Chapitre 15

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L'asiatique m'entraîna jusqu'à la lisière de la forêt, où se trouvait la cabane à armes, plus grande que le réfectoire. A l'intérieur, je vis des armes, partout sur les murs. Il y en avait de toutes le tailles, de toutes les formes et de tous les matériaux possibles. Néanmoins, les lettres W.C.K.D. étaient toujours gravées sur  l'artillerie. J'empoignais fermement mon arc et mis mon carquois sur mon dos. Minho, quant-à-lui s'arma de quelques couteaux. Le centre de la pièce était surélevé, recouvert d'un drap beige. Quelque chose était caché en-dessous. Je lançais un regard au maton, qui aiguisait ses lames, et enlevai la couverture. Lorsqu'il entendit le bruit que j'avais provoqué, il leva la tête et me fixait d'un regard noir. Autour de moi volait un tas de poussière, la lumière se reflétait dessus, donnant à la scène un aspect magique. J'avais découvert un plan détaillé du labyrinthe, fait à partir de petits morceaux de bois, quelques feuilles et des pierres. Sur des galets étaient marqués les numéros des sections, à la craie. Tous les couloirs devaient être représentés sur ce plan. C'était impressionnant.

"- Bon, et bien je vais t'en parler plus tôt que prévu..., souffla Minho, légèrement décontenancé.

- Me parler de quoi? Tu cartographies le labyrinthe, c'est ton job., lui rappelais-je innocemment.

- Il faut surtout pas que tu en parles aux autres, c'est clair?, s'énerva Minho. Alby ne veut pas inquiéter les autres... Ca fait trois ans qu'on cherche une putain de sortie, et on a même pas trouvé un seul indice.

- Et la plaque?, me souvenais-je.

- Notre premier indice en trois ans., confirma-t-il. J'ai parcouru tous les recoins du labyrinthe, au moins quatre fois, et j'ai pas trouvé de sortie. Tu comprends ce que je te dis?!

-  On l'a notre premier indice! Alors on va trouver une sortie!", essayais-je de le rassurer.

Pour seule réponse il me poussa contre le mur, où je me cognai violemment la tête. Il avait l'air furax, et plaça son bras sous mon menton, afin de réduire ma respiration. Je ne faiblis pas.
Lorsque je vis une opportunité, je la saisis et lui enfonçai mon genou dans son abdomen. Il grogna en reculant, il se tint le ventre. J'eu comme un déjà-vu. Sa respiration était saccadée, jusqu'à ce qu'il se remette droit, et me fixe d'un air triste.

"Tu comprends donc pas...il n'y a pas de sortie!", se désespérait Minho.

Le peu d'espoir qui fleurissait dans mon cœur venait de faner. Et si il avait raison? Et si notre but était impossible à atteindre? Je sortis rapidement de la cabane, avançant jusqu'aux portes, l'asiatique me suivit. Nous entrâmes a nouveau dans le labyrinthe. Les couloirs semblaient plus serrés que la dernière fois, des griffures ornaient toujours les murs. Le lierre passait d'une couleur verdâtre à une couleur jaunâtre, me rappelant que nous n'avions plus beaucoup de temps.
Nous devions quitter le bloc.
Minho nous fit tourner à gauche, puis à droite, à nouveau à gauche et ensuite nous devions retourner à gauche. Sur un immense mur était peint le numéro 2 en rouge. Je me stoppais net. Devant moi s'étendait un terrain remplis de lames verticales. Elles étaient cuivrées et fines, telles des scies.

"- C'est quoi ce pays?, demandais-je essoufflée.

- On les appelle...les lames..., répondit Minho sur le même ton.

- Au moins le nom va avec le paysage.", chuchotais-je.

Il commença à trottiner et je dus le suivre, malgré ma fascination pour ces lames. Soudainement, Minho m'arrêta en ralentissant son allure. Il plaça un doigt sur sa bouche, me faisant taire. Je fronçais les sourcils et me mit immédiatement à regarder autour de moi. Mon expression de visage se crispa. Des cliquetis envahirent les alentours, me faisant froid dans le dos. Nous nous fixâmes un instant, puis, levâmes nos têtes, afin de distinguer  un griffeur hideux. Il se mit à hurler, laissant un filet de bave couler sur le t-shirt de Minho et sur ma veste. Le liquide avait une odeur de menthe, mais je me doutais que ces bêtes ne se lavaient pas les dents. Il était visqueux et répugnant, j'eus une soudaine envie de vomir.
Minho ouvra la bouche, comme si il voulait dire quelque chose. Je compris tout de suite ce qu'il voulait faire. Je pris une bonne bouffée d'air frais, puis courus entre les lames. L'asiatique et moi étions séparés par une rangée de scies cuivrées. Le griffeur nous suivit en plantant ses griffes dans le sol sableux, les deux têtes observèrent leur proie. Il s'était mis entre Minho et moi. Nous ne pouvions pas continuer de courir ainsi, nous n'avions plus le temps de réfléchir, et allions donc certainement nous perdre. Sans réfléchir, je décochai une première flèche, puis une seconde. Elles se plantèrent dans les yeux du griffeur, le rendant donc aveugle. Mon maton me lança un regard, et nous décidâmes d'enfermer la bête à l'intérieur des lames. Nous les tournâmes, jusqu'à réaliser un quadrilatère. Les murs improvisés allaient devoir le retenir. Mes mains rougirent sous la pression que je leur faisais exercer. Nous étions essoufflés.

"- C'était trop...simple...non?, demandais-je surprise.

- Ah non! Dis pas ça! Ca porte carrément la poisse!", hurla Minho défaitiste.

Il avait raison, j'avais parlé trop vite. Je reculais machinalement quand nous entendîmes le griffeur se remuer à une vitesse affolante, il en détruisit même son enclos. Lorsque nous vîmes cette bête métallique, je me rendis compte que les flèches étaient tombées de ses yeux. Minho enfonça alors un couteau dans son dos, ce qui lui valut un regard noir du tas de ferraille. Un bruit sourd se fit entendre. Une alarme. Les lames commencèrent à bouger, afin de créer une muraille. Mon ami hocha la tête et courra en ma direction afin de me prendre la main. Le griffeur nous poursuivit.

"- Où est-ce qu'on va?, demandais-je pendant notre course.

- Je sais pas, j'ai jamais exploré ce côté du labyrinthe., m'avoua-t-il.

- J'croyais que tu m'avais dit que tu avais parcouru les moindres recoins du labyrinthe?, lui rappelais-je.

- Oui, bah j'aime bien exagérer des fois!", m'annonça-t-il avec son humour habituel.

Mais dans quoi nous étions nous embarqués?

La première épreuve: le Labyrinthe [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant