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L'homme crit comme si j'étais de l'autre côté de la rue :
"- Eh toi ! Je ne le regarde pas je l'ignore complètement. Un autre ajoute
- T'es sourde ou quoi ? Eho ! La fille avec le mec en fauteuil !
- Ne dit rien, surtout, continue tout droit. Me chuchote Alex.
- Elle se fout de notre gueule ma parole ! Le groupe se déplace et se dirige dangereusement vers moi
- Accélère maintenant ! M'ordonne Alex" mais je sens une main sur mon épaule droite. C'est l'un d'eux, il pose son autre patte d'ours sur l'épaule gauche et m'empêche d'avancer. Les autres passent devant moi et s'arrête devant le fauteuil. J'essaie de me dégager de l'homme mais il est sert plus fort. Lorsque l'un d'eux donne un coup de pied dans le fauteuil, j'ai les larmes aux yeux. Que veulent-ils ? Pour ça tombe sur nous ? Je suis tétanisée, tellement apeurée qu'aucun mot n'arrive à sortir de ma bouche. Le blond se pencha et fouilla dans la pochette placée sous le fauteuil. Que cherchent-t-ils à la fin ? Je me débat encore un peu mais comprend vite que c'est inutile. Alex ne dit rien mais n'est rassuré non plus. Il n'y a personne d'autre dans la rue, pas une voiture ni même un passant quelconque. Le temps me semble cent fois plus long. Alex se décide à parler afin de briser ce silence sans fin :
"- Que voulez-vous à la fin ? Fit-il avec une peu d'assurance.
- Ton fric et ta meuf.
- De quoi vous parlez ? J'ai pas de fric sur moi et c'est pas ma meuf. Cette fois-ci il parle avec beaucoup plus de confiance, ce qui les surprend légèrement.
- Demain, reviens à la même heure avec du fric sinon on te casse la gueule
- ... Et ramène ta meuf qu'on rigole un peu." Ajouta un autre.
Ils dégagèrent le passage, puis l'un d'eux fait signe à la brute de me lâcher. Ce qu'il fit aussitôt. Dès qu'ils s'éloignent, je fais le tour du fauteuil d'un pas rapide pour être en face d'Alex et pris ses mains en sanglotant. Il ne dit rien mais me regarde comme pour dire "Demain ne viens pas avec moi, je rentrerai seul". Je lève la tête pour voir s'il y a des passants. Rien. Je fixe alors Alex d'un regard profond, qu'il approfondit à la fois avec confiance et tristesse.
"- Je viendrais avec toi demain, dis-je la voix cassée.
- Non. J'irais seul. Au pire, je ne reviendrais plus jamais à la même heure.
- Si, je viendrais avec toi. Pas questions de te laisser seul avec cette bande d'abrutis.
-..." J'ai tout de même peur mais je ne veux vraiment pas le laisser seul avec ces tarés.
Je le ramène chez lui, sans placer aucune autre parole.

Une fois rentrée chez moi, mes parents me regardent bizarrement. Même après avoir bien seché mes larmes, ils savent que j'ai pleuré. Je leur ment en disant que je me suis disputée avec "une amie". Mes parents sont tristes pour moi mais quand même content de savoir que je me suis "attaché aux filles de ma classe". Je ne sais même pas comment ils font pour me croire, tellement l'excuse était bidon. Jamais je ne pleurerai si je me dispute avec une amie. Même ma meilleure. Je ne prononce pas un mot de la soirée revoyant sans cesse les images. J'ai bien cru qu'ils allaient me démonter ces gars là. Pourquoi s'en prenaient-ils à nous ?

J'essaie de penser à autre chose mais cette idée me hante. Toute la soirée, je reste le regard dans le vide. Dans mon lit, je regarde l'heure. Il est presque minuit et je n'ai toujours pas trouvé le sommeil. Je me tourne et retourne sans m'endormir, je ferme les yeux vers 1 ou 2 heures, je crois.

Le lendemain, je retourne au lycée avec le même sang glacé de la veille. Alex m'attends à l'entrée. Toute la matinée, nous ne nous parlons pas, c'est juste en début d'après-midi que nous commençons une discussion. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait très plaisir de lui parler à nouveau. J'oublie alors ce qui nous attend ce soir. Mais c'est en sortant du lycée que je m'en rappel.

Mon sang se glace à nouveau et mes pas ralentissent.
"- Pourquoi on ne fait pas un détour ? Dis-je dans l'espoir de ne pas avoir à affronter ces abrutis.
- Parce qu'on doit affronter la vie tel qu'elle est. Répond-t-il assez sèchement.
-Oui..." Plus nous nous rapprochons de la rue où nous avions été interpellé, plus mon coeur bat vite. Hier il ne s'est rien passé de grave mais aujourd'hui ? Ils ont l'air assez con pour faire du mal à deux innocents lycéens.
Soudain je sentis une présence derrière moi. À peine j'eu le temps de me retourner, la même brute m'attrapa les épaules comme hier mais cette fois, je suis face à lui. Je lève les yeux pour voir son visage mais le soleil m'aveugle. Il me tourna pour que je vois Alex. Le peu de temps que j'ai mis à me retourner et lever la tête en constatant que le soleil était aveuglant, les imbéciles s'était déjà placés en demi cercle autour du fauteuil. Alex a l'air très à l'aise. Contrairement à moi. Je suis en panique totale je ne sais pas comment je dois réagir.
"- Bonjour les enfants. Dit le mec qui semble être le leader du groupe. Vous allez bien ?
- Mieux que toi j'espère. Répond Alex, on dirait vraiment qu'il les cherchent.
- T'as ton fric sur toi comme je t'avais demandé ?
- J'ai une tête à vouloir t'obéir ?
- Ah tu veux jouer à ça ? D'accord, mais tu vas perdre." Il regarde "la brute" (comme je le surnomme), pour eux c'est un message très simple qu'il vient de transmettre. La brute m'éloigne du fauteuil, j'essaie de résister mais en vain. Trois d'entre eux s'approchent du fauteuil. La peur monte en moi. L'un donne un énorme coup de pied dans le fauteuil, un coup bien plus fort qu'hier. Puis le plus grand prit Alex par le col de son tee-shirt. Ce dernier ne broncha pas. Il le souleva de son fauteuil roulant, Alex ne touche pas le sol. J'essaie de me dégager pour lui venir en aide mais la brute grogna en me serrant à me briser les os. Je crie de toute mes forces :
"- LÂCHE-LE CONNARD !" Ils se retournent tous vers moi puis éclatent de rires.
"- Hier on t'a aussi dit de ramener ta meuf mais hier tu as dit que c'était pas ta meuf. Pourtant c'est bien la même qu'hier non ? Dit la brute
- Si je ramène pas mon fric, je ramène pas ma meuf" Alex est toujours suspendu, et ça a l'air de le déranger de plus en plus. Que va-t-il se passer? Quand nous laisseront-ils ? On a pas ce qu'ils veulent alors pourquoi ils ne nous laissent pas partir tranquillement ?

"- Tu tiens à cette fille ?"

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant