Kageyama

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Un vibreur de téléphone rompit le silence. Insistant. Constant. Un appel.

Tobio se tourna vers la source du son qui résonnait étrangement à ses oreilles et se rendit comme qu'il s'agissait de son téléphone. Il lui fallut un instant de réflexion pour réaliser que celui-ci se trouvait dans son jean, et un moment encore pour se demander où était son jean, justement. Pas sur ses jambes, en tout cas, constata-t-il rêveusement. La dernière fois qu'il l'avait vu, c'était quand Oikawa le lui avait enlevé lui-même et l'avait jeté dans un coin de la chambre. Son regard parcourut avec lenteur le bout de sol qui était dans son champ de vision. Il vit une extrémité de la ceinture, déduisit que le jean devait se trouver juste derrière.

-Laisse-le, marmonna Oikawa.

Tobio ne savait pas qu'il était réveillé. Il ne savait même pas quelle heure il était. Il avait passé le temps précédent -une heure ? Deux minutes ? Il n'en avait strictement aucune idée- à se maintenir dans un état de béatitude absolue. Tout lui paraissait soudainement simple et fabuleux. Il se tourna doucement vers Oikawa allongé à côté de lui, qui lui sourit. Un petit sourire, mais un sourire sincère.

-C'était bien, murmura-t-il.

Tobio ferma les yeux. Ils n'étaient pas bourrés, cette fois, mais ils avaient créé leur propre ivresse. Il ne comprenait pas comment les choses pouvaient autant changer chez lui d'Hinata à Oikawa, mais il n'était plus le même. Il était plus confiant, plus libre, ce qui était étonnant puisqu'Oikawa s'était acharné à détruire ses capacités et, au contraire, Hinata à le supporter de toutes ses forces.

-C'est différent, répondit-il tout bas.

-Evidemment.

Oikawa se redressa sur un coude pour le regarder avec sourire de coin.

-Il y a des tas de trucs que je fais avec toi que je ne peux pas faire avec Iwa-chan. Et ça m'étonnerait que je sois comme ton copain d'un mètre soixante.

Oui, en effet. C'était indéniable. Plus expérimenté, peut-être, plus osé, plus confiant dans ce qu'il faisait, comment il le faisait. Il n'avait pas peur de paraître ridicule ou extrême, pas peur de faire mal. Tobio avait comme l'impression que les dernières semaines n'avaient jamais existé. Son esprit était blanc, vide par rapport à l'intensité de ce qui venait de se passer. Pourtant, ça le dérangeait d'être là, allongé à côté d'Oikawa, alors qu'ils ne s'aimaient pas. Il était comblé, mais cet aspect des choses le révulsait encore. Ce qu'il faisait était mal, répétait un coin de son esprit. Tobio contempla son corps nu, essayant de voir si Oikawa avait laissé des traces.

-Pas cette fois.

Kageyama sursauta et se tourna vers Oikawa. Il avait remis son bermuda, mais était encore torse nu. Tobio trouva qu'il ressemblait à un vacancier, et se fit la réflexion étrange qu'Oikawa devait être du genre à ne pas bronzer mais à prendre des tas de coups de soleil. Et aussi le genre à mettre soigneusement de la crème solaire pour que ça n'arrive pas, entre toutes ses autres crèmes, supposa Tobio. Imaginer l'autre passeur comme une écrevisse le fit à demi-sourire. C'est seulement quand il vit le regard confus d'Oikawa qu'il se dit qu'il était parti un peu loin dans ses pensées, d'ailleurs pas des plus pertinentes.

-Ce truc est laid, dit-il plutôt en pointant le bermuda.

Oikawa haussa les sourcils et fit la moue.

-Tobio-chan qui donne des conseils de mode, voyez-vous cela. En quoi ça te concerne, puisque la majorité du temps qu'on passe ensemble je ne porte rien ? Rhabille-toi, d'ailleurs. Iwa va rentrer dans un quart d'heure. Si tu tiens à ta face...

Des Coeurs et des CorpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant