pas protesté quand il leur avait dit qu'ils devaient se séparer et partir chacun de leur côté. Il ne protestait d'ailleurs jamais.
Il suivait la marche, obéissait, et restait silencieux. C'était ce qu'il savait faire de mieux. Il distingua une vague lueur grise sous les frondaisons avant que ses compagnons ne disparaissent totalement. Il ne se faisait pas de soucis, Lochlainn et Doyle étaient des durs à cuire. Il y avait peu de chance qu'ils se fassent prendre, pour peu qu'ils sachent rester discrets.
Daron jeta un coup d'œil vers la maison, d'où provenaient des éclats de voix.
Magnus avait dû expliquer à la guérisseuse ce qu'il en était de la situation, maintenant. Mais elle ne semblait pas vouloir partir.
— Je ne te laisserai pas ici, Neve !
Magnus était furieux.
Pour la première fois depuis des années, elle le voyait en colère.
— Je ne veux pas partir ! Ma maison est ici !
Magnus faisait les cent pas devant elle, comme un lion en cage.
— La situation s'est compliquée, Neve. Ils ont eu Cavan et on ne sait pas ce qu'il a pu dire... Ta vie est peut-être en danger.
La jeune femme soupira. L'évocation du guerrier disparu faisait resurgir la boule d'angoisse qu'elle avait réussi à contenir jusqu'à présent.
— Je n'ai pas envie de partir, murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour Magnus.
Le guerrier lui releva le menton et planta ses yeux dans les siens.
— Je ne te laisserai pas ici, Neve, déclara-t-il sans détour. S'il faut que je t'attache, je le ferai...
La jeune femme fut surprise par le ton sans concession de son compagnon.
Jamais, auparavant, elle ne l'avait vu aussi intransigeant et ferme.
Ciarán les interrompit en passant devant eux, sans un mot. Il avait revêtu une chemise de lin, qu'il gardait lâche. Pour le protéger, Neve avait envelopper la totalité de son dos avec des bandages imprégnés d'onguent, qui devraient permettre à ses blessures de ne pas s'aggraver pendant le voyage.
Le jeune homme paraissait éprouvé par les évènements.
Magnus attendit qu'il s'en aille, puis se tourna vers la jeune femme.
— Prépare tes affaires, on s'en va.
Sans lui laisser le temps de protester, il s'éloigna pour rejoindre Brogan.