Une Raison de Partir

30.

Laurent et moi sortons de la maison et nous dirigeons vers la cage dans le jardin. Laurent retire le drap d'un coup sec et les oiseaux commencent déjà à s'affoler. Je me met alors à lui poser plein de questions.
"- Ça fait combien de temps qu'ils sont dans la cage ?
- Je dirais 2 semaines.
- Ok... Vous les avez acheté, ou capturé ?
- Je les ai tous capturé.
- Comment ?
- Je place des pièges dans le parc près d'ici.
- Seulement en faisant ça ?
- J'ai mis quelques fois des pièges dans mon jardin.
- D'accord... est-ce que vous connaissez bien les oiseaux, et les espèces que vous avez en particulier ?
- Non pas du tout.
- Ok... bon..."
Je continue encore avec quelques questions puis fais une pause.
"- Vous n'allez pas être d'accord avec moi mais la meilleure des solutions est tout d'abord de les relâcher. Tous sans exception.
- Quoi ?? Hors de question ! J'ai mis 1 semaine entière à attraper tous ces oiseaux !!
- Je me doute bien... mais ce n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre !! Au moment où je prononce le 'Ça' je pointe du doigt la cage d'un air dégouté.
- Mais enfin tu es folle ma pauvre fille !!
- Non monsieur. Je vais vous dire, il faut les relâcher. La meilleure façon d'apprivoiser un oiseau de jardin, c'est de ne pas l'effrayer et l'enfermer dans une cage !
- Mmmh... dis moi alors comment on fait."
Je lui explique alors tout en détails et lui montre comment chaque espèce d'oiseaux vit.

Paul, alias Mathieu, finit par se lever et nous rejoint après avoir mangé. Nous discutons tout les trois presque toute la matinée.
Après le retour sur le sujet de 'libérer les oiseaux' Laurent ne semble toujours pas décidé à laisser partir ces petites bêtes. Nous en parlons encore, pendant que Paul s'absente de temps à autre pour se changer, reprendre à manger, ou je ne sais quoi encore.

Au bout d'une heure encore de négociation et d'explications, je réussi à convaincre notre hébergeur de libérer les oiseaux. Mais il refuse de le faire lui-même. Je m'approche alors de la cage, ouvre doucement le verrou, ce qui excite la grande majorité des oiseaux, puis ouvre la porte. Quelques-uns des volatiles sortent, mais les autres restent à l'intérieur. Je passe donc une main dans la volière et en attrape un puis le relâche dehors. Je fais de même avec le reste jusqu'à vider la cage complètement. Une fois ceci fait, je me retourne et regarde dans le ciel, certain ne sont pas encore totalement partis et son bien visible dans le fond bleu. Je sourie de satisfaction et me tourne vers Laurent. Il a l'air complètement bouleversé par ce qui vient de se passer.
"- Ne vous inquiétez pas, vous en aurez d'autres, et ceux ci étaient malheureux.
- Oui, ... bon allons, j'ai un peu faim. Je propose d'aller manger et on reviendra s'occuper des oiseaux après.
- Euh d'accord."

Nous retournons dans la maison, je rejoins Paul dans le salon, devant la télé. Laurent va dans la cuisine faire chauffer une pizza. Nous mangeons, puis retournons, seulement Laurent et moi, dans le jardin. Paul préfère rester devant l'écran à regarder les infos. J'explique encore à Laurent comment apprivoiser un oiseau puis lui je lui fais une liste des nourritures pour oiseaux et le matériel dont il aurait besoin.
"- Tu pourrais aller acheter tout ce qui y a sur la liste pour t'occuper des oiseaux s'il te plaît ?
- Tout ça ?!?
- Oui. C'est compliqué de s'occuper de petites bêtes comme ça vous savez. Euh tu savais pardon je m'emmêle les pinceaux encore.
- Pas de problème. Ok j'y vais maintenant, je serai de retour dans une heure. Je vais en profiter pour faire quelques provisions de nourriture pour nous en même temps.
- D'accord à toute à l'heure."
Laurent se dirige donc de ce pas vers la maison, met des chaussures et sort. Je retourne dans le salon avec Paul, je m'assois sur le canapé à côté de lui. Il m'ignore complètement alors je le lance un peu :
"- Hey, qu'est ce qui y a ?
- Rien je regarde les infos pour savoir si on parle de nous.
- On passe déjà dans le journal donc ça n'est pas impossible de nous voir aux infos.
- Mmmh.
- Quoi ?
- Rien." Il m'a parlé d'un ton très sec. On dirait qu'il ne veut pas me parler, ou me fait la gueule.
"- Si, y a quelque chose.
- Ah et quoi à ton avis ?
- Pourquoi tu t'énerve ? Calme toi je t'ai rien fait de méchant !
- Mais tu nous as mis dans une grosse merde en demandant service à ce mec ! De un on le connait vraiment pas, de deux il peut appeler la police à tout moment juste pour gagner l'argent !
- Comment ça gagner de l'argent ? On est quand même pas mis à prix !
- Bah toi non, mais moi si...
- PARDON ?!?
- Mes parents me cherchent, ils ont dit que celui ou celle qui me retrouvera et me rapportera à eux, sera récompensé de beaucoup d'argent.
- Ah merde..."
Je m'arrête et fixe le sol pendant une dizaine de secondes puis reprend la parole :
"- On doit partir.
- Quand ? Maintenant là tout de suite ?
- Non. On va faire les cons.
- Comment ça ?
- On va attendre que Laurent revienne des courses, on prendra un peu de bouffe dans nos sacs et on partira.
- Ce soir donc.
- Oui."

Satisfait de notre choix, nous préparons nos sacs, attendant que notre hébergeur revienne. Il rentra environ 30 minutes plus tard. Nous l'aidons à tout ranger dans les placards et le frigo. Nous en profitons pour repérer ce qui est préférable de prendre puis allons dans la chambre pour faire un point sur le déroulement de la soirée. On se fixe une heure de départ et je suis chargée de distraire Laurent dans le jardin, pendant que Paul va chercher quelques boîtes de tout et n'importe quoi dans la cuisine.
Il est presque 19h, je descend les escaliers et demande à Laurent de m'accompagner dans le jardin pour lui expliquer comment apprivoiser un oiseau en "l'habituant à la présence humaine". De temps à autre, je jette un regard en direction de la fenêtre et aperçois Paul passer par ci par là. Au bout d'un bon quart d'heure, j'ai fini toutes mes explications et prétend avoir oublié le dernier sac de graine dans la cuisine. Laurent m'attend dans le jardin, je me précipite à l'intérieur pour dire à Paul de rentrer dans notre chambre et de finir les sacs puis retourne dehors les mains vides.
"- Je ne trouve pas l'autre sac de graines.
-Lequel ?
- Celui de 2 kilos.
- Je n'en ai pas acheté, tu ne m'as pas dit d'en prendre.
- Merde, j'aurais dû. Je pense que le magasin est encore ouvert tu ne pourrais pas aller voir ?
- Euhm il se fait tard non ?
- Oui mais le mieux est de commencer dès aujourd'hui.
- On ne peut pas utiliser les graines que j'ai déjà ?
- Ce ne sont pas celles là qu'il faut. Tu peux aller au magasin s'il te plaît.
- Bon d'accord..."
Il se dirigea vers l'intérieur en me lançant un sourire légèrement pincé. Je le suit, satisfaite de mon petit rôle d'acteur si bien joué.

Je quitte la cuisine et m'apprête à monter les escaliers,quand j'entend Laurent passer un appel. Je continue de monter les marches plus lentement puis m'arrête pour écouter.
"- Allô ?
- *voix à l'autre bout indistincte*
- Bonjour je vous appelle pour vous demander si les deux adolescents qui ont fugué et qui se trouve encore dans la ville sont toujours recherchés ? ... mmh..?...... d'accord monsieur.... Et bien je vous informe qu'ils sont chez moi monsieur.... oui parfaitement.... non ils ne savent pas que je vous appelle..... je leur ai dit que je partais faire des courses vous pourriez en profiter pour venir.... oui je sais il est tard.... oh rien de méchant je leur ai proposé de les héberger pour les aider et je vous ai appelé sur le moment.... depuis hier soir monsieur.... mon adresse ? ... oui je comprend...."

Je n'écoute pas la suite et pars dans la chambre rejoindre Paul. Il avait réunis toutes les affaires. Je fini mon sac puis entend Laurent monter les escaliers. Je lui explique très brièvement ce qui s'est passé, puis nous cachons nos affaires et nous installons sur un lit pour faire comme si nous parlions. Il ouvre la porte doucement et passe sa tête.
"- Je pars, je serai là dans peu de temps, à tout à l'heure.
- À tout à l'heure Laurent."
Paul avait pris une voix très enthousiaste. Quant à moi je me suis contenté de le faire signe de la tête. Laurent sort de la chambre et descend les escaliers. Nous attendons le bruit de la porte qui se ferme puis nous nous précipitons vers la sortie de la chambre.

Je tire sur la poignée mais la porte reste bloquée, Paul essai à son tour sans changer la donne.
"- Elle est fermée à clef !!
- Il nous a enfermé le con !
- Je t'avais dit de pas lui faire confiance bordel !!
- C'est pas ma faute !
- Et maintenant qu'est ce qu'on fait ?"
10 secondes plus tard, nous entendons les sirènes de police retentir dans la rue et se rapprocher.
Paul se dirige à grand pas vers la fenêtre et voit les voitures stationner devant la maison.

"- Louise on est mort là..."