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Puisqu'il s'en fou moi, il doit être en train de travailler, le diable. Maintenant je l'appelerais comme ça. C'est mieux que... Papa... En revanche ma mère doit être resté à la maison au cas où je rentrerai. C'est ce qui me semble logique. Peut-être ont-ils appelés la police ? Peu importe.
Je prends mon courage à deux mains et descend de l'arbre avec mon sac sur le dos. Je retire mon skate des feuillages, et sors de cette mystérieuse forêt dont je ne doutais l'existence.

Lorsque j'arrive chez moi. La voiture de ma mère est garée devant la maison. Pas celle du diable, tant mieux. Je m'approche de la porte d'entrée. Elle est ouverte ! Pas ouverte ce veux dire qu'elle n' est pas fermé sans être verrouillé. Je veux dire ouvert. La porte est même grand ouverte. Qu'est ce qu'il s'est passé ?
Je prend mon skate dans la main et entre doucement et très prudemment dans l'habitation. Pas un bruit. Je vais dans la cuisine et trouve les tiroirs ouverts, les couverts par terre... Je jette un œil au salon qui m'a l'air d'être comme d'habitude, normal. Je monte à l'étage est vais dans le bureau de mon père. Des feuilles sont étalées partout sur le sol, les tiroirs du meuble sont ouverts, les boîtes de punaises sont éventré sur le sol également. Je me dirige alors avec grande inquiétude dans ma chambre. Celle ci est complètement démolie, les meubles sont renversés, mes livres ouverts, mes cahiers, mes documents, ma couette est défaite, mes photos sont éparpillées partout... Je me crispe pendant quelques secondes puis entend une sorte de léger gémissement. Il vient de la chambre de mes parents. Je sors de ma chambre et m'approche de celle de mes parents. Mon corps se met a trembler, mes bras deviennent mous, mes jambes me font avancer lentement.

Je m'arrête devant la porte fermée de la chambre. J'écoute avec attention tous les sons. Le gémissement, encore plus faible que tout à l'heure, refait surface. Il dure un peu plus longtemps. À vrai dire ça ne ressemble pas vraiment à un gémissement. Comme un cri de douleur étouffé. J'avance la main et appuie lentement sur la poignée, puis je pousse la porte délicatement. Je fixe le sol. La lumière est allumée mais les volets sont fermés et je vois une sorte de flaque sur le sol. J'avance d'un pas et ne comprend plus rien. Le flaque sur le parquet continue de s'étaler, elle est rouge. Translucide, rouge, ... Du sang. Partout sur le bois. Mon sang se glace, j'entend encore les bruits étouffés. J'entre complètement dans la chambre et aperçois... Non c'est impossible !

Ma mère attaché sur une chaise, par une corde. La tête baissée, les membres las, le sang continuant de couler, les bleus partout sur les bras et les jambes, un couteau sur le sol, des coupures visibles sur sa peau. Je m'effondre en larmes, le cœur serré, la gorge nouée. Je me précipite à genoux à ses pieds et aperçois son visage entre ses longs cheveux détachés. Le nez coule, un oeil au beurre noir, la mâchoire de travers. Elle me regarde les yeux plein de larmes et me dis très bas :
"- Il va revenir,... Pars. Pars loin, très loin, le plus loin possible.
- Mais...
- Chhhhhtttt..."

Je caresse sa joue et me dirige vers l'arrière de la chaise pour la détacher mais elle m'interrompt
"- Arrête, ne perd pas de temps. Prend un sac et pars, si la vie a choisi de laisser mon âme ici, elle le fera."

À ces mots, je me remet à pleurer et me jette au sol une nouvelle fois.
"- Dépêche toi il va revenir."
Je me relève doucement, marche, me retourne puis la regarde. Avec désespoir, je quitte la chambre jetant un dernier regard sur maman... Ma maman adoré qui m'a élevé, supporté, aidé... Et maintenant je dois la laisser ? Elle me regarde, et je lis dans ses yeux "pars ou tu le regrettera". Sur le seuil de la porte, je me retourne un dernière fois et dis doucement
"- Maman... Je t'aime...
- Moi auss..."
La porte d'entrée s'ouvre brusquement. Mon père gueule et monte les escaliers. Je vais dans ma chambre, ferme la porte puis me précipite sous mon bureau. Si le diable ouvre la porte il ne me verra pas.
Il arrive et passe devant ma chambre sams entrer. Je soupir et tend l'oreille. Il va dans la chambre et gueule encore. Puis j'entend les claques résonner dans toute la maison. Je prend mon sac à dos qui traîne par terre et le serre contre moi.
Ma mère crie de douleur puis plus un bruit. Je tend l'oreille autant que je peux mais rien. J'ouvre mon sac et le vide des bricoles se trouvant dedans et ramasse les vêtements au sol que je peux atteindre sans m'éloigner du bureau et de la fenêtre. Je reprend des allumettes et encore un peu de monnaie qui traîne puis je m'approche de la porte pour essayer de sortir mais mon père sort de la chambre. Je court sous mon bureau et reste quelques instants espérant qu'il n'entre pas dans ma chambre. Par chance, je l'entend descendre les escaliers et sortir de la maison. La voiture démarre, et s'éloigne.

Je sors de sous le bureau, et vais dans la chambre de mes parents. J'entre brusquement puis lève la tête les yeux plein de larmes mais n'aperçois pas maman. Je cherche dans la chambre mais rien. La chaise est toujours là, les cordes disparus, du sang... mes larmes, encore sur le bord de mes yeux, débordent et coule sur mes joues.

Je retourne dans ma chambre en courant, ramasse quelques objets au sol et descend au rez de chaussée, je la cherche encore mais rien. Si... un mot posé sur la table

Ne compte plus sur ta mère
Dans quelques heures
Elle ne fera plus partie de ce monde

Affolée, je prend mon skate, ouvre la porte et sors en courant laissant la porte ouverte. Je m'éloigne un peu mais m'arrête. Je me retourne, regarde la maison une dernière fois.

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant