Chapitre 9

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Je me réveillai très tôt le lendemain et me demandai si j'avais rêvé. Je me levai alors, plus fatiguée, et commençai à m'habiller. Je vis mes cours de la veille mais je décidai de les reporter à plus tard : je n'avais aucune envie de travailler.
Je regardai l'heure : 6h30.
J'avais donc encore 2h30 devant moi. Je me dirigeai en silence vers le réfectoire et me servis un petit déjeuner. Thomas était déjà installé mais je préférais être seule. Il n'y avait quasiment personne à cette heure-là, je pouvais donc choisir aisément ma table. Après avoir mangé, je fis un tour à la salle de bain et me rendis à la bibliothèque. Je venais juste de me plonger dans un livre quand j'aperçus Raphaël dehors. Il était en jogging et paraissait s'échauffer. Je refermai brusquement mon livre et sortis pour le voir. Je savais qu'il allait encore m'envoyer bouler mais "qui ne tente rien n'a rien!" le froid était mordant, et je dûs me forcer pour ne pas retourner à l'intérieur.
- Hey, salut Raphaël. Ça va depuis hier ? lui demandais-je, toute essoufflée, en arrivant à sa hauteur.
- Hum.
- D'accord... Et... tu fais quoi ?
- Je cours !
- Je peux venir avec toi ?
- Tu ne tiendras pas deux minutes, me dit-il en me regardant dans les yeux.
- Je veux quand même essayer !
Sur ces mots, je me positionnai à côté de Raphaël et m'échauffai avec lui.
- Prête ? Essaie de rester debout, ce serait déjà un bon début !
- Merci du conseil !
D'un coup, Raphaël démarra et je dûs partir au quart de tour pour le rattraper.
- Eh!!! Pff... préviens... pff quand tu ... démarres !!!
- ...
- Ok ...
Nous étions en train de courir depuis seulement dix minutes, et je n'en pouvais déjà plus. Mais pas question de lui avouer. Je pris donc sur moi et continuai à courir sans rien dire. Au bout d'une demi-heure, il fit une pause près d'un arbre, dans une petite clairière. Nous n'avions traversé que de la forêt pour le moment, et revenir à la lumière faisait du bien.
- Alors ? Tu abandonnes ? Je te laisse là ?
- Alors là... ne rêves pas trop !
Il haussa les épaules, se dirigea vers un petit ruisseau et commença à boire. Je m'approchai et il releva la tête, la bouche dégoulinante d'eau. Il ressemblais tellement à un chien que ça me fis rire. Pourtant, je m'accroupis et fis de même. C'est vrai que ça faisait du bien !
- Bon, allez, c'est reparti ! me dit-il, à peine relevé.
- On en a encore pour longtemps?
- Eh oui ! Désolé de te décevoir, mais il ne fallait pas venir si tu es une mauviette !
- Moi? Tu rigoles j'espère! Allez, go !
Et je partis au galop, comme lui tout à l'heure. Sauf que là, il me rattrapa sur le coup et j'étais déjà fatiguée...
Au bout d'un quart d'heure, je n'arrivais plus à suivre... J'avais la tête qui tournait et le sol semblait trembler devant moi... des gouttes de sueur me coulaient devant les yeux, m'aveuglant d'avantage. Je ralentis alors, lorsque mon pied heurta une racine, et je tombai la tête la première.
- Raph....
Ma tête heurta le sol et je ne pus pas finir ma phrase.
Il se retourna, et quand il me vit au sol, il revint sur ses pas en soupirant.
- hey, quand on ne sait pas tenir sur ses jambes, on n....
Il s'était arrêté net, et fixait un point entre les feuillages. De là où j'étais, c'est à dire le nez dans la terre, je ne voyais rien, mais j'aperçus Raphaël froncer les sourcils. Il accourut près de moi, s'accroupit et m'aida à m'asseoir.
- Tu peux me dire ce qui se pa...
- Chuttt ! Reste près de moi et tais-toi !
Il me colla contre son torse et je rougis aussitôt. J'entendis des pas, et senti une odeur entêtante de jasmin mais le corps de Raphaël ne me permettait pas de voir qui était là.
- Grrr...qu'est-ce que vous faites-là? Vous savez que c'est une propriété privée ici, et que vous avez été virés ! Allez vous-en !
- Oh ... tant de méchanceté, chaton ! Calme-toi Raphaël, on ne va pas vous manger toi et ta minette...
C'était une fille qui venait de parler, et quand elle l'avait appelé "chaton" Raphaël avait resserré son étreinte autour de moi.
- Allons, Véronica, ne brusquons pas nos messagers.
Raphaël se déplaça un peu, et je pus apercevoir une fille et un garçon aux cheveux violets. Aussitôt, je ressentis une haine profonde envers ces personnes et voulut utiliser mon pouvoir contre eux. J'essayai de me lever, mais Raphaël me ramena au sol d'une poigne de fer.
- Oh, mais dis-moi chaton, ta minette ne nous en voudrait pas quand même ? Ah oui, j'avais oublié; les roses ne s'entendent pas avec les violets... Désolée d'avoir perturbé tes ondes ma minette ...
- Véronica !
- Oui, oui, c'est bon Valentin! Bon, je serais bien restée à discuter mais nous n'avons pas que ça à faire. Tiens chaton ! Voilà une lettre à transmettre à ta très chère Sylvie ! Bon, on vous laisse...bye !
Et sur ces mots, les cheveux de Véronica s'illuminèrent et je me sentis clouée sur place. Elle ricana, puis, tous deux disparurent.
J'essayai de me lever mais c'était impossible.
- Elle m'a immobilisé avec son don !
- Attends ...
Raphaël me souleva sans difficulté, me colla de nouveau contre son torse et se mit à courir droit dans la forêt.
- Mais... qu'est-ce que tu fais? Tu ne prends pas le chemin ?
- Pff... raccourci...
Il courait à toute allure, sans ralentir, et fut vite rouge d'effort.
- Ralentis Raphaël...
Il ne fit pas mine de ralentir et continua tout droit. J'entendais son coeur battre la cadence et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Dix  minutes plus tard, il surgit au fond du jardin et fonça vers le lycée.
Les garçons qui jouaient au foot sur la pelouse s'arrêtèrent et accoururent en apercevant Raphaël griffé de partout à cause des branchages, et moi, immobile dans ses bras. Je reconnus Dimitri. Raphaël commença à tituber et Dimitri s'en aperçut. Il ne posa pas de question, comprenant qu'il se passait quelque chose.
- Raf' ça va pas ? Passe-la moi ! Je l'emmène à l'infirmerie !
Je passai donc dans les bras de Dimitri et posai ma tête contre son torse frais. Je vis Raphaël se diriger péniblement vers le bâtiment escorté par Jason. Il allait sûrement voir Sylvie.
- Que s'est-il passé? Oh? Linda ?
- Aïe!... j'ai mal au crâne... et bien...
Je lui racontai alors notre rencontre avec les violets pendant qu'il courait vers l'infirmerie. Arrivés là-bas, il me déposa sur un lit, appela une infirmière et resta près de moi.
- Elle s'est faite ensorceler par un violet... et elle a reçu un coup sur le crâne.
Après un rapide examen, l'infirmière annonça :
- Hum... le crâne, ça passera, mais le sort... Seul un violet peut annuler un sort violet...
- Mais ce sont nos ennemis !!!
- Dans ce cas, il n'y a qu'une seule solution...
- Aurélien...
- Va le chercher, jeune homme !
Je vis Dimitri partir et revenir quelques minutes plus tard avec Aurélien. Maintenant que j'avais fait plus ample connaissance avec Raphaël, et que j'ai réfléchis posément, je n'étais plus certaine que mon baiser de l'autre jour était une bonne idée ....
- Salut princesse! Je vais te libérer, ma belle !
Il posa immédiatement ses mains douces sur mes épaules et commença à utiliser son don. À peine quelques minutes plus tard, je fus libre.
Je depliai avec précaution mes bras et mes jambes engourdis quand Aurélien se pencha et m'enlaça.
- Et voilà belle Linda ! Tu peux à nouveau bouger.
Soudain, un hurlement se fit entendre dans le couloir.
- Qu'est-ce que c'est?
- C'est rien, princesse ! Ça doit être un jeune qui s'est fait une entorse, comme d'hab'.
Et sur ces mots, il m'embrassa sans que je pus faire un seul mouvement. Au même moment, je vis Raphaël arriver sur un brancard, se tenir le ventre et serrer les dents pour ne pas crier.
Je repoussai brutalement Aurélien et criai, affolée :
- Raphaël !!!

La Meneuse De Sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant