La Meneuse De Sentiments

Chapitre 8

Raphaël était dans le couloir. Seul. Je m'approchai de lui et le vis serrer les poings. Il me tournait le dos mais je savais qu'il était en colère contre moi. En revanche, j'ignorais pourquoi.
- Dis, tu comptes m'éviter encore longtemps ???
Comme il ne répondait pas, je m'avançai et lui attrapai l'épaule.
Aussitôt, il se retourna et me plaqua contre un mur en levant un poing menaçant et en me coupant le souffle.
- Fous-moi la paix! Ok ??!! Ne m'approche plus !
- Pourquoi? Pourquoi tu ne veux pas me parler, qu'est-ce que je t'ai fait ?
- Grrrr tais-toi !!!!!
Il abatit son poing et je fermai les yeux me préparant au choc.
- Dégage, enfoiré !
Aurélien venait d'intercepter la main de Raphaël et le rejeta en arrière. Je poussai un cri quand je vis Raphaël et Aurélien commencer à se battre assez violemment.
- Arrêtez! Arrêtez! Je vous en prie !!!
- Ecarte-toi Linda ! Va-t-en! me cria Aurélien.
Je repartis dans la bibliothèque en cherchant Thomas du regard.
- Thomas !! Il y a une bagarre dans le couloir ! Viens vite !
- Quoi ?!!
Il se précipita dans le couloir et je le suivis de près. Aurélien était à terre et Raphaël était en train de lui bombarder la tête de coups de poing.
- Ça suffit, arrêtez-vous tout de suite !
Les garçons l'ignoraient et continuaient à se taper dessus.
Soudain, je vis les membres de Raphaël s'arrêter et il commença à se frapper tout seul. Les cheveux d'Aurélien brillaient et il avait une aura autour de sa tête.
- Aurélien ! Ça suffit ! Tu n'as pas le droit d'utiliser ton pouvoir contre des élèves!  Arrête ça tout de suite !
Comme il ne fit pas un signe pour s'arrêter, Thomas se mit à fixer Aurélien et une aura verte se dessina progressivement autour de ses cheveux, tandis que Raphaël faisait de même. Thomas fit sortir des lianes du sol et attrapa chacun des garçons. Ils se retrouvèrent suspendus au-dessus du sol. Raphaël lança un regard noir et sa liane brûla aussitôt. Il avança vers Thomas, le gifla et repartit vers les dortoirs.
- Raphaël!  Reviens!
- Bon, la salade verte, tu comptes me lâcher bientôt où tu me laisses dormir là ? dit Aurélien en le regardant avec mépris.
- Oh non! Tu vas venir avec moi voir Sylvie, et tout de suite! Et ne m'appelle plus comme ça!
Je reculai contre un mur en voyant Thomas et Aurélien passer devant moi. Une fois partis, je fermais un instant les yeux, le souffle cours, essayer de reprendre mes esprits. Puis, je courus vers les dortoirs et frappai à la porte 222.
- Oui, entrez !
- C'est moi, Morgane! Tu peux pas savoir ce qu'il vient de se passer...
Je lui racontai la bagarre et elle m'écoutait sans rien dire.
Après avoir discuté un peu, je retournai dans ma chambre pour trier mes cours. J'envoyai aussi un message à Nina pour la tenir au courant (sans lui dire pour les dons, bien sûr).
Je travaillais pendant 2h, et quand il fut 20h, je sortis pour manger. J'aperçus le groupe des filles qui m'avait accueilli le matin et j'allai manger avec elles. Quelques minutes plus tard, les garçons nous rejoignirent, mais aucune trace d'Aurélien ou de Raphaël.
- Vous n'avez pas vu Raphaël?
- Non, il est introuvable, me répondit Jason. Pourquoi ?
- Non, comme ça ...
J'étais en train de me demander où il pouvait bien être, quand Aurélien entra dans la cantine. Il avait un bandage au bras droit, et un pansement sur la joue. Il avait aussi quelques coupures sur le visage et les mains. Il s'assit non loin de notre table et commença à manger en silence.
- J'y vais, je dois encore rattraper les maths!
- Ça marche !
- Ok, à plus !
- Eh, Linda, me dit Dimitri, tu viendras faire un tennis avec moi un de ces quatre? Y'a un terrain derrière l'école.
- Ouais bien sûr! J'ai fais deux ans de tennis, je vais te défoncer !
- Hou là!!! Ça m'étonnerait, me répondit-il en riant. Bon, à plus !
Je retournai dans ma chambre, fermai à clé et m'effondrai sur mon lit. J'étais épuisée et je n'avais aucune envie de travailler. J'entendis soudain un frottement devant ma porte et je me relevai d'un coup.
- Linda... Linda, ma belle Linda... ouvre s'il te plait ...
C'était Aurélien, mais je ne répondis rien... Je n'avais pas envie de parler.
Il glissa une enveloppe sous ma porte et je l'entendis s'éloigner.
J'attendis quelques minutes et allai ramasser l'enveloppe.
Dedans, se trouvait une lettre rose, et l'écriture était proche de la caligraphie.

"Linda,
Retrouve-moi dehors, sous l'arche fleurie...
Je t'en serais reconnaissant

                              Affectueusement"

Je déposai la lettre sur mon bureau et m'appuyai sur le rebord de la fenêtre. Devais-je y aller ? Devais-je ignorer cette lettre ? Après tout je ne le connais pas... Je réfléchis quelques minutes, puis me décidai. J'attrapai une tenue potable, me fis un chignon haut, et sortis.
Je n'avais pas encore visité la cour, et c'était d'autant plus difficile pour moi de me repérer, car il faisait déjà très sombre. Je me dirigeai finalement un peu au hasard vers la haie du fond. Il y avait un passage entre deux branchages, donnant sur une petite cour. Il y avait deux bancs, une fontaine, et ... cette fameuse arche.
- Merci d'être venue belle Linda.
Je sursautai et aperçus Aurélien, adossé sur le muret qui entourait la cour.
- Tu peux arrêter de m'appeler comme ça s'il te plaît ? Qu'est-ce que tu veux ?
- Te voir, te parler, t'entendre, qu'importe... Et toi, que veux-tu faire?
- Hum... peut être en apprendre plus sur toi ?
- Je t'écoute.
-Pourquoi as-tu pu contrôler Raphaël tout à l'heure? Ce sont les violets qui peuvent faire ça normalement...
- J'ai des ascendants violets... alors j'ai hérité de certains de leurs dons.
- ... Je ne connais pas cet endroit, dis-je en m'avançant sous l'arche. C'est vraiment magnifique.
Je l'entendis s'approcher de moi par derrière, et il m'entoura la taille de ses bras. Je le laissai faire, et des frissons m'envahirent tout le corps.
-Tu viens souvent ici ?
-Non... c'est la première fois.
Ses paroles avaient glisser contre mon oreille avant de se mêler au souffle du vent. Je fermais les yeux en savourant les petits massages que faisait ses mains sur mon ventre.
- Linda...
Je me retournai et le regardai dans les yeux. Je sentis ses mains se contracter dans mon dos et je mis les miennes sur sa nuque. On resta un moment à se regarder comme ça, immobiles.
Puis, lentement, très lentement, il s'approcha de moi et m'embrassa.