Chapitre 4

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Tout était si étrange ; j'avais l'impression de reconnaître cet endroit...ce placard... cette chambre... et toute cette poussière qui me passait devant les yeux à chaque pas que je faisais... oui... il y avait... quelque chose... mais... pourquoi... pourquoi voyais-je si clairement ?

Et surtout, pourquoi marchais-je accroupi ? Je tentai de me redresser, mais après que ma tête se soit éloignée du sol, je fus la proie d'un fort déséquilibre et, partant en avant, je m'écrasai contre la porte qui céda sous mon poids.


Soudain, j'entendis un tintement retentir ; ça venait d'en bas. Je tentais alors de me relever, mais rien à faire ; j'arrivais à peine à garder l'équilibre sur mes jambes arquées. Je me tins alors contre le mur,toujours à regarder devant moi, mais mon cou commença à me faire mal et, retombant sur mes quatre membres, j'eus l'impression que la douleur s'en allait. Je continuai alors mon avancée vers l'escalier,les vieilles planches de sapin humide, emplissant mes sens de leur odeur forte et entêtante ainsi que du bruit horriblement assourdissant de leurs grincements.


Une fois devant l'escalier ; une lumière brûlait en bas. La tentation de descendre pour aller voir était forte, mais je ne savais même pas comment j'allais pouvoir descendre dans mon état...

À ce moment,j'entendis quelque chose gémir derrière-moi... je détournai donc la tête dans cette direction et me mis à marcher vers la source de ce bruit. Lentement, dans l'espoir de faire taire les couinements incessants de ce maudit plancher, j'avançai jusqu'à voir une petite porte fermée... par réflexe, je collai mon nez en dessous et inspirai rapidement l'air.. tentant tant bien que mal de trouver quelque chose ; plusieurs hoquets se firent alors entendre.

Ces quelques gémissements me rendirent comme fou et, intéressé au plus haut point, je me plaquai contre le sol pour voir ce qui se trouvait à l'intérieur.


VLAM


Alerté, je me redressai immédiatement, la tête tournée vers le bas de l'escalier, immobile.


Une voix avinée contre laquelle je ne pu ressentir que de la haine se mis alors à beugler quelque chose d'incompréhensible. Je revins rapidement vers le pallier et vis quelque chose tituber pathétiquement en bas...C'est alors que, sorti de nulle part, un grondement sourd, presque inaudible, parvint à mes oreilles.

J'allais me retourner pour en trouver l'origine, mais j'entendis bientôt des bruits de pas venir des marches et décidai alors de retourner quelque peu sur mes pas.


Je voulais savoir... voir quelle était cette chose qui bougeait si bizarrement et dont les pas lourds sur les vieilles planches me sciaient déjà les tympans.

Une fois en haut,cette chose trébucha et s'écrasa contre la porte qui m'avait intéressé juste avant... ce drôle d'animal était aussi intéressé... par ce qu'il y avait derrière... la porte ?

Elle aussi semblait vouloir faire couiner ce qui était derrière... et elle émettait des sons étranges... entre un grognement et un gémissement ;je m'approchai lentement... sans bruit... je ne m'entendais plus approcher...

Mais cette chose nonplus ne semblait rien remarquer... et elle faisait des bruits encore plus étranges... puis, elle sortit quelque chose de brillant l'enfonça dans le bois ; les pleurs redoublèrent.


Clac


la portes'entrouvrit et au moment où il commença à la pousser, des cris aigus et plaintifs se firent entendre ; je ne pus me retenir.

Je m'élançai vers la chose qui, au moment où je la plaquai au sol, se mit à hurler comme un porc. Ça me brisait les oreilles et, tout à coup, quelque chose... une odeur, me fit me lécher les lèvres ; quelque chose de ferreux.... quelque chose qui, quand je le vis, me parut si..... nouveau... si... envoûtant... et ça venait de cette chose noir et grise...

J'approchai ma tête,sentant le parfum qui s'en dégageait et, après plusieurs secondes à m'enivrer de son odeur, je ne pus me retenir d'y goûter.

J'aurai rêvé de prolonger ce moment, mais la quantité était bien trop petite et,après deux coups de langue, l'odeur s'en alla et ne laissa plus que les cris suraigus que poussait cette ignoble chose !


- « ASSEZ ! »lui aboyai-je, mais elle ne fit que continuer ! « MAIS TU VAS TE LA FERMER !!! » rugis-je dans l'espoir qu'elle se la ferme, mais rien à faire. Je voulu alors lui reparler mais soudain, le goût acide et ferreux emplit ma bouche et, trop content de le retrouver, j'en avalai des gorgées entières ! Quel fumet ! Quel parfum ! Quel arôme ! Mais à chaque fois que le liquide venait à manquer, les cris douloureux à mes oreilles revenaient ! Alors je me servis à nouveau... et encore, et encore, et encore, et encore... ! Je n'en avais jamais assez !!!

Jamais....JAMAIS !!!


- « plus... »ronronnai-je en léchant les flaques qui courait le long des sillons boisés. Mais encore une fois, tout me manqua... « ...plus... »gémis-je alors, en relevant la tête de mon festin ; des pleurs vinrent à mes oreilles. « plus... » murmurai-je en poussant la porte.


- « je...veux...plus... »murmurai-je avant de sentir encore une fois cette odeur délicieuse dans mon nez... ça me rendait fou... j'en voulais... encore...encore... encore... ENCORE !!! cette chose rouge qui sentait si désespérément bon, cette chose qui me faisait trembler des pieds à la tête, cette chose qui s'épuisait bien trop vite !

J'en cherchai encore plus... fouillant chaque partie de cette chose... chaque partie pouvant me donner ce nectar si délicat et étrangement plus sucré que le précédent... mais cette amertume ! Cette texture collante et les petits fils que je tirais de es dents pour mieux en aspirer l'intérieur...

la chair qui venait par lambeaux avec, les gémissements d'agonie qui persistaient...


C'est bon...n'est-ce pas... Konstantin... ?


- « AAHHHH !!! »hurlai-je en me redressant. J'avais le souffle court et je sentais un torrent glacé me couler tout le long du corps puis, un haut le cœur me submergea. Je partis en courant vers les toilettes et y vidais tout les contenu de mon estomac. Ça pouvait pas... je pouvais pas...j'avais déjà fait l'erreur... plus... plus jamais...


- « Konstantin ?! »appela une voix inquiète derrière moi. « Qu'est-ce quit'arrive ? » demanda-t-elle, en m'attrapant par les épaules


- « j..j... » bégayai-je, mes mains serrant la céramique de toutes mes forces.


- « S'il-te-paît !Dis-moi ce qui ne va pas ! » implora-t-elle en prenant mon visage entre ses deux mains. Elle m'obligea à la regarder, mais les larmes qui me montaient aux yeux m'en empêchaient !

Je me jetai alors dans ces bras, mais le souvenir de cette nuit là me revint quand sa gorge me fut visible. Je voulus alors m'enfuir... pour la protéger...les protéger... mais des bras d'une puissance incroyable me retinrent.


- « Net'inquiète pas... » murmura-t-elle en passant une main dans mes cheveux. « ne t'en fais pas... » continua-t-elle enserrant sa tête contre la mienne.


- « Désolé... »murmurai-je encore et encore entre deux sanglots. « Je...voulais pas... » continuai-je, mon souffle court. « je m'énerverai plus... j-je veux plus !! » hurlai-je, mon visage enfoui dans le creux de son cou.



- « C'est rien... là... je suis là... je serais toujours là... »murmura-t-elle en me serrant encore plus fort contre elle. Pourquoi ?Pourquoi avais-je à lui mentir sur autant de points pour qu'elle reste ?

lectrice & Laughing Jack : arc 4 AgnosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant