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J'écris un message à Alex pour lui dire que je n'irai pas en cours mais avant de l'envoyer, je regarde ma fenêtre quelques secondes et efface le brouillon. Je m'avance vers la potentielle issue. Mes jambes tremblent, mes mains tremblent, tout mon corps tremble.

J'ouvre mon vasistas et place ma chaise de bureau en dessous puis monte dessus. Je sors ma tête, observe mon entourage et vois que ma mère est partie travailler en bus : sa voiture est garée dans l'allée de l'entrée. Je descend de la chaise et prend mon sac à dos. Je met quelques bricoles, dont mon paquet de clopes avec le briquet, un petit bloc note et ma trousse, accompagné d'autres choses plus ou moins nécessaires. Je ferme le sac, met un fin gilet et prend de la monnaie. Je remonte sur la chaise. Je pose mes mains sur le rebord et, à la force de mes bras, le soulève pour venir poser mon genou droit sur le toit. Puis l'autre genou. Je me relève, sans mal. Aujourd'hui, Lilly a décidé de me suivre on dirait. Elle sort à son tour et se pose sur une branche de l'arbre le plus près. Je marche délicatement sur le toi pour ne pas faire tomber les tuiles et m'approche de la voiture de ma mère. J'entend une voiture arriver. J'essaie d'aller de l'autre côté du toit pour que le conducteur ne me voit pas mais je perd l'équilibre, tombe à plat ventre et commence à glisser vers le bord du toit. La voiture ne m'a apparement pas vu.

J'essaie de me relever mais mes pieds sont dans le vide et mes genoux vont l'être à leur tour. Je m'accroche aux tuiles mais il n'y a pas de cran assez profond pour que je puisse bien me tenir. Je lâche toute prise et me laisse glisser. Mon bassin se trouve maintenant lui aussi dans le vide. Je plis les genoux pour essayer de trouver un endroit pour me retenir encore, mais rien. Au moment ou j'allais tomber, ma glissade ralentis. Mes épaules ne sont plus posé et je me retiens à la gouttière. Tiens ? Je croyais que les gouttières étaient moins résistantes. Je suis donc suspendu à la gouttière. La voiture de ma mère est juste en dessous. Je retiens ma respiration et lâche tout. Je tombe sur le toit... de la voiture ! J'ai bien réussi mon coup ! Bon d'accord c'était pas prévu comme ça mais bon. Je suis dehors !!! Et pas miracle, la voiture n'est pas trop cabossée. Je descend de la voiture et pars vers un arrêt de bus. Visiblement, Lilly veux venir avec moi aujourd'hui. Heureusement, j'ai prévu cette situation. Puisqu'elle ne peut pas monter dans le bus, je la place dans une boîte aérée que je met dans la pochette avant de mon sac et laisse la moitié de la fermeture éclair ouverte pour laisser l'air passer. J'ai l'habitude de faire ça quand je l'emmène avec moi. Le bus arrive 7 minutes plus tard. Je monte, présente mon titre de transport et vais m'assoir au fond. Après 5 arrêts, le bus arrive là où la plupart des lycéens d'un autre établissement montent. À cette heure ci, cela veut dire qu'ils commencent les cours aux environs de 9 heures. Certains me fixent pendant quelques instants, d'autres pendant plusieurs minutes.

Quand le bus s'est peu à peu vidé, un gars s'assit à côté de moi. Il a l'air d'avoir le même âge ou un peu plus. Il a les cheveux noirs, décoiffé et ses yeux vu de profil sont magnifique. Je n'arrive pas bien à voir la couleur, mais juste avec la forme, légèrement plissé, magnifique.

Il tourne la tête dans ma direction, je fais de même pour pas qu'il voit que je l'observais. Je reste plusieurs minutes le cou tourné vers la vitre du bus, puis sens une nouvelle fois, la sensation d'être observée. Je ne réagis pas mais suis bien consciente de ce qui se passe. Et puis pourquoi je m'attarde à observer, puis éviter le regard d'un parfait inconnu ? Je me pose trop de questions. Je descend à l'arrêt suivant. Je vais dans le parc de cerisiers du Japon, me pose sur le même banc qu'hier et sors Lilly de l'efer qu'elle a dû endurer. Elle se pose sur une branche pas loin de moi, afin de m'avoir dans son champ de vision. Je pense qu'elle fait ça pour me voir après je sais pas je suis pas dans sa tête.

Je sors mon paquet de clopes de ma poche et en place une dans ma bouche. Je sors ensuite mon briquet et allume avec précaution le futur vulgaire mégot. Le contenant se consume et j'en allume une 2ème. Et puis comme on dit souvent jamais 2 sans 3 ! Du coup voilà. Puis j'ouvre mon sac et en sors un stylo bille et un bloc-note. Je griffone quelques mots. J'arrache la page, la plie soigneusement, et la glisse dans la poche. Je range ensuite ma trousse et mon bloc dans le sac. Il est à peine 10h30, la pause vient de se finir, tout le monde doit être en cours maintenant.

Je me lève et pars en direction du lycée. À 10h45, je suis devant l'entrée. Qui est bien sûr fermée puisqu'aucun élèves n'est censé rentrer à cette heure ci. Je me place alors devant le secrétariat et attend qu'un parent d'élève entre. Il y en a tout le temps, je ne vois pas pourquoi, comme par hasard, aujourd'hui il n'y aurai personne. Et bien ! Cela fait 10 minutes que j'attend et toujours personne. C'est un sketch bordel !
Ah ! Enfin quelqu'un s'approche. Je met ma capuche mais l'enlève 2 secondes après. Quoi de plus suspect qu'un lycéen devant un lycée avec une capuche sur la tête alors qu'il fait un temps à aller à la plage ?

La femme arrive à grand pas en poussant la poussette d'une jolie petite fille. Sûrement une soeur d'un des élèves. Je m'approche de la porte, l'ouvre, et la lui tiens. Une fois qu'elle fût passée, je me place à sa droite pour que la femme de l'accueil à sa gauche ne me vois pas. Quand personne n'est en vu, je passe par une porte vitrée et me voilà dans la cour. Il n'y a personne, on dirait un lycée fantôme. J'en ai des frissons.
Je scrute les fenêtres des bâtiments afin de m'assurer quand les profs ne m'aie pas vue. Apparement non, je passe sous le préau en me retournant sans arrêt et monte les escaliers extérieurs avant de rentrer dans le couloir principal. Mon coeur bat à vive allure, si ce fichu lycée avait été plus petit je serais déjà partie. Je m'avance vite mais mes pas sont posés le plus délicatement possible sur le sol. J'arrive enfin au fond du couloir. Je prend l'escaliers, et me retrouve une nouvelle fois dans la cour. Ça aurait été beaucoup plus rapide si j'avais juste traversé la cour, mais on ne distingue jamais assez bien les personnes dans les salles et aussi c'est le meilleur endroit pour que tout le lycée me voit. Dans tout les cas ce sont des endroits risqués. Je rase les murs en me baissant quand il y a des fenêtres et arrive devant la rangée de casiers. Je sors la feuille de bloc-note de ma poche et la glisse dans le casier d'Alex.

Je fais demi-tour et retourne discrètement à l'escaliers et fais le même trajet qu'à l'aller. Mais à quelques mètres de l'escalier extérieur, j'entend une voix à l'autre bout du couloir :
"- Eho ! Tu devrais être en cours !"
Je me retourne et vois le pion. Merde ! J'avais oublié qu'il faisait des rondes pendant les heures de cours ! Je me met à courir aussi vite que je peux et descend les marches de l'escalier 4 à 4. Le pion s'est mit à mes trousses, une fois en bas je me retourne et le vois tout en haut des marches. Il descend très vite mais je sprint jusqu'à la porte vitrée qui donne sur l'accueil. Je ne fais pas attention si les profs m'ont vu depuis leurs salles de classes et je m'en contre fiche totalement. Je le précipite donc vers la porte, traverse l'accueil sans faire attention à la secrétaire et ouvre la porte d'entrée sans ralentir.
J

e coure sans savoir où je vais, les passants me regardent avec étonnement, les chiens m'aboient dessus, et Lilly vole à mes côtés un peu plus haut.

J'entend la porte de l'accueil s'ouvrir brusquement, je m'arrête, et me faufile entre 2 voitures garées. Les pas lourds de l'homme se rapprochent dangereusement. Je m'accroupie le plus bas possible et pivote sur mes chevilles. J'appercois, dans le rétroviseur d'une voiture, le pion arriver. Je fais le tour du véhicule en passant par la route et le vois passer très près de moi. Il s'arrête, tourne sur lui même en scrutant les environs. Puis, après un moment d'hésitation, retourne tranquillement vers l'entrée. Je me relève doucement.

Soudain, j'entend une sonnerie. Merde ! La pause du midi ! Je regarde l'heure. Déjà 12h00 ?!?! Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mettre autant de temps à déposer le mot dans le casier ?!? Pas de temps à perdre, je me remet à courir avant que les premiers lycéens externes ne sortent. Une fois assez éloignée, je siffle légèrement pour appeler Lilly. J'attend. Je siffle une nouvelle fois plus longtemps. Pas d'oiseau en vue. Je recommence encore plus fort. Putain elle fait quoi ? Je pars en direction du lycée et la voit surgir de nul part. Je ne peut pas m'm'empêcher de lâcher :
"- Putain t'étais où j'ai eu peur !" Lilly vient se poser sur mon épaule quand un couple d'un certain âge, se moque de moi.
"- La nouvelle génération pars en couilles ! S'exclame le vieux.
- Et c'est peu dire ! Y a des fous partout de nos jours !"

Lilly s'envole et nous partons tranquillement vers le parc.

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant