L’arrivée du printemps était toujours un moment de réjouissances. Le chant des oiseaux emplissait la chambre dès le matin, infiniment plus doux que la dure sonnerie du réveil. Les pépiements se mêlaient aux légers ronflements de Tobio, au lointain tic-tac de l’horloge et parfois aux bruits humides que produisait le poisson.
Le soleil inondait à nouveau la cuisine le matin, faisait miroiter le métal des ustensiles accrochés, la cafetière, les boîtes en fer alignées et la surface polie du plan de travail ; ils pouvaient lever les volets de bonne heure sans se heurter au froid et à l’obscurité d’une nuit hivernale où les lourds nuages dissimulaient même l’éclat des dernières étoiles. Seule une brise fraîche venait effleurer le visage de Hinata, passait entre ses boucles éclatantes et les repoussait de son front comme une main maternelle, porteuse de l’odeur des fleurs naissantes, de la verdure en éveil, annonciatrice d’une journée tiède et lumineuse.
Bien qu’il ne fasse pas encore très chaud, Hinata se plaisait à porter de nouveau tous ses T-shirts, quitte à mettre de longues manches en dessous. Ainsi, il n’était pas rare de le voir arpenter les couloirs de la fac avec une mascotte de volley imprimée en grand sur son vieux T-shirt de l’époque du lycée. Ou, bien sûr, celui de Karasuno lui-même, blanc avec le nom du lycée inscrit en caractères noirs et serrés.
Il révisait beaucoup pour bien terminer son année scolaire, avait hâte que les vacances arrivent. Les matins où ils commençaient plus tard, Tobio et lui allaient courir un peu, et les week-ends, quand Tobio était sorti, Kenma, parfois accompagné de Kuroo ou Aone, venaient passer l’après-midi là, ramenaient des manettes, des jeux, parfois un ballon de volley ou de foot, une fois même tout ce qu’il fallait pour faire du baseball.
Rétablir le contact avec Kenma n’avait pas été facile. Puisqu’il n’avait répondu ni à ses appels, ni à ses sms, Hinata avait pensé qu’il voulait couper tout contact, et le déplorait, jusqu’à ce qu’un beau jour, une semaine après l’incident, Kuroo ne surgisse à sa porte sans prévenir. D’abord étonné, Shouyou ne tarda pas à comprendre le réel intérêt de sa visite.
-Kenma t’envoie ? demanda-t-il.
Il n’avait pas osé proposer quelque chose à boire ou à manger à Kuroo, il l’avait simplement fait entrer et refermé la porte derrière lui ; le grand joueur était allé de lui-même s’asseoir sur un pouf. Hinata ne fit pas de commentaire en s’asseyant face à lui, l’expression sérieuse. Kuroo était le bienvenu chez lui avec Kenma, mais une fois séparé de la fine silhouette de Kozume qui apaisait son tempérament, Hinata le trouvait plus menaçant. Ce sourire dérangeant qui vous faisait sentir comme si Kuroo savait des choses à votre propos que vous-même ignoriez… Mais j’ai appris, songea Hinata, et il soutint son regard ocre.
-Kenma a oublié ses manettes chez moi, si tu veux bien lui rendre, ce serait gentil.
Mais Kuroo paraissait confortablement installé et prêt à rester un bout de temps dans son pouf, ce qui n’était pas pour plaire à Hinata. Il battit le tempo sur son genou, d’impatience, jusqu’à ce qu’enfin l’autre ne se penche vers lui comme pour une confidence :
-J’ai toujours pensé… Eh bien, que Kenma était plus attiré par les consoles. Mais il a toujours eu cet éclat particulier dans les yeux en te regardant, comment dire… De l’avidité ? Comme quand il achète un nouveau jeu et qu’il meurt d’envie de l’essayer. Ceci dit, je n’aurais pas pensé que ça irait plus loin question intérêt, que tu restais juste un adversaire intéressant, stimulant pour lui. Un simple ami. Même si vous vous textotez tout le temps.
Hinata fronça les sourcils, détourna les yeux en cherchant ce que voulait dire Kuroo ; il refusait de perdre l’amitié de Kozume, même après ce qui s’était passé. Il avait d’ores et déjà perdu Tobio…
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Des Coeurs et des Corps
Fiksi PenggemarCela faisait deux ans que Hinata et Kageyama filaient le bonheur parfait. Finir ensemble, à vrai dire, était une évidence pour eux. Jusqu'à ce qu'un fantôme du passé ne surgisse à nouveau, ne vienne s'immiscer entre eux. Et avec lui, un marché t...