Pimprenelle a gagné en assurance et en maturité sur scène. Elle joue avec son public, l'affole... Elle les tient dans le creux de sa main et ils ne s'en rendent pas compte, subjugués par la mini miss à la voix enchanteresse.
- Tu as eu raison, Sanders. Je n'y croyais pas mais il y a une bonne critique à leur sujet. Me dit Dylan, notre agent. Il est venu nous rejoindre à Paris où nous sommes depuis hier.
Au festival, apparemment, ils ont déchiré. Et à Dublin, le public en a pris plein les yeux. Les Fireflies commencent à se construire en tant que groupe. Un groupe de jeunes nous a attendus après le concert de Dublin pour des autographes et quelques photos. Voir le visage de nos ados à nous quand les jeunes leur ont demandé des autographes était le remerciement parfait pour tout ce boulot effectué.
La salle se met à applaudir très fort. Ils viennent de terminer leur reprise de Sia. Une idée brillante, j'ai fini par l'apprécier contre toute attente !
Pimprenelle pose le micro sur son pied et entame une chanson très douce où sa voix mélodieuse m'électrise.
Je ne vois pas ses yeux mais je les devine, envoutants, brillants et enveloppant chaque chanceux dans une bulle en-dehors du temps... STOP!
Il faut que j'arrête! Un, je deviens ridiculement sentimental. Deux, on essaye, elle et moi, d'être amis. Ça a l'air de lui réussir à elle. C'est génial. Vraiment.
La chanson est terminée. Quel silence... ah non, c'est le calme avant la tempête. Le public se déchaîne et frappe des pieds sur le sol. Pimprenelle tourne la tête vers moi. Elle sait que je suis là, j'y suis tous les soirs. Nos regards s'entrechoquent, s'accrochent et je reçois en pleine face les émotions qu'elle ressent : fierté, étonnement et une émotion difficilement définissable.
Elle est émue et c'est avec moi qu'elle le partage.
Un dernier morceau et sous les applaudissements, les Fireflies descendent de scène. Ils sont ravis et shootés à l'adrénaline.
Après quelques accolades viriles, je retourne avec eux vers la loge. Lorenzo joue toujours avec son stupide jeu video et Jim est plongé dans un bouquin. Ils lèvent les yeux à notre arrivée.
- Au vu de vos mines réjouies, ça a bien marché ? sourit Jim. Pimprenelle s'affale à ses côtés et se met à rire, heureuse.
- Génial, fabuleux, magique... oui, ça a bien marché !
Les garçons renchérissent et la loge résonne vite de leurs commentaires et de rires. Il y a quelques mois, j'aurais trouvé ça insupportable. Mais maintenant ça me détend. Mon portable vibre dans ma poche, je le prends machinalement. Luna.
Son message quotidien. Un peu étrange, ce soir.
"Je suis aux premières loges, mon amour."
Elle ne peut pas être là, elle était encore aux Etats-Unis. Quelqu'un filme peut-être en liv e? Je jette un oeil vers Pimprenelle. Elle a posé son menton sur le dossier de la chaise de Jim et écoute attentivement une explication concernant les rituels pré-scène.
J'avale péniblement ma salive.
Il est temps pour nous de monter sur scène.
Le public est fou, fou, fou! Il y a quelques temps, une petite rousse m'a conseillé de regarder les personnes qui venaient spécialement pour nous. Qui venaient parfois de loin et qui attendaient des heures dehors pour avoir les meilleures places. Elle m'a conseillé de les regarder vraiment. Chaque personne a un prénom, une histoire et notre musique prend sa place dans leur histoire.
Et je l'ai écouté, elle a raison, ça fait un bien fou. Je ne vois pas forcément leur regard mais j'entends leurs exclamations excitées, surtout dans le public féminin. Je vois les mouvements de foule, je vois leurs lèvres remuer.
Les chansons s'enchaînent et le public en redemande à chaque fois.
-Merci Paris !!!
Ouille, des hurlements hystériques ! Je regarde Lorenzo et Jim, morts de rire. Mon accent doit plaire, je pense !
Nous avons deux rappels et nous pourrions continuer toute la nuit sans que cela ne dérange le public ! Après un dernier salut, nous descendons de scène, l'adrénaline coulant également dans nos veines après cette soirée incroyable!
Arrivé à la porte de la loge, je m'arrête net. Ethan et Darren sont en grande conversation avec Luna.
Merde, Luna.
Et merde !
Quand ils m'aperçoivent, ils s'interrompent. Le visage de Luna s'éclaire.
- Oh, chéri ! s'écrie-t-elle avant de me sauter au cou. Ses lèvres s'écrasent sur les miennes. Je ne comprends pas cette soudaine exubérance.
Un silence gêné s'est installé autour de nous. Je détache les bras de Luna et la repose sur le sol.
- Tu n'es pas content de me revoir ? me demande-t-elle, la moue déjà boudeuse.
Qu'est-ce qu'elle est exaspérante cette fille quand elle s'y met ! Où est passée la hautaine Luna, bonne au lit, et excellente en société?
-Hum, on se rejoint tous à la soirée ? propose Jim prudemment. Ils sont en train de reculer, les gredins.
Ceci dit, il faut rester logique. Luna est mon problème à moi...
- On vient avec vous ! Hein, Luna, il y a de la presse, d'autres groupes, ... ça te tente ?
Elle fait mine de réfléchir.
- Ce soir, j'avais plutôt envie d'un tête à tête mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi, mon amour ! Ça ira ma tenue ?
Elle lisse un soi-disant pli sur sa tenue parfaite, évidemment, comme toujours !
Alors que nous emboîtons le pas aux autres, Lorenzo me tire discrètement vers l'arrière. Jim s'appuie contre le chambranle pour faire barrière.
- Emi et Gabe sont déjà à la soirée avec Dylan... il ne faudrait pas faire un remake du resto...me prévient Lorenzo soucieux.
- Nous ne savons pas ce qu'il se passe entre Emilie et toi, mais elle ne mérite pas de s'en prendre plein la tronche. Ce n'est pas le moment. Renchérit Jim en me regardant gravement.
Sa remarque m'irrite.
- Qu'est-ce que ça peut vous faire, il n'y a rien entre Pimprenelle et moi, je rétorque.
Ils échangent un regard.
- Cela ne nous regarde pas, bien évidemment, mais on tient à vous deux. Et ce soir, nous ne voulons pas qu'Emi souffre, ok ?
Jim, toujours aussi réfléchi et altruiste! Il a raison, merde, ça me gave !
Je leur grogne un semblant de réponse. Luna n'a pas intérêt à se donner en spectacle.Elle ne touchera pas à Pimprenelle. Pas après... tout ce qui a pu se passer. Ils me tapent sur l'épaule et nous rejoignons les autres.
Une voiture nous attend pour nous emmener à une soirée assez sélect près de la Tour Eiffel. Luna parle des Etats-Unis avec les garçons. Je ne me rappelais pas de l'avoir déjà entendu se vanter autant. Mais là, c'est irritant à force.
Paris défile derrière les vitres, majestueuse et belle.
Nous arrivons et sommes comme de bien entendu bombardés de flashs, de questions et de hurlements à l'entrée du bâtiment. Mais c'est le jeu et Luna s'y prête volontiers.
Après quelques instants, nous pénétrons dans la salle bondée. Un rire cristallin attire notre attention.
Une magnifique jeune femme rousse vêtue d'une robe noire, moulante et fendue mi-cuisse discute avec un groupe de personnes devant nous. Luna se fige. Mon souffle se bloque dans ma gorge.Pimprenelle.
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Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)
Fiksi RemajaAlors que son enfance n'a pas toujours été des plus faciles, Emilie reprend peu à peu confiance en elle, au sein d'un petit groupe de pop-rock. Lorsqu'elle chante, elle dégage ce petit quelque chose qui fait pétiller ses yeux et qui rend la musiqu...