Chapitre 6 - Eden

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Quand Amir s'est effondré devant nous, je n'ai rien dit.  J'étais incapable de dire quoi que ce soit, trop choqué par les événements, tout comme les autres d'ailleurs. Deux personnes derrière nous se sont avancées, je les connaissais vaguement, Allie et Sirius. Ils sont dans mon lycée, et j'ai déjà parlé à Allie plusieurs fois ; nous avons les mêmes amis.
Un garçon à lunettes, Malo je crois, s'est également rapproché de nous. Et Rose fut la première à se faire entendre. Elle a hurlé, aussi fort qu'elle a pu. Ce fut un cri long, et insupportable, mais à la hauteur de notre peur à tous. Visiblement, elle le connaissait bien, puisqu'elle secouait la tête totalement paniquée, et sanglotante.  Mais personne ne bougeait. Nous fixions juste le corps sans vie, sans réellement comprendre. Amir avait-il trop bu ?
Puis, on a commencé à entendre du bruit. Les invités derrière la baie vitrée  nous regardaient en chuchotant. Ils avaient l'air d'avoir peur.
Nous nous regardons en silence. Que se passe t-il ? Pourquoi tous ces gens nous regardent- ils ainsi ?

 Ce fut encore une fois Rose, qui brisa ce second silence. Elle a sûrement remarqué notre incompréhension, et elle ouvre simplement la bouche pour déclarer, sans aucune expression :

- Si vous n'aviez pas compris la situation, on est cinq adolescents devant un corps sans vie. Et les autres, de l'autre côté, pensent sûrement qu'on a tué Amir.

- Et alors, je proteste, on ne l'a pas fait !

- Oui, argumente t-elle, mais il n'y a aucun témoin pour affirmer le contraire. Ils sont des dizaines à pouvoir dire aux policiers que c'est nous.

- Les policiers ?, s'exclame Malo, pourquoi on devrait avoir affaire aux policiers ?

- Peut-être parce-qu'Amir est mort, chuchote Allie en tremblotant.

Je commence à avoir réellement peur. Pitié que...Non. Personne ne peut rien prouver...A moins que...Les témoins sont tous persuadé que j'ai tué ce mec. Que vaut ma parole contre des dizaines d'autres, surtout si je suis le coupable ?
Sirius,quant à lui, ne prononce pas un mot. Mais c'est exactement l'opinion que je me faisais de lui, et bien avant cette soirée.

- Alors on est les premiers suspects ?, demande Allie

- Oui, c'est plutôt bien résumé, confirme Rose.

C'est à ce moment que tout le monde commence à paniquer. Rose s'est enfin agenouillée à côté de Amir et tente sans conviction de le réanimer. Allie, elle parle toute seule en se touchant les cheveux, et Sirius et Malo fixent une le sol, en pleine réflexion.
Quant à moi, je ne réalise pas. Qu'est ce qu'il va nous arriver ? Allons nous avoir des problèmes ? D'un autre côté, c'est stupide de penser le contraire. Evidemment qu'on va nous interroger, évidemment que nous sommes pour l'instant les meurtriers d'Amir. Mais c'est le métier des policiers, non, de découvrir la vérité ? Oui, mais pas quand celle ci est évidente. Et c'est parfaitement évident pour tout le monde que nous sommes les coupables. 

Personne ne bouge de l'autre côté de la baie vitrée. Quelques invités tapent frénétiquement sur leur portable, et les autres se contentent d'ouvrir de grands yeux, sans prendre la peine de bouger. 

De notre côté, Rose  perdu espoir et a cessé d'essayer de réanimer Amir. Il faut se rendre à l'évidence : son cousin est mort. Elle est agenouillée près du corps, et le fixe, le regard sans vie.

Nous attendons ce qui me semble être une éternité, sans bouger et sans parler. Mais quelques minutes plus tard, des voix commencent à chuchoter et je comprends qu'il y a enfin du nouveau.

- Y'a du mouvement de l'autre côté.

Je tourne la tête, sans réagir. Sirius répète sa phrase et là, je lève la tête. Rose recule, méfiante. Deux hommes de police sortent alors dans le jardin. Ils ont un uniforme classique, et des pistolets accrochés à leur ceinture. Même si je me doute qu'il ne s'en serviront pas, leur expression sévère me provoque des frissons. 

Cluedo 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant