Chapitre 33

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Vous savez ce sentiment qu'on voit aveuglement, qu'on goûte amèrement, qu'on touche durement, qu'on sent nauséabondement et qu'on entend difficilement ?

Il y a un jour que j'ai vécu que j'ai su dès que mes yeux se sont étendus tout le long du couloir menant vers la gloire que rien n'était plus dérisoire que ce manoir.

280 jours restants

- Je me suis perdue dans un tourbillon où il y avait un mélange toxique de bonheur, de comblement, de tristesse, de pleurs et surtout de colère remplie de frustration de mon passé, de ce jeu et toi, murmurais-je en laissant flotter mon regard sous ce qu'il y avait droit où mes yeux.
- Me parles-tu?

Je me retourne vers la provenance de la voix.
Qui est-ce?

Il ressemble à quelqu'un que j'ai déjà vu, mais je n'arrive pas à me remémorer de qui il s'agit. L'inconnu me parle, mais je ne le vois plus. Je ne l'entend plus.

Off

Tout ce que je fixe c'est la pancarte sur le mur avec cinq lettres que je n'oublierais jamais le sens.

N.E.R.V.E

Dave:

- Alors mon Dave, comment trouves-tu ma cuisine? Dave? Youhouuuu?

Des mains passent à toute allure à quelques centimètres de mon visage. Mon état d'absence est corrompu. Ma grand-mère me regarde les yeux grands ouverts en attendant que je donne un signe de vie.

- Que disiez-vous?
- Mon petit Dave, corrige-moi si je me trompe, mais ta mère et moi avons remarqué depuis que nous sommes parties en voyage dans les tropiques que tu es distant. Très distant.

Je reprends ma respiration lentement.

- Je vous corrige. Il est très normal que je sois distant et ce tout le long de l'année.
- Tu n'es plus la même personne que tu étais Dave.

Pardon? Un sourire moqueur se forme sur mes lèvres.

- Je suis toujours le même, ton petit-fils assis devant toi qui a la tête ailleurs.
- Qui occupe tes pensées?

Je déteste que les gens me remettent des faits réels sous le nez quand je tente de les laisser tomber.

- Ce n'est pas nécessairement une personne... Tu sais le boulot, conserver ma réputation...
- Tu pourrais prendre une semaine de vacances et même plus! Tu en as amplement les moyens.

Hors de questions! Depuis que je suis revenu de Toronto, le coeur brisé, mais la détermination à son plus fort, je n'ai pas pris une journée pour relaxer et passer du temps pour soi-même. Je me suis occupé du dossier concernant mon fils, tout en restant concentré sur mes clients. Le plus difficile était sans doute d'ignorer cette boule au creux de mon ventre me rappelant la douleur de la trahison.

- Je n'ai pas le temps.
- On a toujours le temps, c'est juste que tu ne prends pas le temps de te ressourcer.

Je soupire et tourne mes yeux vers la fenêtre. Des flocons de neige tombent comme des rubans dénoués.

- Dave, qu'est-ce qui te tracasse?

Il faut préciser que ma grand-mère finit toujours par apprendre ce qu'elle veut savoir.
Mais pas cette fois-ci.

- Elle est très bonne ta cuisine Grand-mère. Sur ce, je me retire de la table, on m'attend au bureau. Bonne journée!

Je lui donne un bisou sur la joue et range mon assiette dans l'évier. J'enfile mon manteau Vince Camuto, puis ouvre la porte. Le vent fort et froid me heurte mon visage. Étrangement, ça me fait du bien. Ça me permet de me réveiller de la réalité auquel je vis.

Ma voiture dans l'entrée est recouverte de neige. Plutôt engloutie, disparue sous cette épaisse couche de froideur.

Et puis laissons faire! Je n'irais pas au bureau aujourd'hui.

Je prend la direction opposée. Au lieu de me ramener vers les portes de l'entrée, bien au chaud à l'intérieur, je m'engage dans la rue, les mains dans les poches.

Mes bottes tombent lourdement sur le sol jusqu'au coin de rue où la route est déneigée. Dorénavant, tout est plus fluide.
Je ne suis qu'un homme profitant de l'air frais en se promenant dans les rues désertes.
Le ciel est tout gris, mais c'est quand même une magnifique journée. Il ne fait pas tempête, mais les flocons envahissent rapidement mon manteau maintenant devenu blanc.
Oui c'est une belle journée, mais pas comme les autres.

Les sapins bougent sur une valse au gré du vent et moi, je suis seul sur la piste de danse.
Mes pas se dessinent sur la route, mais ils sont déjà loin derrière. La neige effacera tout, comme si je n'étais jamais passé par-là.
J'ignore où je suis, où je vais.

Je crois que je suis sur la route principale. Des voitures filent à toute allure à seulement quelques mètres de moi.
Je commence à frissonner. L'hiver n'a jamais été ma saison préférée, mais j'apprécie ce moment seul à seul.
La nostalgie..
Je m'arrête quelques instants et regarde vers le ciel. Encore plus gris que tout à l'heure.

Une voiture klaxonne et ralentit de plus en plus en se garant juste derrière moi sur le bord de la route.
Cette voiture...

Je ne vois rien à cause des phares, mais ses balais marchent encore. La porte s'ouvre et une silhouette apparaît.

Des bottes à talons hauts marchent habilement sur la neige glissante jusqu'à moi. Sa démarche est fluide, rien de saccadée.
Je n'arrive pas à voir qui est-ce, son visage est recouvert par sa capuche.

Je tente quelque chose:

- Bonjour, avez-vous besoin d'aide?

Pas de réponse. Peut-être qu'elle ne m'a pas entendu. Je le répète un plus fort.

Comme si quelque chose m'avait piqué, tout se passe au ralentit.
Quand elle arrive à ma hauteur, elle s'arrête enfin. Elle enlève ses mains de ses poches pour les poser sur ma taille en me rapprochant d'elle.

Que fais-tu?

Ses mains se posent derrière mon cou. Je vois ses lèvres avancer vers les miennes.

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Un feux d'artifice explose en moi

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Un feux d'artifice explose en moi.
J'ignore encore qui elle est, mais son baiser ne m'est pas inconnu.

Nerve -Double identité ????Où les histoires vivent. Découvrez maintenant