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J'essai de visualiser où je suis exactement et reconnais le vieux chêne au loin. Je me faufile entre les hautes fougères et retrouve l'arche formée par un sol pleureur. Cette forêt, qui n'est si petite que ça finallement, et remplis de tous les arbres et fleurs que l'on peut imaginer. Je m'arrête, respire un grand coup, puis reprend ma marche rapide. Je passe sous l'arche et m'enfonce encore plus loin. Je connais cet endroit comme ma poche. Après l'arbre couché, je tourne à gauche, puis m'accroupi légèrement pour passer sous les feuilles. J'arrive devant un autre grand sol pleureur. J'avance et traverse un rideau de feuilles pour aboutir à ma cachette. Depuis que j'ai emménagé à Nantes, je connais bien cet endroit. Cette magnifique cachette.

C'est une sorte d'igloo de feuilles. Dans un coin, un chêne sur lequel j'ai l'habitude de monter pour vérifier qu'il n'y ai personne qui n'approche. En cas de venu d'un "corps étranger", je fais un léger bruit assez aiguë. C'est le bruit que font les souris et les mulots lorsqu'il sont en détresse. Cela attire alors les renards. Donc, quand quelqu'un s'approche trop près de la cachette, je fais ce cri de détresse et un renard vient. Il cherche et se retrouve nez à nez avec "l'intru". En général, la personne est fasciné et fixe le renard. Lui, prend peur et pars à toute vitesse. Alors la plupart du temps, le personne le suit puis abandonne la poursuite.

Je pose mon skate et le recouvre d'un tapis de camouflage. En cas de toute situation, j'ai prévu les choses à l'avance. Je grimpe dans l'arbre et accroche mon sac par une bretelle à une branche. Je conrinue ma montée jusqu'à mon point favori. Je m'installe sur une grosse branche comme si c'était un siège et écarte un peu le feuillage pour analyser tout individu venant. Je bloque ma respiration quelques secondes, reprend mes esprits, puis observe avec la plus grande attention.
Personne en vue.

Je reste un moment posée sur ma branche et attend. Le moindre bruits, le moindre signal me ferait réagir. J'attend. Longtemps. Je retiens ma respiration par moment et écarte de temps en temps le feuillage. Soudain j'entend des pas. On dirait un pas de course. Ou du moins assez rapide. Les pieds font craquer les feuilles tombées sur le sol. Mon sang se glace, je suis prise d'épouvante. Je reste immobile écoutant de mon mieux les bruits.
Les pas se rapprochent, puis un cri vint couvrir le son
"- Ehoooo !!!!! Louise !!! Je sais que tu es là arrête de te cacher !!"

Putain il va pas me lâcher celui là à la fin ?!?!? Je ne bouge pas. C'est alors, qu'entre les feuilles de l'arbre, j'aperçois le psychopathe me cherchant. S'il lève la tête, je suis fichu, je me baisse alors doucement. Mes membres se remettent à trembler.

Puis les pas s'arrêtent. Mon sang ne fait qu'un tour et se stop net. Je bloque une nouvelle fois ma respiration. Et les pas reprennent une marche assez vive en s'éloignant. J'expire tout ce que j'ai dans les poumons et fixe le diable paternel s'éloigner.

Je patiente quelques minutes et descend du bel arbre, prenant mon sac resté sur une autre branche au passage. Je sors complètement de ma cachette et ramasse des grandes feuilles et vieilles branches. Je réunis tout ça dans l'igloo végétal, retrousse mes manches et commence à renforcer les murs. Histoire d'être sûr qu'on ne puisse rien voir au travers des feuillages. Une fois cette chose de faite, je me repose enfin. Je m'accroupi dans un coin et pense. Je me fais encore un récapitulatif de tous les événements puis commence à m'endormir. Je regarde l'heure : 21h00... Bon... Je monte dans l'arbre pour trouver une place pour dormir cette nuit mais rien. Pas une branche n'est assez à l'aise pour s'installer. Je descend alors, retire le camouflage de ma planche de skate et met mon sac sur le dos. Je sors de l'igloo végétal et me dirige vers un endroit moins brousailleux. Si mon père me cherche la nuit...

Je décide donc de changer de décor. Je vais plutôt vers des vieux immeubles. L'entrée est bloquée. Pff... Comme si ça allais être ouvert à tout le monde. Je pars plus loin. La nuit commence à tomber je ne vais bientôt plus rien voir. Je continue ma route toujours sur mes gardes. J'aperçois au loin une autre sorte de forêt bizarre. Très dense et assez étendue. Je me faufile entre les arbres et me retrouve face à un énorme arbre dont le tronc ferais environ 2 mètres diamètre. Les branches commencent assez bas. J'entreprend de monter. Je cache mon skate dans un buisson et reserre les bretelles de mon sac. Je saute plusieurs fois avant de réussir à attraper la branche la plus basse que je vois. Je me hisse sur la branche à la seule force de mes bras. Le bois est assez solide et peut donc supporter tout mon poids. Je monte les branches une à une. Une fois à une hauteur de sécurité bien estimée, j'arrive sur une branche très large. Assez pour y passer la nuit en sécurité.
Je m'installe le plus confortablement possible, accrochant mon sac un peu plus loin. Je m'allonge du mieux que je peux et essaie de dormir. Pas moyen de fermer l'oeil.

Nuit blanche.

Les larmes m'ont tellement blessées que j'ai peur que mon sommeil me plonge dans une vie infinie. Plus un éveil. Plus jamais. J'ai des putain de courbatures dans tous les membres. Je m'assois sur la branche et attrape mon sac avec un peu de mal. Je fais un petit récapitulatif de ce qu'il y a dedans :

Un bloc note et ma trousse
Mon paquet de cigarettes
De la monnaie
Un couteau
Un foulard
...

Je commence à avoir froid. Mon foulard de changera rien. Je regarde l'heure et m'aperçoit qu'il est 9h00. Mes parents doivent être parti travailler. Mais ma mère doit s'inquiéter non ? Et mon père fera sûrement genre qu'il est inquiet aussi alors qu'il n'en a rien à foutre.

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant