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Je descend au prochain arrêt de tram et le prend dans l'autre sens afin de m'éloigner de l'habitation d'Alex pour ne pas être tenté par l'envie de revenir le voir. Je descend du tram quelques arrêts plus loin. Il y a du monde et quelqu'un me bouscule, je lève la tête et m'excuse puis vois... Le gars du bus ! Encore lui ! C'est drôle comment je l'appelle. 'Le gars du bus' c'est bizarre... Bref.

Il relève là tête, me regarde et s'excuse à son tour. Puis il monte dans le tram. Je n'ai toujours pas eu le temps de voir ses yeux... Ou du moins leur couleur.

Je ne vais pas aller chez la vieille, dans la ville, tout le monde la connait. On l'appelle la vieille, ce n'est pourtant pas la plus âgée de Nantes, mais elle est tellement particulière, je ne sais pas trop ce que les gens lui trouve de différent. Mais j'ai passé assez de temps ici. Je ne vais pas aller chez elle, je vais plutôt trouver un abri hors de la ville.
Et si je n'en trouve pas avant ce soir, j'irais chez elle mais seulement en dernier recours.

Je me dirige alors vers un tram qui va dans une autre direction et monte. Celui-ci passe à la gare. Je prendrais un train vers Bordeaux et ensuite... Je sais pas... Qu'est ce que je vais faire à Bordeaux ? Comment vais-je trouver un refuge ? Comment avoir de la nourriture ?

Ne te pose plus de questions Louise

J'arrive à la gare 30 minutes plus tard et vais au plus vite à une borne.

Dans la journée
Paris : 16h-18h-21h
Marseille : 15h-19h-21h30
Bordeaux : 14h30-16h-20h.

Je regarde les prix puis fouille dans mon sac et n'en sors qu'un pauvre billet de 5€. Merde. J'ai laissé toute ma monnaie à la maison... Je sors encore quelques petites pièces mais toujours pas assez pour un ticket vers Bordeaux.

Devrais-je retourner à la maison ? Jamais ! Dans la crainte de croiser le diable ?
...

Je sors de la gare et marche dans les petites rues, je regarde les bâtiments anciens. Je quitte les petites rues et longe la ligne de tram jusqu'en centre ville et le traverse la tête baissée.
Jamais. Jamais je ne reverrai ces magasins dans les rues, ces vieilles maisons, ...

Arrête de réfléchir, il faut juste trouver un moyen de quitter la ville à présent.

Je sors du centre ville et reprend le tram et descend dans un quartier que je ne connais pas. Je marche sur le trottoir en observant attentivement les murs, les portes, les jardins, les fenêtres, puis la route, les trottoirs, les voitures.

Les maisons sont plutôt bien entretenues, sauf une. Une seule et unique coincée entre deux autres très belles aux murs d'un blanc éclatant.
En revanche, cette maison là est sale, les volets fermés, pas de voiture garée devant, mais pas de panneau "à vendre" non plus.
Je m'arrête devant, la regarde encore quelques secondes, puis regarde autour de moi voir s'il y a des passants dans la rue. Personne. Je m'avance alors vers la barrière et essai de l'ouvrir mais elle est verrouillée. Je passe alors par dessus et marche jusqu'à la porte tout en surveillant les alentours puis essai d'ouvrir la porte mais elle est verrouillée aussi. Je force un peu mais la poignée ne bouge pas d'un poil. Merde. Je vais à gauche de la maison mais je me retrouve face à la haie du voisin. Je pars alors à droite de la maison et vois que l'on peut faire le tour de cette dernière. J'arrive à l'arrière de la maison et m'approche de la fenêtre du rez-de-chaussée. Elle est fermée elle aussi. Putain de merde !
Je regarde mon téléphone. Bientôt 18h. J'ai marché si longtemps que ça ? Bref...
Je soupir et regarde le sol et vois quelques petits cailloux. Je tourne sur moi même et regarde alors s'il n'y en a pas des plus gros. Non...
Je pars vers la haie au fond du jardin et vois des cailloux aux pieds de la haie. Je ramasse un et pèse son poid à la force du bras puis me rapproche de la fenêtre et me stop net devant. Je reste ainsi une minute, puis recule et lance la pierre dans la vitre.

La pierre atteind la fenêtre et transperce le verre. Je m'avance pour constater le resultat. L'ouverture n'est toujours pas assez grande pour passer. Je vais reprendre un autre cailloux, plus gros que l'autre et le jette sur la vitre encore.
Cette fois la vitre se brise en mille morceaux. Je vais jusqu'à la maison et pousse du pied les bouts de verre encore incrusté dans le cadre de la fenêtre et rentre. Il fait sombre, il fait froid. Il n'y a aucun meuble, la poussière recouvre le sol et les toiles d'araignées sont présentent dans tous les coins de murs.

Je traverse la cuisine et suit un couloir qui abouti à un escalier en bois. Je décide de monter. Lorsque je pose mon pied sur la première marche, celle-ci laisse échapper un craquement. Je monte quelques marches doucements, grinçant à chacun de mes pas.
J'arrive à l'étage.

Le sol est tout aussi poussiéreux. Le palier où je me trouve donne sur 4 portes. J'entre dans chacune d'elle. 3 chambres et une salle de bain. L'une des chambres me paraît un peu plus propre. Je reste dans celle-ci et y dépose mon skate et mon sac. Puis je redescend, et visite un peu le rez-de-chaussée. Je regarde l'heure : 18 heures 30. Je remonte dans la chambre et m'asseois en tailleur devant mon sac. Il fait vraiment froid. Dehors aussi. Je cogite quelques minutes, puis ouvre mon sac et le vide sur le sol. Je remet juste dedans mon sweat-shirt, mon foulard et mon couteau suisse. Enfin... Celui de mon père... Je laisse mon téléphone avec mes autres affaires et prend mon skate et descend. Je sors par la fenêtre et met mon sweat noir, fait le tour de la maison et repasse par dessus la barrière.

Une fois sur le trottoir je pose mon skate à terre et monte dessus. Tout en roulant, je regarde les autres maisons, la rue n'est pas très vivantes... Je continue mon chemin et vais là où bon me semble, en même temps de penser à tout et rien à la fois.

Je ne ferais confiance à personne désormais. J'oublierais mon passé. Je n'aurai plus aucun sentiment. Je n'aurais plus de pitié. Aucune forme d'amour ne pourra apparaître, et sous aucune forme d'excuse pour permettre une exception...

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant