Chapitre 32 - Allie

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Lentement, très lentement, je commence à comprendre. Collègue...Sirius a t-il vraiment eu une relation quelle qu'elle soit avec Sacha ? Nous nous tournons tous vers lui, avides de réponses. Lui se tait. J'ai brusquement envie de le secouer, de lui hurler de tout nous dire mais je n'en ai pas la force. J'ai peut-être peur de découvrir la vérité au fond.

Sacha, lui, rigole doucement. Il doit bien se délecter de nous voir ainsi perdus. Evidemment puisqu'il sait tout. Nous n'avons plus aucunes menace, plus aucun élément contre lui. Il nous contrôle et cela depuis le tout début de cette affaire.

 - Alors ? Qu'est-ce-que tu attends ? Tu n'avais pas prévu ça, pas vrai ? Tu pensais avoir le temps de leur avouer toi-même. Mais maintenant, c'est trop tard Sirius. Tu savais que je me vengerai. Tu savais que tu ne serais pas tranquille. Jouer un double jeu c'est toute une organisation que tu n'as visiblement pas.
-La ferme.

Et il repart de plus belle dans son rire narquois. C'en est de trop pour Eden qui secoue violemment Sirius par les épaules :

-Mais tu vas nous dire ce qui ne va pas ?! J'espère que j'ai eu raison de t'accorder autant de ma confiance, vraiment, je l'espère. Mais dis nous, bon dieu, dis nous pourquoi ce malade t'appelle collègue.

Voyant que Sirius ne parle toujours pas, Eden se tourne vers Sacha pour avoir une réponse. Mais bien évidemment, ce dernier hausse les épaules, toujours un petit sourire au coin des lèvres.
Eden soupire et s'assoit sur un banc contre un mur de la petite ruelle.

-Je ne voulais pas faire ça.
-Faire quoi, mais faire quoi Sirius ?!

J'ai perdu le contrôle. Sirius me regarde, effrayé. Il a peur, peur qu'on s'énerve, qu'on lui en veuille. Et de ce fait, je n'ose pas imaginer ce qu'il a pu nous faire.

-Je, je fais et j'ai toujours fait partie du groupe Blood Murder. Et je n'ai pas refusé leur contrat en réalité...j'y ai adhéré.

Je me laisse tomber sur le banc, choquée.Mais comment est-ce possible ? Comment ai-je pu me tromper à ce point sur lui ? Comment ai-je pu lui accorder ma confiance ? Comment ai-je pu tomber amoureuse de...notre ennemi ?

-Ce n'est pas tout, attendez de voir la suite. Il savait parfaitement qu'Amir allait mourir.

Je regarde avec tristesse le garçon que j'aime. C'est comme si des milliers de petites aiguilles me transperçaient le cœur. J'ai l'impression d'être trahie. Mais comment, oui,comment a t-il pu nous faire ça ? Comment peut-il être du côté de ces malades ? Pourquoi est-il resté avec nous tout ce temps si il faisait parti du complot ?

- Je ne savais pas précisément que c'était lui qui allait mourir.
- Non, mais que quelqu'un allait être tué, ça, tu le savais Sirius. Ne sois pas de mauvaise fois.
- Je... Je suis entré dans le groupe pour les mêmes raisons que Kévin. Et puis... C'est devenu comme une drogue pour moi. J'avais besoin de participer à ces missions, j'avais besoin de me sentir exister, d'être vivant. Alors je suis devenu un membre actif. Jusqu'à cette mission. J'avais jamais tué, ni même blessé personne, je vous le promets. Je préférais fermer les yeux sur ces actions, et me convaincre que c'était nécessaire. Et puis Sacha m'a demandé d'aller à cette soirée. J'avais quelques consignes, plutôt floues. Un ado allait mourir, trois jeunes allaient être accusés. Je devais faire en sorte de me trouver parmi eux et je devais vous surveiller pendant quelques jours. Ensuite, on me sortirait de cette affaire.
- C'est pas ce que t'as fait, remarque Malo, d'abord, on était quatre jeunes. Et ensuite, t'es resté avec nous  pendant plusieurs semaines. T'as changé de mission ou quoi ?
- Non, ricane Sacha, il a simplement décidé de vous aider, à croire que vous faisiez vraiment pitié...Et puis il et tombé amoureux de toi, dit-il en me désignant, alors pour sauver ce beeel amour il a joué un double jeu. Bien sur, il ne vous a jamais dit qu'il savait qui avait organisé cette mission...
- Parce-que c'est la vérité. Je ne sais pas qui est J.
- Oui, mais moi je le sais et tu sais qui je suis. Avoue simplement que ton plan était foireux. Alors maintenant c'est à toi de choisir, soit tu reviens  et il est encore temps, crois moi. Soit tu restes avec les perdants, qui, à tous les coups ne te pardonneront jamais. Mais bon, j'ai à faire. Fais moi savoir si tu veux revenir, il se tourne vers nous, à bientôt! Je pense que J va bientôt vous donner de ses nouvelles, lui aussi.

Il rabat sa capuche sur son crâne, et s'éloigne dans la pénombre. Sirius nous fixe, attendant que chacun d'entre nous parle. J'aimerai vraiment lui pardonner. Mais comment oublier qu'il a trahi chacun d'entre nous ? Il aurait pu avertir que quelqu'un allait mourir et au pire nous dire qu'il savait qui était à l'origine de tout ça. Mais il a choisi les deux camps en même temps et ça ne lui a fait que du tort.

-On ne va pas te pardonner, tu sais, commence Eden. Est-ce-que tu sais à quel point on est déçu, plus que choqué ? J'avais confiance en toi, on avait tous confiance en toi. On croyait vivre le même drame que toi, mais non, tu étais au courant depuis le début. J'aurai préféré que tu dégages de la bande tout de suite. Pour ne pas ressentir cette culpabilité, pour ne pas me dire que j'ai échoué, que j'ai accordé ma confiance à un traître.
- Je suis de votre côté.
- Non, non, tu ne l'es pas, je poursuis, si tu l'étais tu nous aurais dit dès le début que tu savais que Sacha existait. Tu nous aurais clairement exposé les raisons de ta présence. Et là, peut-être qu'on t'aurait pardonné de t'être tu alors que tu savais pour le meurtre. Mais aujourd'hui, c'est une double faute que tu as commis, et ça, on ne peut pas te le pardonner.

Il tente de parler, mais se ravise aussitôt comprenant que d'autres explications ne changeraient rien.

-Je ne crois pas qu'on ai d'autres choses à te dire, maintenant.
-Alors qu'est ce qu'on fait ?
- ON ne fait rien, souligne Eden. Rose, Allie, Malo et moi allons trouver l'identité de J, et toi, tu vas nous laisser tranquille, définitivement.
- Rose n'est même pas là, marmonne Sirius.
- Si c'est un sous-entendu, dis nous immédiatement où elle est !
- Je vous jure que je ne sais pas ce qu'elle a.

Eden hoche la tête et tourne les talons, suivi de Malo. Ils s'éloignent dans la ruelle tandis que je reste seule avec Sirius. J'ai un mouvement de recul. Celui qui me paraissait avant comme le garçon parfait m'effraie. Il s'essuie la joue et je devine qu'une larme y coule.
Je m'apprête à m'éloigner à mon tour mais une main m'attrape le bras et me retient en arrière.

- Lâche moi.
- Non.
- Lâche moi. Tu me fais peur Sirius, j'ai plus envie de parler avec toi.
- Je sais bien. Pourtant il faut qu'on parle. 

Je soupire et me résous à le regarder. Après tout, si il devait me tuer, il l'aurait fait avant. Je ne pense pas que je cours un réel danger en discutant simplement avec lui.

-D'accord, mais deux minutes seulement.
-Je comptais pas te faire de mal, tu sais. J'ai jamais eu envie de vous tuer, toi et les autres.
- Je sais. Mais laisser Amir se faire assassiner ça tu en avais l'intention.
- Je ne savais pas qui ça serait, je te l'ai déjà dit.
- Ouais, c'est sur que ça te fait une belle excuse, hein ?
- Tu dois me croire. Je suis de votre côté depuis le début.
- Non, c'est faux. Si tu l'étais vraiment, tu nous aurais aidés, tu nous aurais dit qui tu étais vraiment, tu nous aurais montré Sacha.
- Je l'ai fait.
- Oui, mais quelques semaines plus tard. Tu te rends compte de toutes les actions inutiles qu'on a faites ? Tu te rends compte de ce qu'on aurait pu faire si on avait su ? Et au lieu de ça, tu nous regardais nous éloigner de la vérité, chaque jour un peu plus. Tout ça pour te protéger, toi et toi seul. Et puis tant qu'on y est, je suppose aussi que tu m'as embrassée pour pouvoir te fondre un peu plus dans le groupe ? Tu me dégoûte.
- Je... Je voulais pas faire ça.
- De quoi ? M'embrasser ?
- Non, non Allie, pas ça ! 

Je pars à mon tour sans écouter la suite. Encore une fois, ce n'était pas réel. Je savais bien qu'il ne m'aimait pas vraiment et qu'il finirait par m'abandonner comme tous les autres. C'est tellement plus facile après-tout. Je l'entends qui m'appelle mais j'ai juste envie de le gifler. Les larmes coulent abondamment sur mon visage. Il est le premier garçon que j'ai aimé et je croyais tant que c'était réciproque. Apparemment pas et je ne suis même pas surprise.


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