Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)

Meghan et Emilie: Shake It off

MEGHAN

Il a fallu une bonne semaine pour qu'Emilie se remette sur pied. Elle a insisté pour rentrer chez elle en Belgique. La mort dans l'âme, Neil a dû la laisser partir, sans lui.

J'ai décidé de l'accompagner. Parler, rire, parfois un peu pleurer, manger, beaucoup parler, regarder des séries de « filles »... et une amitié sincère a vu le jour entre Emilie et moi.

Les nombreux voyages qui ont jalonnés mon enfance ne m'ont pas vraiment permis d'avoir de vraies amies alors je savoure ma chance.

Nous passons du temps sous le saule dans le jardin de mes hôtes où j'aime à tracer quelques traits de fusain dans mon carnet.

Nous cuisinons avec le grand-père d'Emilie, Petrus Vanderbeek, qui est absolument charmant. Parfois, il parle de la maman d'Emilie, parfois de cuisine, parfois nous ne parlons pas, nous contentant de savourer la présence des uns des autres.

Le jardin est aussi le lieu de prédilection du papa d'Emilie, Pierre Vanderbeek, il nous a emmené chacune à notre tour pour nous montrer son domaine. L'endroit où il cultive ses légumes, le verger, les haies taillés par ses soins... Fièrement, il m'a ensuite conduit jusqu'au banc en fer forgé dans le fond du jardin.

-Et si tu me parlais de Meghan ?

Une boule dans la gorge plus tard, je lui ai tout déballé. Mon enfance, mon futur que je n'envisage pas du tout et la situation avec Neil et mes parents. Une main s'est déposée sur mon épaule et il a désigné le paysage devant nous.

-L'important, Meghan, quand on vit dans un monde d'apparences est de distinguer le bien du mal, le vrai du faux et l'essentiel de l'accessoire. Il n'est pas étonnant que tu ne saches quelle direction prendre... Ce n'est pas facile en temps ordinaire alors dans ta situation, c'est encore plus difficile. Essaie d'avancer, peu importe dans quelle direction, réapprends la simplicité et l'authenticité, ta réponse t'apparaîtra au détour d'un chemin.

C'est dans un silence recueilli que nous sommes retournés dans la maison.

Le soir, nous sommes à quatre et passons le temps très agréablement. Quelques fois, les deux hommes arrivent à convaincre Emi de les accompagner au piano pour chanter des vieux morceaux de Queen ou de Genesis. Ils m'obligent à chanter avec eux, moi aussi ! Je ris, je chante et le temps s'est arrêté quelque part entre la France et la Belgique.

Même si de la France, Neil m'harcèle de messages pour prendre des nouvelles de sa belle... Il veut aussi que j'essaie par tous les moyens de la convaincre d'assister à la soirée des expatriés. Il s'agit d'une soirée organisée par papa et ses amis diplomates ou voyageurs, comme Robert par exemple. Ils s'y retrouvent une fois par an pour ne pas se perdre de vue malgré les distances et le temps qui passe.

Neil a vraiment envie qu'Emilie soit là et, j'avoue, moi aussi. Je procède doucement, j'ai un plan secret pour secouer mon amie. Pas de trop car elle l'a été suffisamment, mais juste un peu, pour qu'elle comprenne qu'entre Neil et elle, c'est inéluctable.

Dans ses messages, Neil m'a parlé de papa. Ils ont eu pas mal de discussions dont une avec maman qui a avouée être au courant de tout dès le départ. Elle a pardonné les excès de mon père. Mais elle se sentait tellement mal à l'aise vis-à-vis de Neil qu'elle n'a jamais abordé le sujet. Elle n'a pas su ou voulu voir son aîné s'éloigner peu à peu d'elle. Dans notre milieu, malgré les apparences, la communication n'est définitivement pas notre tasse de thé. Tant de gâchis !

Et, donc, entre Neil et les parents, ce n'est pas encore la grande réconciliation mais ça commence à y ressembler.

Avant mon départ, mes parents ont voulu discuter avec moi pour connaître mes sentiments par rapport à ce qui c'était passé. Ma mère et moi avons pleuré car c'est ainsi dans la famille Sanders : les hommes avalent péniblement leur salive, les femmes pleurent. En privé, bien évidemment. Encore une fois, l'apparence avant tout.