Chapitre 54

6.6K 691 23
                                    


+Améthys+

Ma montre indique 11 heures 45, lorsque je me réveille. Je me sens en pleine forme. J'étais tellement épuisée que j'ai dormi comme un bébé. Je suis contente d'être ici, dans cette grande bâtisse, de trois étages, encore intacte. On s'y sent en sécurité. En plus, nos nouveaux compagnons sont des personnes de confiance. Enfin, tous, sauf Quincy. Lui, il s'est mis dans un coin et n'a plus prononcé un seul mot.On dirait qu'il n'a pas envie de se mêler aux autres. Il est toujours endormi d'ailleurs.

Flame n'est pas là. Il a dû rejoindre Pan et les autres. Océane aussi a disparu, mais j'ai l'impression que l'atmosphère s'est tendue pour elle, surtout depuis qu'elle a vu son avenir proche. Sans compter qu'elle m'a regardée bizarrement comme si j'étais à l'origine de ses problèmes. Je me suis sentie mal à l'aise.

Je sors de la bâtisse. Les garçons sont accroupis autour de quelque chose. On dirait une grande feuille de papier. Oilossë, Vision, et Tinala sont debout autour d'eux.

Oilossë joue avec ses mains, elle est aussi grande qu'Océane et a des formes bien généreuses. Elle est vraiment très jolie. Je me demande quel est son don. Elle est la seule fille de type dangereux.

Océane, quant à elle, est en retrait, contre un mur, les bras croisés, elle boude encore.

Alaska m'attrape le bras.

― Reposée ?

― Oui.

― Alors ? Comment as-tu trouvé le voyage en capsule ? C'était mortel, hein ?

Je ris. J'avais oublié qu'elle aimait les sensations fortes. Et c'est certainement ce qui fait sa force.

― Oui, c'était mortel. De quoi discutent-ils ?

― Tu sais, Morween dessine et fait apparaître tout ce qu'elle veut. Là, elle a dessiné une carte. Ils font un répertoire des zones que nous avons franchies, des monstres que nous avons trouvés et ils notent la position de tous nos prototypes.

― Si nous sommes venus ici, c'est parce que le prototype le plus proche de nous est celui d'Ingvar, dit Raptor. Il continue son avancée vers nous. Comme s'il l'avait flairé. Il risque d'être ici, dans trois, quatre jours. Nous avons vu ce que ces robots étaient capables de faire, et c'est impossible que nous les battions seul ou à deux. Comme il est tout seul, tous ensemble nous pourrons le malmener. Enfin, je l'espère.

― Il faut trouver leur point faible, marmonne Emo.

― Je n'ai pas encore rencontré ce prototype mais vu vos têtes, il a l'air balèze, remarque Flame. Il faudrait lui tendre un piège.

― Ouais, c'est pour ça que nous nous sommes arrêtés là, dit Denethor. Il faut que nous réfléchissions à comment faire pour s'en débarrasser. Et ce n'est pas seulement en utilisant nos pouvoirs.

― Il y a un autre souci, nous ne savons pas s'il est seul, commente Elron. Nous ne localisons que les prototypes qui nous sont attribués mais qu'est ce qui nous dit qu'il n'y en a pas d'autres dans les alentours?

Ils restent un moment à réfléchir. L'inquiétude crispe leur visage. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai bien dormi. Mais je suis très sereine. J'ai d'ailleurs une idée.

― Morween donne vie à ses dessins... Pourquoi vous réfléchissez encore ? je commente.

Les garçons me fixent comme si j'ai dit quelque chose d'idiot.

― Je veux dire, que les pièges, elle peut les dessiner et nous pouvons les installer dès maintenant. Peu importe s'ils sont proche ou pas, nous nous en servirons pour les repérer.

Morween se lève. C'est une fille au teint foncé et aux cheveux bouclés.

― C'est vrai, enchaîne-t-elle, je peux créer tous les pièges que vous voulez, faut juste que vous imaginiez lesquels.

― Et puis, nous avons traversé une forêt de bambou dans la nuit. Nous pouvons aussi nous servir des branches pour faire des pièges à épieux.

― Des pièges à épieux ? demande Emo.

― Vous n'avez pas appris à faire des pièges dans vos simulations de survie pour attraper des animaux ?

Emo rit.

― Bien sûr que non ! Il suffit que je claque des mains et mon brouillard de cendre fait le boulot.

― Tu connais d'autres pièges ? s'enquiert Flame.

― Il y a des collets... des assommoirs... des filets. Bien entendu, il faudra les faire en prenant en compte la taille de nos ennemis.

― Ok ! Nous allons construire différents pièges et les installer tout autour de notre zone.

― Par contre, repris-je, les pièges servent à gagner du temps... pas à tuer les monstres... Mais, par exemple avec un collet, nous pouvons augmenter la charge de la foudre.

― Augmenter la charge de la foudre ? demande Elron.

― Oui, par exemple, si le prototype est pris dans un collet, si t'utilise ton électricité, ça doublerait tes charges.

― Woh ! Ça me plaît déjà, reprend Elron. Allons chercher des branches de bambous, que je m'y colle. Nous avons mis deux heures et quelques minutes pour venir ici. Il faut donc partir maintenant si nous en voulons.

― Vous n'êtes pas obligés d'y aller, acquiesce Pan.

Elron s'étonne. Pan marche jusqu'à la plaine et s'accroupit par terre. Il pose ses mains dans l'herbe. Quelques secondes plus tard, des pousses de bambous apparaissent et grandissent en un rien de temps.

― Waouh ! applaudit Elron.

― Voilà, vous avez de quoi faire des pièges.

           Alaska tape sur mon dos.

― Dis donc ? Qu'est-ce que t'as fait pendant les simulations de survie ? Nous, on ne nous a pas appris à chasser des animaux.

Je souris, mais on dirait qu'Hilda ne m'a pas donné les mêmes exercices que les autres. Je me demande jusqu'à quel point elle connaissait ma condition. Mais pour l'heure, j'ai plus urgent à m'en préoccuper.

― Bien, nous avons des sabreurs et des épéistes ici, dit Denethor en nous regardant Alaska et moi.

― Pourquoi aucun des majestueux ne choisit pas d'armes à la fin ! ? se plaint Alaska.

― J'en ai une, dit Ingvar en montrant son bazooka.

― Ouais et t'aurais pas pu trouver plus léger et moins encombrant ? !

― N'empêche que ça nous a aidés la première nuit, se défend-t-il.

Alaska remue la tête et se dirige vers les bambous. Je la suis. Mais elle fait signe qu'elle n'a pas besoin de moi. Elle prend son sabre et disparaît comme une flèche. En une fraction de secondes, des dizaines d'arbres tombent.

― C'est bon ou il en faut encore ?

― Je crois que ça ira Alaska, répond Pan.

              Elle lui sourit et range son sabre. Je suis époustouflée par sa capacité.

― Et maintenant, professeur, que faisons-nous ? demande Oilossë.

        Professeur ? Moi ? Pensé-je. Ce nom sonne bizarre, mais on dirait bien que je vais devoir leur montrer comment fabriquer des pièges.

― Il vous faut vos canifs et si je pouvais avoir des fils de fer.

       Morween les dessine et les faits apparaître. Je leur explique alors les bases. Cela me semble étrange, parce que je suis habituée à être une lowclass, une fille avec un pouvoir médiocre qui est la dernière de la classe. Je ne pensais pas qu'on s'appuierait sur moi un jour. Aujourd'hui, je me sens vraiment utile pour la première fois... enfin, peut-être pas la première fois, j'ai ressenti cette émotion quand j'ai soigné Flame le jour où nous nous sommes rencontrés sur le toit.


Améthys saison 1 _  Le Fardeau I (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant