Chapitre 12

458 65 42
                                    

- « Allez maman ! Dépêches-toi ! Allez !Allez ! Alleeeeeez ! » appela une voix enfantine non loin de moi.


- « Oui, oui.... j'arrive de suite . »lui répondis sa mère sur un ton tout aussi joyeux.


- « Oui, je viens te prendre à l'aéroport... ne t'inquiète pas, j'ai tout ce qui faut pour le réveillon ! »dit un homme en riant au téléphone.


- « Allez papa, on y est presque... tu vas voir, on a totalement rénové le restaurant... » racontait une femme au bras d'un vieil homme courbé mais souriant.


- « Et bien ? Qu'est-ce qu'on attend alors ?! »s'exclama-t-il en accélérant le pas ; je ne parvins pas à sourire. Toute cette bonne humeur, ces lumières bariolées et chatoyantes... les bras pris par nombres de paquets dépareillés,les gens se dépêchaient de rentrer chez eu, au chaud, avec leurs proches... sans doute se réuniraient-ils devant de bons petits plats ou même des ratés dont, par le rire, ils se souviendront pour longtemps... voire pour toute la vie...


Moi, ma mère ne m'a jamais offert quoi que ce soit de compliqué,et je ne l'en aime pas moins!


'Quelle idée...' pensai-je en remontant ma cape sur mon nez. Les rues étaient à présent presque vide et, seule au milieu des réverbères enneigés, assise sous la statue de celui qui était comme un père, je contemplais d'un œil absent le vide du manteau neigeux qui ne cessait de croître.

Soudain, brisant le silence, des éclats de rires retentir et, après le passage interminable de quelques silhouettes enjouées, je retrouvai le calme, le silence... mes regrets...

Inconsciemment, j'ouvris l'étui à guitare qui se trouvai à mes pieds et, lentement, je sorti l'instrument que je calai entre mes bras... ça faisait si longtemps que je n'avais pas joué... mais je me souvenais avoir plus d'une fois été apaisée par l'action seule de gratter quelques accords...

Je plaçai mes doigts gelés et hésitants sur les cordes puis, du bout de mes ongles, je tentai un accord dont je pensais me souvenir ;fausse note.


J'essayai autre chose ; un son ignoble sorti.


Je retentai ma chance ; on aurait dit un chat égorgé.


Encore et encore, je renouvelai mes essais mais, à chaque fois, cessons étaient semblables à des hurlements de douleurs ou à des cris d'animaux en détresse...


-« FAIT CHIER ! » vociférai-je en jetant l'instrument au hasard dans la neige. Rien n'avait changé, aucun de mes soucis n'avait été oublié ! Pas un seul regret n'avait été apaisé !

« C'est pas possible... » gémis-je, mon visage enfoui entre mes mains.


Tu ne devrais pas te focaliser autant sur ce 'cadeau parfait'...


Pourquoi n'avais-je pas suivi son conseil ? Pourquoi n'avais-je pas fait comme les années précédente ? Pourquoi ne pouvais-je me contenter de lui offrir quelque chose de plus simple... ?


Mais c'était trop tard maintenant : la maison avait brûlé...mon fils avait disparu... et j'avais laissé Kontantin entre les mains de mon ex, soit un clown psychopathe, et de mon 'père de cœur'qui ne lui laisserait sans doute passer aucune faiblesse.... 'Et tout ça... TOUT ÇA..' je me levai prestement et, le pas furieux, j'allai jusqu'à l'instrument, l'agrippai violemment et, au moment où j'allai le fracasser au sol, je m'effondrai en sanglots.

lectrice & Laughing Jack : arc 4 AgnosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant