Améthys saison 1 _ Le Fardeau I (Terminée)

Chapitre 39

QUELQU'UN TOUSSE. Mes paupières sont lourdes que j'ai du mal à ouvrir les yeux. Je vois flou, j'ai la tête qui tourne. Je reste assise le temps que je reprenne mes esprits. Le Commandor qui nous donne notre mission, le technicien qui nous fait entrer dans le vaisseau. Le voyage pour Tétra. Mes souvenirs me reviennent.

Je regarde par la portière de la capsule qui est ouverte. Flame n'est pas dans son siège, mais j'entends tousser. Camille avait dit que si on ne prenait pas le sérum d'adaptation, on avait des sensations de suffocation et des hallucinations. Je retire la barrière de protection, et récupère mon sac et mon épée.

Dehors, il fait un peu sombre. Bientôt, il fera nuit. Nous sommes près d'un cours d'eau, encerclés par des arbres gigantesques. J'aperçois même le parachute du vaisseau recouvrir les feuilles d'arbres. Nous devons être en pleine jungle. Je saute de la capsule, l'eau m'arrive à la cheville. Flame est accroupi sur la rive où des roches grisâtres scintillent. Il a retiré sa veste, il ne cesse de tousser et sue. Il doit subir les effets du changement d'atmosphère. Moi, mon corps a dû s'adapter sans que je m'en rende compte.

Je dépose mes affaires et me penche vers lui. Je pose mes mains sur son visage et redresse sa tête. Ses yeux sont rouges et contiennent des larmes. Je les essuie.

― Ça va aller, dis-je, détends-toi. (Je le regarde dans les yeux, pour aider ses cellules à s'adapter. Les battements de son cœur deviennent de nouveau réguliers. Il reprend une respiration normale et arrête de tousser.) Tu te sens mieux ?

Il baisse sa tête sur mon épaule, met ses bras derrière mes hanches et me serre contre lui. C'est moi qui ai l'impression d'avoir du mal à respirer maintenant. Nous restons un moment ainsi avant qu'il ne s'écarte.

― Et toi ça va ? me demande-t-il.

― Oui, pas de soucis, mon corps n'a pas souffert. (Il regarde sa montre.)

― Il est 18 heures 47... Nous avons atterri il y a deux heures. J'ai repris conscience, il doit y avoir une trentaine de minutes. Je ne m'attendais pas à ce qu'on nous asphyxie. Ce soir, nous ne pourrons pas nous aventurer dans cette jungle pour retrouver les autres.

― Retrouver les autres ?

― Oui, je veux rejoindre Pan... je pense qu'à plusieurs, nous pourrons mieux nous en sortir... Mélik, Atlas, et Océane, je ne suis pas sûre de les retrouver... ils sont dans des zones différentes... je ne sais même pas si je pourrais les localiser en plus. Nous pouvons repérer les étudiants, mais pouvons-nous les identifier ? Passons la nuit dans la capsule et demain à l'aube nous commencerons la mission. Ok ?

― Ok.

Il se dirige vers la forêt.

― Où vas-tu ? demandé-je.

― Uriner.

― Moi aussi j'en ai besoin... tu peux revenir dans dix minutes ?

― Ok.

Il fait nuit, quand Flame arrive. Je suis assise dans la capsule et observe le ciel. Les deux lunes ne sont pas aussi grosses que sur Cirth d'ici. Je vois juste deux petites boules parallèles violettes.

Je regarde ma montre et essaie de comprendre comment utiliser le micro-ordinateur. Si Camille était là, elle aurait compris tout de suite. Flame se cogne encore la tête. Je souris.

― Fais attention, je fais 167 centimètres et cette capsule doit faire 167 centimètres et 5 millimètres. Tu mesures combien ?

― 184... Mais je me demande comment ce géant de Lorgan, qui était devant nous, a fait pour entrer dans cette capsule. Il doit dépasser les 2 mètres. Pan aussi a dû avoir du souci.

Je glousse.

― Je n'arrive pas à utiliser cette montre... J'aimerai bien voir la carte pour savoir où nous sommes. Ton père a dit qu'il serait difficile de savoir où nous allions atterrir... alors il se pourrait que nous ne soyons pas dans la zone rouge.

― S'il te plaît ne fait pas allusion à mon père, je ne l'aime pas, et nous n'avons pas une relation de père et de fils. Emploie plutôt « Commandor » si tu veux le désigner.

― Pardon, je le ferais.

Flame fixe sa montre, il joue avec les boutons puis l'hologramme d'un écran apparaît. La carte de Dagfirnn s'affiche. Il bouge l'écran avec ses doigts, l'agrandit jusqu'à trouver deux points bleus.

― Nous sommes ici... Ninuit Forest... et je crois... que nous sommes loin de la Space Gate 4. (Il rétrécit la carte.)

Dans ma tête, je me remémore les différentes zones, au nord-ouest la zone rouge, au sud-ouest, la jaune, au sud-est la noire et au nord-ouest la verte.

― Nous sommes à la frontière de la zone jaune, dis-je.

― Ouais... Regarde, la plupart des étudiants sont concentrés au centre de la carte. Un peu normal, ils veulent nous faire traverser un pays qui fait 10 fois Elmeraldia.

― Alors... demain tu veux que nous nous dirigions vers le centre ?

― Oui, mais tout en nous approchant de la zone rouge... J'ai plus de chance de retrouver Pan que les autres... Je me dirigerai vers son odeur. Les points jaunes représentent les Space Gate. Ils sont vraiment situés aux extrémités des zones... Nous perdrons du temps à les rechercher. J'espère que ça ne t'embête pas... Tes amis, tu aurais peut-être aimé les revoir eux aussi...

― Je m'inquiète juste pour Phil... c'est un sans pouvoir... Même si Maeglin est ami avec Éiole, je ne suis pas certaine qu'il traine un fardeau. Mais, il était mieux classé que moi au test du choix... Alors je base mes espoirs là-dessus.

Soudain, j'entends des grognements. Je regarde vers la portière et utilise ma clairvoyance.

― Qu'est-ce qu'il y a ?

― Il y a des espèces de loups géants... Ils sont encore loin mais on dirait qu'ils se dirigent par ici... il faut éteindre la lumière.

Je ferme la portière, Flame éteint la lumière. J'allume la montre pour m'éclairer jusqu'à mon siège. Je m'y allonge et je ferme les yeux. Les hurlements de ces loups m'effraient. Nous ne sommes plus en salle d'entraînement, et j'ai l'impression que les monstres sont différents. Je me concentre sur les battements du cœur de Flame. Ils sont rapides.

― Ça va ? demandé-je.

― Pourquoi ça n'irait pas ?

― Je suis en train d'écouter ton cœur pour ne pas me laisser emporter par ces hurlements. Il bat très vite.

― Je vais bien, t'inquiète ! Tu as faim ?

― Non... Ce voyage m'a noué l'estomac.

― Moi aussi...Nous ferions mieux de dormir, c'est notre dernière nuit, dans un endroit confortable.

― Bonne nuit, Flame.