Chapitre 52

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           LA TEMPÉRATURE a baissé. Nous sommes pourtant de retour dans la jungle. La zone devrait être tempérée. Mais comme nous a appris Hilda, le climat peut augmenter comme il peut chuter d'un coup. Il fait froid et même la chaleur de mon petit brasier devant moi ne suffit pas à me réchauffer.

           J'entends le hululement des hiboux, le son des sauterelles et d'autres insectes encore inconnus. Personne ne parle. Pour ne pas se faire remarquer, il vaut mieux faire le moins de bruit possible. Il est maintenant 23 heures 46, je ressens leur peur, j'entends leur cœur tambouriner à vive allure et soudain, l'odeur du sang parfume l'air. Je m'arrête.

― Quoi ? chuchote Océane.

              J'agrandis mon brasier avec ma main. Nous avançons et rapidement, nous découvrons un corps déchiqueté et empalé sur des lances. Le tissu de ses vêtements est gris. Un étudiant. Niniel et Doona crient. Améthys s'approche de moi et me serre le bras.

                 -Ça... ça ne présage rien de bon, hein? demande Luc. 

― Il vaudrait mieux déguerpir. Il y a encore du sang qui coule, il a été attaqué récemment.

                 J'allume des brasiers entre chacun de nous pour mieux voir. Je saisis la main d'Améthys et nous courons.

          Brusquement, des arbres et des feuilles se mettent à tomber de chaque côté.

― Ah ! Qu'est-ce que c'est ? crie Niniel.

― Ne t'arrête pas ! Cours, lui crie Elron.

        Il lance de la foudre tout autour de nous. Nous entendons des hurlements et des rugissements comme ceux de tigres enragés.

       Je lance un brasier sur ma gauche, aussitôtle feu ravage les arbres. Mais une créature jaillit des flammes. Indemne.Insensible à la chaleur, elle  nous fixe avec ses yeux globuleux noirs. Elle a le corps d'un jaguar mais se tient sur deux pattes. Elle tient une lance entre ses mains. Elle ouvre sa gueule pour montrer ses énormes crocs. Elle est prête à nous attaquer pour nous dévorer. Sans attendre, je lui balance un brasier, elle est propulsée. Dans un cri d'agonie, mes flammes la dévorent. Mais ses compagnons sont toujours là, à nos trousses. 

― C'est quoi ? gémit Doona. C'est quoi ?

          Les créatures nous poursuivent avec une rapidité hallucinante. Certaines nous lancent leurs armes que nous esquivons de justesse. Que sont-elles ? Je n'ai pas le souvenir d'en avoir rencontré ni dans la salle de simulation, ni dans les fichiers que j'ai demandés à Estë.

        Luc prend Niniel dans ses bras et il fait des bonds spectaculaires. Bientôt, ils disparaissent de mon champ de vision.

      Tout à coup, Doona appelle Quincy à l'aide. Améthys tourne la tête pour voir ce qui se passe.

― Elle s'est fait prendre ! crie-t-elle.

― Nous continuons ! Nous ne pouvons plus rien faire, crié-je, en sentant l'odeur du sang.

Je cours sans me soucier des autres. Je ne sais pas si Elron et Océane nous suivent encore. Mais les arbres ont cessé de bouger. Et soudain, je sens mes pieds courir dans le vide. J'entends les autres crier. Améthys empoigne ma main pour m'empêcher de tomber. Mais je sais que je suis lourd, qu'elle ne tiendra pas. J'allume un brasier. La forêt a laissé place à une falaise.

-Je vais devoir te lâcher, lance Améthys.

Je tombe, heureusement que je ne suis qu'à un mètre du sol. Mais ça suffit pour me faire dévaler quelques mètres jusqu'à ce que je m'écrase contre un arbre. Je me redresse avec quelques courbatures dans le dos.

― Ça va ? demande-t-elle en se précipitant vers moi.

― Ouais, ne t'inquiète pas ! Et toi ?

Elle acquiesce malgré les larmes au bord de ses yeux.

― Ils ne semblent plus nous poursuivre, dis-je en lui prenant la main.

Elle hoche la tête. Nous mettons à la recherche des autres. Elron est assis près d'un rocher et se tient la tête. Il semble déboussolé. Améthys s'accroupit à côté de lui. Elle pose sa main sur ses joues pour le soigner.

― Ça va ? demande-t-elle.

― Ouais, ouais, merci... grâce à toi. J'ai cru que j'allais mourir.

J'allume un brasier pour voir si les autres sont dans les parages. Personne. Je me mets à humer leur odeur.

―  Océane et Quincy sont plus bas, dis-je une fois que je les ai repérés.

Je descends la pente en m'aidant des arbres. Un peu plus loin, nous les retrouvons  inconscients. Améthys les examine et les soigne. Ils se réveillent alors.

― Qu'est ce qui s'est passé ? crie Quincy tétanisé.

― Rien ! T'es encore en vie.

― Ils nous poursuivent encore ? demande Océane.

― Non, je ne sens plus rien.

J'allume ma montre pour voir notre trajectoire. C'est bon, nous sommes toujours sur la bonne voie.

― Faut continuer, dis-je.

― Doona, murmure Quincy.

― Pourquoi tu te plains ? Elle t'a appelé pour que tu ailles l'aider, et tu ne t'es pas retourné, lance Océane.

― Vous non plus, réprimande Quincy.

― Le mal est fait, dis-je. Cassons-nous d'ici maintenant ! Nous sommes tous désolés pour ta copine.

Nous dévalons la falaise jusqu'à atteindre une plaine. Il n'y a plus de plantes ou d'arbres tropicaux. Ici, les troncs sont fins, on dirait des bambous. J'allume des brasiers pour nous éclairer. Un silence mortel  plane dans l'air. Il n'y a même pas une seule bête. Mais soyons vigilant.

Nous marchons, longtemps, jusqu'à l'aube. Jusqu'à ce que nous nous retrouvons dans un nouvel univers. Les ruines d'une ancienne civilisation s'étendent à perte de vue. Sur les côtés, des montagnes recouvertes de verdure. Des oiseaux immenses à la plume dorée planent dans les airs. Un paysage vraiment en contraste avec celui de la veille.

Je regarde ma montre. Le groupement d'élèves est quelque part dans ces ruines.

Améthys saison 1 _  Le Fardeau I (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant