Dark Soul

13.b👌

Un bruit sourd me parvient alors que j'observe mon reflet dans mon miroir. La voix de Thibault arrive à mes oreilles et je me décide à descendre nos escaliers en marbre. La main sur la rampe, je descends lentement avec mon tissu qui reste sur la dernière marche avant de me suivre.

-Tu es magnifique ma puce.

-Merci, je réponds simplement avec un léger sourire. 

-La voiture nous attend.

Je prends son bras et nous sortons par les grandes portes qui scellent notre maison. Notre magnifique prototype haute performance est sagement en attente sur notre allée. Sa couleur prend la lumière et les paillettes rayonnent avec le soleil.

-La couleur fait vraiment tout, je souligne avec une certaine fierté. 

-C'était une très bonne idée d'intégrer des particules holographiques à la peinture. 

Je prends le volant comme à mon habitude puisque ce sont mes créations, mes bébés. Thibault lui m'indique le chemin à suivre avec des gestes ou des paroles en fonction de son envie. On se retrouve devant un immense bâtiment avec deux hommes qui nous ouvrent nos portes. Je les salue tout en sortant de mon véhicule. On rentre dans le bâtiment avec les salutations de tout le personnel présent. Le maitre de la salle nous accompagne jusqu'à une véranda privée éclairée par des guirlandes. 

-C'est magique. 

-Je savais que ça te plairait, Mira. 

Nous nous installons avec une coupe de bienvenue avant que Thibault ne se lève après avoir reçu un message. 

-Je reviens, m'annonce mon parrain. 

Je prends une gorgée dans ma coupe avant d'avoir d'immense sueur froide dans le dos. Un sentiment d'angoisse et de danger enserre mes entrailles ce qui me gèle sur place. Qu'est-ce qu'il va se passer pour que je réagisse ainsi ? De là où je suis, je peux voir Thibault revenir avec une femme incroyablement belle dont l'aura est violette. Une louve avec des sentiments peut propice à notre rencontre. Un mélange de cupidité et de fierté qui ne font qu'augmenter ma peur. 

-Je te présente Elisa, ma compagne. 

Je me lève pour la saluer et elle me temps sa main. J'ai l'habitude de serrer des mains mais pour un premier contact avec sa potentielle belle-fille, j'ai déjà connu mieux. Mes sourcils se froncent sans que je ne le veuille réellement. Ses pensées m'assaillissent sans que je le veuille tellement elle jubile d'avoir réussi à intégrer une famille aussi puissante. Elle n'est que profit sans une once de sentiment envers mon parrain. Je fais comment pour dire à Thibault qu'il a réussi à trouver la garce par excellence ? 

-Tu peux m'appeler Eli. 

Je hoche la tête avant de reprendre ma place sous le regard anxieux de Thibault. Cette histoire craint tellement. J'avais déjà tellement de mal avec tout ce qu'il se passe alors rajouter une femme vénale dans l'équation... 

-Alors les cours ? me demande la femme avec une fausse politesse. 

-Bien, je réponds sans envie de m'épancher avec elle. 

-Enfin, elle s'est fait renvoyer, rajoute Tatoua avec un sourire. 

-Et ça te fait sourire ? 

-Et bien, elle n'a pas spécialement besoin d'avoir un diplôme au vue de son potentiel. 

Elle renfile méchamment sans pour autant répondre. En même temps, elle s'aventure dans une zone dangereuse puisque critiquer l'éducation qu'on donne à son enfant des la première rencontre, ce n'est pas incroyable. 

-Tu fais de la boxe donc ? 

Je hoche la tête pour confirmer en plissant légèrement les yeux en sentant la connerie arriver. 

-Ce n'est pas une activité très recommandé pour une jeune fille. Ta musculature ne t'attira pas de conjoint. 

Je regarde Thibault qui garde la bouche fermée avec simplement un petit regard désolé. Je n'aurais donc aucune aide de sa part, je sens que je vais juste déguster durant ce repas tout ça parce qu'il est tombé dans le panneau. 

-Si je peux me permettre un conseil, tu ne devrais pas porter cette couleur ni ce genre de robe. Tu l'as trouvé dans quel magasin ? 

Je serre les dents suite à cette énième remarque qui insulte indirectement ma mère biologique. 

-C'est ma couturière qui l'a fait sur base d'une robe de ma mère. 

-Elle n'a pas bon goût, commente cette louve sous évoluée. 

-Qui ça ? je demande avec colère ? Ma couturière de renommée mondial ou ma mère sauvagement abattue ? 

Au lieu de paraitre gênée par cette remarque elle reprend d'un ton condescendant. 

-Les deux voyons. Qui peut oser créer ça  et porter ça ? 

Je pose ma serviette sur la table avant de me lever. 

-Thibault, Elisa, je pense que cette rencontre ne mène à rien. Elle n'a aucune bonne manière ni aucun bon sens. Le seul truc qui l'intéresse, autre que sa petite personne, ça doit être mes entreprises et mon château. 

-Mira, commence Titou. Tu ne comprends pas ? Je l'ai demandé en mariage, elle fera partie de notre famille. 

-Ta famille, la mienne est morte. 

Ma dernière réplique jette un froid sur la table et je vois le visage de mon parrain se fermer. Il veut finir ruiner, soit, mais il ne m'entrainera pas avec lui. 

-Tu ne peux pas parler comme ça. Tu vis chez moi, tu manges chez moi, tu es dépendante de moi. 

-Non, tout m'appartient Thibault. Le château, l'entreprise, les voitures, l'entièreté de ce qu'elle convoite n'appartient qu'à une seule et unique personne, moi. 

-Je reste actionnaire chez DragoneIndustries. 

-Effectivement, tu restes le dirigeant de ma société. Au moins, tu gagneras plus qu'elle. Je vais te laisser, je pense ne plus avoir ma place ici dans ta nouvelle famille. 

Je les laisse à leur table avant de reprendre ma voiture. Je roule jusqu'au château pour retrouver la praire tranquille de mes chevaux. Le sentiment de ce matin m'a enfin quitté pour laisser place à l'amertume. L'esprit de Thibault était très clair, il choisira ce qu'il trouve être son bonheur à une fille qui ne lui appartient même pas. Je pensais qu'il avait diriger cette fameuse nuit mais ma constante présence ne fait que lui rappeler ce qu'il a perdu. Au final, il était fou amoureux de ma mère au point d'arriver à presque détester mon père sur la fin. Il aurait voulu que je sois sa fille sauf que ma ressemblance frappante avec mon paternel est un rappel continu. 

Quand je me juge apte à reprendre la route, je prépare un petit sac pour aller à ma première résidence, la maison de mon enfance. Elle est restée telle quelle car je n'ai jamais voulu remettre les pieds bas. Il doit d'ailleurs rester des marques de cette fameuse nuit. Il faudra un petit peu de temps avant que Thibault ne sorte ses affaires du château et je n'ai pas le coeur à le croiser continuellement.