Paris et ses hôtels de luxe! C'est dans l'un d'eux que nous sommes assis pour repondre aux questions d'Amelie Pandl, journaliste pour un magazine de rock.
Elle se tortille sur sa chaise, mal à l'aise devant les P.O.Y. et ne peut s'empêcher de jeter des coups d'oeil furtifs vers Neil. Neil, qui ne bronche même pas devant ses oeillades et ses battements de cils séducteurs.
Je ne sais pas ce qui s'est passé hier avec Luna mais quand il nous a rejoint pour cette interview, je l'ai trouvé très pâle et cerné. Il ne m'a pas accordé un seul regard. Je lui ai demandé de me laisser du temps. Parfait.
Ils ont tous les yeux rivés sur moi. Ah, je devais répondre peut-être? Je dois avoir un air hagard car les secours arrivent.
- Oui, nous sommes ravis, n'est-ce pas Emilie? insiste Gabe.
Je réponds sur le même ton.
- Absolument.
La journaliste semble satisfaite de la réponse. Tant mieux. Elle me sourit.
-Alors, Emilie, de tous, vous êtes la seule étrangère, connaissiez-vous les P.O.Y. auparavant ?
Elle repousse ses cheveux avant de reprendre sa liste de questions.
-Non, je ne les connaissais pas. J'ai appris à les connaitre dès mon arrivée, cependant. Les gens sont très enthousiastes les concernant. Dis-je en souriant.
-Et, quelle a été votre première réaction en les entendant ?
Ah, ça... Mon sourire s'étire un peu plus loin et je suis sûre que mon expression rêveuse doit transparaître sur mon visage.
-J'en ai eu des frissons et je n'ai plus jamais arrêté de les écouter.
Du coin de l'oeil, je vois Lorenzo s'agiter sur son siège. Elle reprend confiance en elle et s'installe face à moi.
- Parlons un peu plus de vous, Emilie. Décrivez-moi votre enfance.
Ah oui, première interview et déjà la question qui tue. Je revois Dylan arriver, tout content, car nous avions décrochés notre première interview. Là, honnêtement, je ne me sens pas très contente pour le coup. Mentir, pas mentir ? Il nous avait dit que ce seraient des questions superficielles. Mentir!
- Oh, euh eh bien, classique, je dirais.
Madame Pandl fait une moue méprisante.
- Etonnant, dit-elle, en sachant que votre mère a souffert d'un cancer du sein pendant des années et qu'elle en est morte. Classique, vraiment ?
Puis elle me fait le sourire spécial pub dentifrice. Je bondis sur mes pieds, les poings serrés, dégage la main de Gabe qui s'est posé sur mon bras pour m'apaiser.
-Comment avez-vous su cela ? demandé-je.
Sa bouche aux lèvres parfaitement dessinées forme un"o" parfait.
-Eh bien, Emilie, c'est mon travail de tout savoir. J'ai l'impression que mes questions vous gênent, pourquoi ?
Dylan se lève à son tour et me lance un regard d'avertissement.
-Mais parce que ça ne regarde personne ! m'exclamé-je.
C'est fou quand même, elle ne comprend rien celle-là !
- Bien-sûr que si, vous imaginez l'image que vous véhiculerez ? La pauvre orpheline qui réussit grâce aux P.O.Y., votre côte de popularité va monter en flèche !
-Mais je m'en fous bordel ! Ma mère n'a rien à voir avec ma musique, laissez-là en dehors de ça !
Oui... c'était exagéré, je n'avais pas besoin de crier, ni de me réfugier dans les toilettes. Je le sais. Et je sais aussi que je mérite les remontrances que Jim et Dylan sont en train de me faire pendant que l'interview continue. J'ai signé un contrat et ce genre d'interviews en fait partie. Mais je ne réponds pas, me contentant de fixer le vide. Je ne pourrais pas, je ne pourrais pas...
La porte s'ouvre laissant place à Neil. Son expression est inexpressive et sombre. Je m'en fous, il ne me fait pas peur. Il fait signe à Jim et Dylan de nous laisser seuls. Jim me prend dans ses bras et murmure contre mon oreille.
-Ne t'en fais pas, Emilie, c'est notre faute, nous aurions du vous préparer. Je suis désolé pour ta maman, vraiment. Mais il faudra que tu apprennes à jouer le jeu.
Il m'embrasse le front et sur une dernière pression, me relâche. Neil croise les bras
Quand nous sommes seuls, je m'attends à voir son visage se détendre mais non, il ne se déride pas.
-Emilie, cette journaliste va te démonter. Tu vas rentrer et répondre à ces putains de questions ! Tu voulais chanter, non ? Tu prétends être assez forte pour affronter le showbizz ? Alors tu vas y aller !
-Mais Neil, ma mère n'a rien à voir...
Il me coupe et siffle entre ces dents.
-On s'en fout de ta mère ou de ta petite vie, tu entres là-dedans et tu termines l'interview, suis-je assez clair ?
Un froid glacial est en train de prendre possession de moi, chaque fibre de mon corps semble atteint . Plus de Pimprenelle ni de douceur.
-Neil..
- Arrête ça tout de suite, Emilie ! rétorque-t-il. Son regard est plus énigmatique que jamais.
Je hoche la tête, vaincue et entre dans la pièce. Les garçons me sourient pour m'encourager. Je soupire.
- Excusez-moi dis-je à cette journaliste.
Elle hoche la tête avec commisération...et reprends le feu de ces questions.
....
L'interview s'est terminé avec une séance de dédicaces improvisée. En sortant de l'hôtel, des fans nous guettaient. Nous avons laissés la place au P.O.Y. mais des fans se sont précipités vers nous avec des questions et des compliments. Ravis, nous nous sommes bien volontiers prêtés au jeu.
De retour à notre hôtel, je m'enferme dans ma chambre et reste sourde aux battements contre la porte ou les multiples appels qui secouent mon portable. A la place, je glisse ma tête dans l'eau du bain. Et enfin, je laisse libre cours à mes larmes. Humiliation, rejet, des sentiments que je connais bien. Qui font partis de moi. Qui ont accompagnés mes premiers pas dans ce monde.
Lorsque j'émerge, un visage souriant me fait face. J'ai un mouvement de recul et glisse dans la baignoire en éclaboussant Meghan.
- Meghan?
Avec un petit rire, elle me tire hors de l'eau et me tends une serviette.
-Rends-toi décente, je vois que j'arrive à point nommé. Je viens faire ton éducation, jeune fille!
Pendant que je me sèche, elle s'est rendue dans la chambre et je l'entends passer commande d'un repas pantagruélique. Je n'ai pas faim. Pendant que j'enfile une tenue confortable, je regarde mes formes qui disparaissent peu à peu depuis que "mon rêve" se réalise. Et quel rêve...
Lors de mon retour dans ma chambre, Meghan vient vers moi, me tient par les épaules pour scruter attentivement mon visage.
-Tu sais, Emilie...parfois on rencontre une personne et on sent son coeur se réchauffer, on sait que cette personne ne sera pas n'importe qui. Le coup de foudre amical, tu connais? Moi, je ressens ça pour toi. J'espère que je pourrais être ton amie. Neil m'a appelé pour me dire que tu aurais besoin de moi. Nous étions à Bruxelles, justement. Alors, je suis venue. Tu veux bien de mon aide?
Nous échangeons un regard, dans le sien je peux lire tant de bonté qu'un déclic se fait dans ma tête et je hoche la tête. J'ai envie de pleurer. Bravo Emilie tu ne fais plus que ça.
Neil l'a appelé...pour moi.
Tout autour de moi s'effondre mais j'ai des amis. J'ai une amie. Dans la vie d'une fille, ce n'est pas rien.
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Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)
Dla nastolatkówAlors que son enfance n'a pas toujours été des plus faciles, Emilie reprend peu à peu confiance en elle, au sein d'un petit groupe de pop-rock. Lorsqu'elle chante, elle dégage ce petit quelque chose qui fait pétiller ses yeux et qui rend la musiqu...