Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)

Emilie et Neil: beautiful pain

NEIL

Bordel! Mais bordel, bordel, bordel! À quel moment, la situation m'a-t-elle tant échappé ?

Je suis en train de faire les cent pas dans la somptueuse suite de Luna.

Emilie a décampé alors qu'elle était soûle ! Luna s'est endormie dans sa chambre. De ce côté-là, je suis tranquille pour l'instant.

Quelle putain de soirée horrible.

J'ai accumulé les conneries ces derniers mois et en particulier ce soir. Bravo, Neil.

Première erreur, ne pas faire confiance à Luna. Elle déteste vraiment Emilie.

Deuxième erreur, ne pas sous-estimer Emilie. Vraiment. Là voilà, sexy en diable, toisant Luna du haut de sa mini taille, hautaine à souhait. Et Luna n'avait pas besoin de plus d'encouragements à son attitude détestable.

Troisième erreur, la plus grossière de toutes et qui ne date pas de ce soir. Elle date du jour où une mini tornade a tout ravagé sur son passage. Ne jamais tomber amoureux. Ça fait un mal de chien et dans ce cas-ci, ça ne rime à rien.

Jim et Gabe sont là. Un soupir de soulagement m'échappe.

Jim dépose une bouteille de whisky et des cartes sur la table du petit salon.

On s'installe dans les canapés. Gabe nous sert trois verres de nectar ambré. Peut-être que boire pourra me rechauffer.

Peut-être que je me sentirai moins vide, moins con.

Je fixe un point au-dessus de l'épaule de Jim.

-J'ai merdé.

Il approuve.

- Et pas qu'un peu, mec, dit-il.

EMILIE

J'ai su attraper le premier train, et je regarde par la vitre sans vraiment faire attention aux paysages. Ils vont tous être inquiets mais je n'ai pas le courage de lever mon bras pour prendre mon téléphone. Embarquer une valise n'a pas été trop compliqué. Je veux rentrer chez moi. Je veux voir mon papa et grand-papa. Pendant quelques jours, je veux être dorlotée et chérie.

NEIL

Les autres sont arrivés. Ils tentent un poker et moi, je regarde toujours dans le vide. Le temps passe et pas de nouvelles. Régulièrement, nous consultons tous notre portable au cas où...

Je voudrais hurler ma frustration.

Nous entendons des pas précipités dans le couloir puis quelqu'un cogne sur la porte. Je me lève pour ouvrir. C'est Lorenzo, essoufflé et décoiffé.

-Si vite ?

Lorenzo ne sourit pas et entre dans le salon.

-C'est quoi ce délire, les gars ? Où est Emilie ? Je n'ai pas eu de nouvelles et vous ?

Son inquiétude est visible chez lui aussi. L'effet Pimprenelle...

Il s'adresse à moi.

- Et Luna?

- Elle s'est endormie après avoir piquée la crise du siècle.

Ils me regardent tous à présent. Je m'éloigne, mains dans les poches, pour regarder à travers les hautes fenêtres de la suite. Les voilages m'empêchent d'apercevoir mon reflet, ce qui à l'heure actuelle vaut mieux. Je passe une main sur ma barbe naissante.

- Neil, il serait peut-être temps qu'on parle.

La voix de Gabe est douce mais résolue. Je me tourne vers eux. Je n'y échapperais pas cette fois-ci.