Chapitre vingt-neuf

5.8K 346 98
                                    

Trois semaines. Trois putains de semaines que tout est redevenu comme avant. Depuis trois semaines, je suis devenu celui que le roi bat et mord. J'ai cru que son comportement allait revenir à la normale mais je me suis fait des illusions depuis le jour où nous nous sommes rendus à l'hôpital. Depuis trois semaines, il ne s'occupe plus de mon état de santé. Je n'existe plus pour lui. Je n'ai plus senti ses lèvres contre les miennes depuis bien trop longtemps à mon goût. Qu'il me prenne dans ses bras me manque, ses petites attentions également. En trois semaines, j'ai extrêmement maigri et je ne pensais pas cela possible. Je n'arrive à présent plus à tenir debout plus de cinq minutes sinon je m'écroule. Je suis guéri de ma maladie mais il m'arrive encore de tousser quelques fois.

Il neige de plus en plus en dehors du château, j'ai tellement envie d'aller jouer dans la neige comme je le faisais avec mon père étant petit. Mais malheureusement, je ne peux pas. Je n'ai plus quitté le domaine depuis l'incident à l'hôpital, sauf pour retourner à ce dernier voir les résultats de ma prise de sang. Sûrement parce qu'il a peur que je m'enfuisse à nouveau. Le docteur a informé mon maître que j'avais la grippe, génial n'est-ce pas ? Je n'ai pas pu faire mes corvées pendant deux jours ce qui m'a valu quelques coups de plus. Mon corps n'est plus qu'un squelette, je mange toujours deux fois par jour mais beaucoup moins. Je ne prends même plus mes repas avec le roi, il ne veut plus me voir. Je me nourris donc seul à une grande table, Giorgio me prévient lorsque je dois retourner travailler. Il m'a dit droit dans les yeux qu'il avait très bien compris mon stratagème. Selon lui, je l'ai charmé depuis le début pour qu'il soit plus gentil avec moi. Je lui ai fait les yeux doux pour qu'il tombe dans mes filets et ça a marché. Il pense que je me suis servi de lui pour avoir des avantages. J'ai profité de lui et de son intérêt envers moi pour m'enfuir de son château. Il ne me voit que comme une salope. Qu'il pense de telles choses me donne envie de mourir. Je n'ai jamais fait ça. J'ai toujours été moi-même, je ne jouais pas un rôle. Je me suis enfui sous la peur, pas parce que je ne voulais plus le voir. Malheureusement, je n'ai pas le droit de lui dire tout ça. Il m'a interdit de parler. Si j'ose prendre la parole devant lui, il me punit. Je suis retourné dans la pièce d'isolation quelques fois, le pire c'est que je ne sais même pas pour quelles raisons. Parfois j'y reste seulement une nuit, parfois des jours entiers. J'ai eu plusieurs fois envie de mettre fin à mes jours, je suis à bout. J'ai déjà été tenté de me mutiler mais je n'y arrive pas. Dès que j'ai la lame de rasoir entre mes mains, je reste figé. J'ai peur que des vampires sentent mon sang, que je n'arrive pas à me tuer du premier coup. Je ne voudrais pas que Carole le sache, elle me ferait toute une morale. Elle n'arrive pas à comprendre toute la douleur que je ressens. La personne que j'aime me traite de salope et me frappe constamment. J'ai espéré plusieurs fois que le roi me tue pendant une morsure mais il s'arrête juste avant. J'ai cru pendant un instant qu'il s'inquiétait pour moi lorsque je me suis évanoui sur le sol mais non, il a juste appelé Carole. Je me sens inutile, c'était la première fois que quelqu'un s'intéressait à moi.

Dans une semaine, c'est mon anniversaire. Je vais sûrement le passer seul dans ma petite chambre ou devrais-je appeler cette dernière, cellule. Je n'ai plus ma couverture pour dormir, mon maître me l'a reprise parce que j'avais haussé le ton avec lui. Il s'en fout complètement que les nuits deviennent plus fraîches, il ne peut pas ressentir s'il fait froid ou pas. Carole est l'unique personne qui arrive encore à me tirer vers le haut, elle m'apporte parfois un peu de nourriture en douce. J'ai à chaque fois peur qu'elle se fasse prendre mais cela n'a pas l'air de l'inquiéter plus que ça.

- Zayn, il faut se réveiller...

- Laisse-moi...

J'entends mon infirmière préférée soupirer, je n'ai pas envie de me lever. Je n'ai pas réussi à dormir de la nuit, il y avait de l'orage. Comme ma fenêtre est assez fine, le bruit de la pluie sur cette dernière était très fort. Je me retourne pour être dos à elle, je l'entends soupirer pendant qu'elle secoue doucement mon épaule. Je sais que si je suis en retard pour faire mes corvées je serai puni. Mais bon, j'y suis maintenant habitué si l'on peut dire ça comme ça. Je pars finalement me doucher à une vitesse d'escargot, je me tiens à mon amie pour ne pas tomber. Ma tête tourne beaucoup, mes jambes tremblent. Je sais d'avance que me nettoyer ne sera pas facile mais je dois quand même le faire, je n'ai pas le choix.

The time of our lives [Ziam]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant