Quand Tooru se réveilla, il commença par se réjouir de ne pas être seul. Il sentait, les yeux encore fermés, une chaleur humaine collée à lui, et se sentait serein. Il lui arrivait de s’éveiller et qu’immédiatement s’abattent sur lui toutes les peines de la veille, mais ce jour-là, il était zen, comblé. Il réalisa doucement que c’était la fin d’après-midi, et avait conscience de la douceur de cheveux sur son épaule, et une respiration chaude, profonde dans son cou. La carrure était trop étroite, la stature trop frêle pour que ce soit Iwaizumi ; Tobio, bien sûr. C’était son odeur, c’était sa présence.
Oikawa entrouvrit les paupières, encore un peu ensommeillé. Le soleil était déjà bas, et dessinait des ombres dans la chambre ; il faisait bon, quoiqu’ils n’aient pas de couverture, et il se souvint vaguement qu’elle était sur le canapé. Il baissa les yeux en s’efforçant de bouger le moins possible pour ne pas perturber le sommeil de Tobio, pour contempler un instant leurs deux corps nus, entrelacés ; Tobio, dans son sommeil sûrement, s’était davantage fondu dans leur étreinte, et avait lié leurs jambes. Tooru sourit rêveusement. Voilà. C’était sa vision du réveil idéal, et il aurait voulu que ses journées commencent toujours ainsi, au lieu d’un lit vide et froid et d’un appartement désert. Le seul petit défaut étant qu’il commençait à avoir faim.
Mais il était chez Tobio, pouvait-il se permettre… ? Le bras de Tobio lui encerclait la poitrine, il avait une jambe entre les siennes et sa tête posée sur lui ; et de son côté, il le serrait d’un bras. Il promena distraitement ses doigts dans son dos, suivant la ligne se sa colonne vertébrale, caressant sa peau, dessinant les omoplates, jusqu’à ce que Tobio remue un peu et lève enfin sur lui un visage endormi, les yeux à peine ouverts, les mèches dressées sur un côté de la tête. Tooru eut presque envie de prendre une photo.
Ils se rhabillèrent, lentement, les gestes encore pâteux. Tooru lança un regard au réveil posé sur une table de chevet : il était sept heures du soir. Combien de temps avaient-ils dormi au juste ? Trois, quatre heures ? Tooru était dans ses estimations quand des mains glissèrent sur ses flancs pour se refermer sur son ventre, et un menton se posa sur son épaule. Un instant surpris d’une marque d’affection aussi explicite de la part de Tobio, il posa ses mains sur les siennes en tournant légèrement la tête vers lui.
-J’ai faim, murmura Tobio, les yeux clos.
-Tu es plus doux quand tu es fatigué, nota Oikawa en l’embrassant sur le nez.
Tobio sourit et le lâcha. Tooru le suivit dans la cuisine et s’assit à la même place que le matin. Toute une journée avec Tobio, et c’était loin d’être aussi désagréable que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Il avait l’impression de rêver, à vrai dire. Cela faisait littéralement des années qu’il n’avait pas eu autant d’attention, autant d’amour. Enfin, amour était un grand mot ; Tobio faisait juste ce qu’ils avaient convenu de faire.
Tooru s’amusa à tremper ses doigts dans le bocal du poisson pour que celui-ci croie qu’il s’agisse de nourriture, avant de se rendre compte de sa puérilité et de les essuyer discrètement sur la nappe. Tobio lui, venait de mettre une pizza dans le four, et s’était adossé au plan de travail, une spatule dans les mains. Une mélodie résonna soudain, en provenance du salon, et Tooru serra les dents en reconnaissant sa sonnerie de portable. C’était sans nul doute Hajime, mais peu importait, et il feignit de ne pas l’entendre en se concentrant sur le bout de ses ongles ; il sentit Tobio le fixer, mais ne dit rien. Pour se distraire, il lança :
-Comment tu es sorti avec Hinata ?
Tobio le considéra un instant sans répondre, puis se mit à raconter, en agitant sa spatule régulièrement :
-C’était pendant ma première, en mai, un peu après la rentrée. On avait un match d’entraînement contre Nekoma…
-L’ancienne équipe de Kenma-chan et Kuroo-chan.
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Des Coeurs et des Corps
FanfictionCela faisait deux ans que Hinata et Kageyama filaient le bonheur parfait. Finir ensemble, à vrai dire, était une évidence pour eux. Jusqu'à ce qu'un fantôme du passé ne surgisse à nouveau, ne vienne s'immiscer entre eux. Et avec lui, un marché t...