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Une fois sortie de l'immeuble, mes larmes coulent encore. De tristesse, de joie, de peur... Enfin pas vraiment de joie puisqu'il n'y a rien de joyeux. Je monte sur le skate et me propulse dans la rue afin de m'éloigner au plus vite. Je lève les yeux et vois Alex à sa fenêtre. Il me regarde. Je le regarde alors et reprend ma route.
Je prend un bus et m'assois au fond. Quelques arrêts plus loin, quelqu'un monte et s'assoit à côté de moi. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

Ah oui je sais !! Dans le bus le matin où je je suis pas allé en cours ! Je tourne légèrement la tête dans l'espoir de voir ses yeux qui avait l'air magnifiques la première fois. Il me regardait je crois. Parce que lorsque j'ai aperçu son visage il l'a tourné brusquement. Ses cheveux noirs sont toujours coiffé en pétard, ses lèvres minces, ses joues rouges, .... Ehhhhh calme toi Louise ! Je reprend mes esprits et regarde la fenêtre pour ne pas le fixer trop longtemps.
Je me lève et m'approche de la porte pour descendre au prochain arrêt. Il fait de même.
Une fois descendu, je m'arrête pour réfléchir où je peux aller, avec le temps qu'il me reste avant que la nuit tombe, le plus loin possible de la maison, et à l'abri de la pluie et des potentiels regards.
Pendant les quelques secondes où je me suis arrêté, le gars qui est descendu après moi, s'est arrêté derrière moi au dernier moment pour ne pas me bousculer. Je sens pendant un millième de secondes son souffle dans ma nuque puis il se décale et continue sa route. Je le regarde s'éloigner.
Il ne faut pas que je m'attache aux gens même si c'est juste une personne que j'ai croisé deux fois dans ma vie. Je ne veux pas me faire d'idée alors que je vais quitter la ville.

Je lâche mon skate au sol et monte dessus. D'après mes souvenirs, une collègue à ma mère habite dans le quartier. Je zig zag entre les rues jusqu'à trouver la bonne. Je cherche ensuite le numéro. Je sonne à l'interphone de l'immeuble et attend une réponse. La femme décroche, me salue et demande qui je suis.
"- C'est Louise.
- Ah, Louise ! Je t'ouvre la porte ! Monte au deuxième.
- Ok."

La porte se déverrouille. Avant d'entrer, je regarde si mon père n'est pas là. Puis ferme la porte derrière moi. Je monte les escaliers à toute vitesse jusqu'au deuxième. Est ce que je dois raconter l'histoire à la collègue de ma mère ? Je verrai en fonction de la situation...
Je frappe à sa porte, elle vient maussitôtaussitôt.
"- Entre n'ai pas peur. Qu'est ce qui t'amène à cette heure ci ? Ta mère n'est pas là ?
- Euh... J'ai un service à vous demander...
- Tu peux me tutoyer tu sais, même au lieu de dire madame comme tu le fais à chaque fois, appelle moi Catherine.
- ... D'accord Catherine.
- Et donc quel est le service que tu veux me demander ?
- Je... Euh... Mes parents ne sont pas là ce soir alors ils m'ont demandé de trouver une personne pour m'héberger. Alors j'ai pensé à vous.. Enfin à toi je veux dire.
- Ah ? Pourquoi ils ne m'ont pas appelé ? De toute façon je ne vais pas te mettre à la porte hein ! Elle ricane légèrement.
- M..merci !
- Y a pas de quoi. Mais demain j'appellerai ta mère pour la prévenir quand même.
- Euh elle n'est pas joignable de la semaine.
-Ah ? C'est curieux. Je l'appellerais plus tard alors. Mais tu vas rester combien de temps sans eux ? Tu viens de me dire qu'ils sont indisponible juste ce soir.
- Oui enfin... J'ai juste besoin d'être héberger plusieurs jours mais je ne veux pas te déranger toute la semaine, je trouverai une amie pour les prochains jours...
- Mmmh je vois... Je vais te montrer ta chambre, tu vas prendre la chambre d'invité."
Je la suit et découvre la chambre. Je m'installe sur le lit, il est assez confortable et la chambre est éclairée... Ça me convient. Enfin, pour y rester juste une nuit je n'ai pas besoin que ça ma plaise. Juste que je n'ai pas froid.
Catherine me fait un sandwich et je me couche vers 22h. Je me tourne et retourne dans le lit... Je n'arrive pas à dormir, je pense au diable, il doit me chercher, il va me trouver... Non ! Il ne me trouvera pas. Demain très tôt je pars et prend le train pour une autre ville, la plus éloignée que je trouve.

Je regarde mon téléphone :
Un appel manqué de 'Papa'
Un message de Maman "je t'aime ma fille adorée, sois fière de ce que tu es et réalise tes rêves"
Un message d'Alex "À bientôt j'espère Louise"

Après avoir lu ces message, je me sens plus apaisée et m'endors vers minuit.

Le lendemain, je suis réveillée par la lumière du soleil qui passe entre les volets et carresse mon visage. Je regarde l'heure : 9h14, je sors de mon lit tout en m'étirant. Catherine frappe doucement à la porte.
"- entrez.
- Coucou Louise, tu as bien dormie ? Je t'ai mis quelques tartines grillées sur la table avec de la confiture, un jus de fruit et du lait. Je ne savais pas trop ce qui te ferai envie. J'ai tout posé sur la table dans la salle à manger.
- ah merci
- Y a pas de quoi.
- ...
- Je pars travailler à 14h, si tu reste encore cette nuit, je rentrerait vers 4h de matin, je fais le service de nuit à l'hôpital.
- Merci mais je vais chercher une amie chez qui dormir pour ne pas te déranger.
- C'est comme tu le sens."

Après avoir mangé, m'être douchée et habillée, je m'asseois sur le lit et prend une feuille et un bloc note. J'y écris tout les noms des personnes qui pourrait m'héberger à Nantes et dans les villes voisines. La liste n'est pas très longue au final mais ça me laisse toutefois le temps de réunir mes affaires et de prévoir un billet de train pour une ville assez éloignée où il ne viendra pas me chercher.

Vers midi, Catherine me fait un sandwich que je dévore puis range mes affaires dans mon sac et pars. Je la remercie pour cette chaleureuse accueille puis disparaît définitivement de son appartement. De sa vie. Elle a quand même mon numéro mais à quoi va-t-il servir à présent ? Bref, je roule en skate vers le lieu d'hébergement assez près d'ici mais plus éloigné de ma maison.
Quand je pense que j'ai dit à Catherine que j'allais dormir chez une amie... Pfff... Une amie ? Est-ce que j'ai des amies ici ? Pas vraiment...

J'arrive devant la maison en question, descend de mon skate et m'approche de la porte puis sonne.
Pas de réponse, et la voiture n'est pas là. Je laisse tomber et va chez la prochaine personne sur ma liste. Je dois passer à Beauséjour alors prend un bus pour aller plus vite et descend à cet arrêt.

Il y a assez de monde c'est l'heure de pointe. Je prend le tram et descend au terminus. Je me dirige alors vers les immeubles.

Je parcours ensuite les rues avant de trouver la bonne puis cherche le numero de l'immeuble.
Une fois en bas je prend sonne et attend. Pas de réponse non plus. Merde. Il ne me reste que 3 personnes sur ma liste.
- la vieille
- Amandine
- Alex

Je repars pour aller chez Amandine, c'est le plus près et si elle n'est pas là, il y aura au moins sa mère qui est super gentille. Je reprend donc le tram dans l'autre sens et descend 4 arrêts plus tard.
Là aussi, l'arrêt est bourré quand je descend, j'essaie d'avancer mais le monde qui entre m'y entraine alors je force puis bouscule quelqu'un. Je lève la tête brusquent et m'excuse. Et qui je vois ? Le gars du bus ! Il me regarde aussi et s'excuse puis monte dans le tram.

Je continue ma route, et me retrouve devant chez Amandine. C'est une ancienne amie du primaire. Ma meilleure amie.
Une fois devant sa maison, je m'arrête et prend une grande inspiration puis observe l'habitation. La voiture n'est pas là, mais je vois la lumière allumé dans la chambre d'Amandine. Depuis la dernière fois qu'on s'est vue, la maison vue de l'extérieur n'a pas changé. La facade beige, les volets en bois teint d'un bleu léger, le petit chemin conduisant jusqu'à la porte est toujours composé de pierres sur lesquelles je m'amusais à sauter étant petite.

Après avoir pris cette grande inspiration, j'avance jusqu'à la porte et sonne.

Une Raison de PartirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant