Améthys saison 1 _ Le Fardeau I (Terminée)

Chapitre 47

       ELRON UTILISE la foudre pour faire exploser le couvercle qui barricade le passage. Dehors, des pierres immenses sculptées de symboles étranges se dévoilent à nos yeux.

― Et maintenant ? demande Elron.

Flame allume sa montre.

― Nous sommes à la frontière de la zone rouge et de la verte. Si ces choses ont trouvé le passage et nous ont suivis, il vaut mieux se tirer tout de suite ! Vers le nord, tout au long de la frontière, il y a une concentration d'étudiants. Ou sinon, vers le nord-est de la zone rouge.

Les élèves se regardent. Nous sommes perdus. Je ressens leur peur. Nous n'avons pas été entraînés pour combattre les créatures qui nous attaquent.

― Laquelle est la plus proche ? finit par demander Elron.

― En suivant la frontière.

― Alors allons-y, dit Elron, (il se tourne vers la rousse et le garçon de petite taille.) Et vous ? Vous nous suivez ? Vous devez vous rendre dans la zone noire, non ?

― Nous vous suivons... pour l'instant nous n'avons pas envie de traîner seuls, répond la fille.

― Je veux savoir quelque chose avant, dit Flame. C'est quoi des infectés ? (Il se tourne vers Océane.) Tu as dit qu'Alrik et Diter étaient devenus des infectés, et votre mission est d'en tuer, non ?

― On nous a dit que les boudjelaihs avaient inventé des monstres qui se multipliaient en se servant de corps humains... Comme ce que vous avez vu... Mais nous, nous avons des infectés précis à abattre ! Je ne pensais pas en rencontrer ici.

Flame plisse les sourcils, comme s'il ne lui faisait pas confiance. Il se tourne vers la rousse. Celle-ci hausse les épaules.

― On nous a demandé d'abattre des infectés avec des colliers. Mais on ne nous a pas montré la créature qui infectait.

― Si vous nous suivez, vous vous retrouverez totalement à l'opposé de votre zone.

― Ce n'est pas grave, dit le petit garçon. Nous n'avons que dix infectés à abattre et j'ai l'impression que c'est la mission la plus simple contrairement à la vôtre.

Flame plisse le front méfiant. Il avance vers moi et me prend la main.

― On s'en va !

Nous courrons tous en suivant la lumière de Flame. Quincy et Doona sont à la traîne. Je les pensais plus robustes. Mais c'est vrai que nous sommes debout depuis plusieurs heures. Je ne pense pas avoir fait autant d'effort de ma vie. Moi aussi, je commence à être épuisée. J'ai beaucoup dormi contrairement aux autres, pourtant, mon estomac est vide et j'ai des crampes. Je m'arrête. Flame se retourne vers moi.

― Ça va ?

― Nous devrions la laisser ici ! Elle va nous faire perdre du temps, crie Océane.

― Si elle n'était pas là, nous serions tous devenus des infectés ! rétorque Elron.

― Ça va aller, dis-je essoufflée, continuez, je vais juste prendre un peu d'eau.

Doona s'assoit dans l'herbe.

― Moi aussi, j'ai besoin de souffler un peu...

― Ceux qui veulent continuer, vous n'avez qu'à le faire, déclare Flame. Nous vous rejoindrons.

― Il vaut mieux rester groupé, dit Elron.

Je bois une gorgée d'eau. Flame prend son sac et retire sa boîte repas. Il l'ouvre et me tend un morceau de viande à la couleur étrange.

― Tiens ! Tu n'as rien avalé depuis hier !

― Merci, dis-je, sans demander de quel animal il s'agit.

Dans les simulations de survie, on devait attaquer des lézards, des chauves-souris, des serpents et pleins d'insectes qu'on n'avait pas l'habitude de manger. La première fois où je me suis retrouvée dans une telle situation, j'ai dû retirer des astigotas (asticots gris vivant dans des arbres) de leur nid et en manger tel quel. Les voir se mouvoir dans ma main a été rebutant. Pourtant, je n'ai pas eu d'autres choix que de les avaler pour terminer la simulation. Et lorsque je me suis réveillée, j'ai renvoyé tout mon déjeuné. 

Je prends une profonde inspiration en contemplant la viande avant de la manger, c'est quand même moins écœurant que les astigotas et ça a l'air plus appétissant. En effet, c'est comme du bœuf mais avec un goût plus corsé.

Flame me tend ensuite une tranche de fruit jaune, c'est doux et sucré. Mes forces me reviennent et mes crampes à l'estomac disparaissent.

Nous reprenons notre chemin jusqu'aux premiers rayons de soleil.

― Faisons une pause, s'écrie la rousse en se laissant tomber.

Tout le monde s'arrête, nous avons beaucoup marché. Je m'allonge dans l'herbe qui est aussi douillette que mon oreiller qui me manque. Je resterai bien comme ceci jusqu'à la fin. Je m'apprête à fermer les yeux et me laisser porter par la fatigue lorsqu'on m'interpelle :

― Améthys, c'est bien ça ton nom ? demande la rouquine.

J'acquiesce.

― Moi, c'est Niniel. T'as quoi comme don pour avoir vu qu'il avait un passage secret et, sentir qu'il y avait des choses ?

― Je ne sais pas, j'ai juste senti.

― Ben, on te doit la vie, merci.

― Je n'ai rien fait d'extraordinaire.

Après la courte pause, nous nous remettons à courir. À huit heures, nous atteignons le sommet d'une colline.

― Wooh ! s'écrie Elron. Le paysage a changé.

Nous pouvons voir une plaine entourée de conifères. Les arbres de la jungle disparaissent peu à peu. Flame allume sa montre et nous indique la direction à suivre. Le sentier devient abrupt. 

Je descends en flottant dans les airs. Les autres courent en s'aidant des arbres pour ralentir leurs pas. Une trentaine de minutes plus tard nous sommes en bas.

― Enfin, s'exclame Niniel, un peu de changement. On dirait les montagnes de Laiths, vous ne trouvez pas ?

― Je n'ai jamais été là-bas, dit Elron.

― Ah oui, c'est vrai... Nous sommes de régions différentes ! Un jour, il faudrait que vous veniez à Isgard ! Y'a plein de jolies montagnes là-bas.

Nous marchons longtemps avant que j'aperçoive une grande muraille.

― La muraille d'Angrod! Le groupement d'élèves devrait se trouver là, dit Flame en regardant la carte. 

Nous courrons jusqu'à la muraille. Des colonnes formant deux rangées parallèles s'ouvrent à nous, comme s'il s'agissait d'une ancienne allée. Tout à coup, le son d'une balle de pistolet retentit et une pierre tombe d'une colonne pour nous bloquer la route.