Chapitre 11

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Je me reveillai le lendemain avec des ampoules sur les mains. Je voulus attraper mon portable lorsque j'aperçus Aurélien dans un coin de ma chambre. Je laissai échapper un cri et remontai précipitamment les couvertures sur moi.
- Ah mais qu'est ce que tu fais là ?  Je te signale que tu es dans ma chambre ! Quoi ? T'as perdu la tienne ? Allez ouste!  Dehors !
- Hou là! Les grands mots, dès le matin ... calme-toi princesse! Si je suis là, c'est uniquement pour assurer ta protection... et puis ... tu es belle quand tu dors !
- Espèce de petit pervers ! Tu voulais juste me voir ! Et puis... me protéger de quoi ? Imbécile...
- Bon écoute ! Si tu n'es pas décapitée ce matin, c'est grâce à moi ! Alors tu pourrais au moins me remercier !
-.... Tu te fous de moi là ? D'où je me serais fait décapiter? Tu as eu des tendances de meutre cette nuit ?
-... Linda ... quelqu'un s'est infiltré dans ta chambre cette nuit ... si je n'étais pas arrivé à temps tu serais ... morte!
- ... C'est ... pas vrai ! Non ! Je ne te crois pas ! Ça ne peut pas être vrai...
- Désolé de te décevoir, mais c'est la vérité... Tu devrais aller voir Sylvie...
Je sortis en hâte de mon lit, poussai Aurélien dehors, et commençai à m'habiller. Je n'arrivais pas à croire Aurélien... pas cette fois ...
Je sortis peu de temps après, et me dirigeai vers le bureau de Sylvie. Au moment de frapper, M. Belhoste sortit, me sourit et repartit vers les salles de cours.
Sylvie m'aperçut et me dit:
- Entre Linda, entre !
- Bonjour Sylvie...
- Aurélien t'a raconté ?
- ...
- Bon, ... assieds-toi ...
- Alors ... c'est ... c'est vrai ?
- Malheureusement, oui... Aurélien nous a dit que c'était un violet qui était venu cette nuit. Il a entendu un léger bruit et a préféré ouvrir la porte pour vérifier. Il a bien fait ! Sinon, je n'ose pas imaginer le désastre!
- Mais ... pourquoi ? Pourquoi moi?
- On ne le sait pas encore.... Il vaudrait mieux que tu sois prudente pour l'instant...
- Ouais ... mais comment peut on savoir si il voulait vraiment me tuer ?
- c'est vrai... ce n'est pas sûr mais Aurélien crois avoir aperçu une lame. Ça reste à confirmer.
- Au fait... Comment va Raphaël?
- Mieux ! Il faut croire que tes massages lui ont fait du bien !
- Ah, vous savez...
- ne t'inquiète pas, on fera comme si il ne s'était rien passé. Mais évite quand même d'utiliser ton pouvoir contre des personnes comme ça.
-Merci Sylvie et tant mieux ! Je retourne le voir.
- Fais attention ...
- Promis !
Je me dirigeai donc vers l'infirmerie et entrai sans frapper. J'aperçus Raphaël éveillé.
- Raphaël... ça va ?
- Hum...
Il était adossé contre le mur, le regard dans le vide et les mâchoires serrées. Il ne devait pas avoir beaucoup dormi vu la taille de ses cernes.
Je m'approchai de quelques pas puis m'arretai indécise face à son manque de réaction.
-... Tu veux que je reste ? Ou que je m'en aille...
Il me regarda un instant, serra les dents et gémit, puis finalement me dit :
- ..... Re....reste...
Je souris et m'assis près de lui.

Le soir venu, je retournai dans ma chambre, mais je n'étais pas fatiguée. Je vis une pochette avec les cours d'hier et d'aujourd'hui. Sûrement Morgane. Je m'approchai de la fenêtre, là où avait eu lieu le soi disant combat. Ma fenêtre donnait sur la partie plate du toit. Il était donc facile d'enjamber le rebord pour se retrouver dehors. C'est ce que je fis sur le champ. Je voulais des preuves... quelque chose qui prouve que c'était vrai....
Je me retrouvai donc dehors, face au vent et m'avançai sur le toit. La vue d'ici était magnifique et je voyais toute la cour. J'aperçus un couple se diriger vers la forêt, ils avaient l'air heureux... je restais là pendant un temps, jusqu'à ce qu'il fasse totalement nuit. Puis, je retournai dans ma chambre et fermai bien la fenêtre à clé. Le lendemain, je me réveillai avec l'intention d'aller en cours. Je me préparai donc et montai vers la salle d'histoire.
En entrant, le prof me dit :
- Tiens ! Une revenante! Assieds-toi.
Je pris place à côté de Thomas et m'efforçai de suivre le cours. Après, j'allai en physique, et m'assis à côté de Lucie. Pendant le cours, je pensais à Raphaël. Je commençais à stresser car j'avais peur qu'il ne guérisse pas ... peur de ne plus le revoir... peur de... je suffoquais .... je manquais d'air... ça voulait dire que ... non... pas ça... pas maintenant !...
Je me levai en hâte, me dirigeai vers la porte mais au moment de la franchir, le prof m'arrêta en m'attrapant par le bras.
- Hep hep, une minute jeune fille, ou allez-vous comme ça ?
- ... Laissez-moi ... s'il vous plaît .... monsieur ...
- ... Heu ... Vous allez bien ?
Je me dégageai enfin en me plaquant contre le mur, ouvris la porte et me jetai dehors. J'entendis derrière moi:
- M. Debrix, rattrapez-là, s'il vous plaît...
- Oui Monsieur !
Je m'isolai dans un coin derrière un casier quand j'entendis quelqu'un derrière moi. Je commençai à m'allonger en l'ignorant et il m'attrapa par l'épaule : je vis alors que c'était Thomas.
- Linda ? Qu'est-ce qui t'arrives ? Tu ne vas pas bien ?
- Thom... recule ... va t'en...
Il fit quelques pas en arrière sans pour autant faire mine de partir. Je n'eus pas le temps de lui redemander que ma crise commença. Mes muscles se contractèrent, comme à leur habitude et je me laissais aller.
                         *
Je n'ai qu'un vague souvenir de ma crise, mais je me souviens que Thomas était resté à mes côtés tout du long et qu'il avait fait en sorte que je ne me cogne pas.
- Thomas... je voulais te dire ... merci pour tout à l'heure ... merci d'être resté.
- Ce n'est rien ... je n'allais pas te laisser seule dans un moment comment ça.... mais pourquoi tu ne m'as rien dis ?
- c'est que... je ne voulais pas que ça se sache... j'avoue que j'ai un peu honte... ça arrive toujours dans les pires moments... et...
Je baissai la tête incapable de continuer. Thomas m'attrapa par les épaules et me força à relever la tête.
-Linda, tu n'as pas à avoir honte... ça ne se contrôle pas, ce n'est pas toi qui decide. C'est la vie et c'est comme ça. Les gens seraienr bien idiot de se moquer de quelque chose dont on a pas le dessus.
Je hochai timidement la tête et il m'attira contre lui. Le câlin fut bref mais assez long pour que je puisse savourer cette étreinte.
Après m'être remise, je le saluai et retournai dans ma chambre. J'avais deux heures de creux avant le dernier cours et j'en profitai pour me reposer.
Pourquoi fallait-il que cela arrive en plein cours.... pourquoi? 
Je décidai de rendre visite à Raphaël avant d'aller en maths.
En arrivant à l'infirmerie, je soufflai un grand coup et entrai.
Personne. Mon cœur sauta un battement. Le lit de Raphaël était vide... Je me précipitai au dehors et courus vers les chambres des garçons et interpellai la première personne que je croisai.
- Excusez-moi... Vous savez où se trouve la chambre de Raphaël ?
-... Euh ... Raphaël comment ?
- ... Je ne sais pas ...
- Bon bah je ne peux pas t'aider...
-... Merci quand même.
Il partit et le couloir se retrouva désert. Personne pour me renseigner...
Je retournai lentement vers les salles de cours en passant par la cantine et la bibliothèque pour vérifier s'il n'y était pas. Arrivée en maths, j'entrai et m'arrêtai sur le seuil de la porte. Raphaël était la, à sa place habituelle, comme si rien ne s'était passé. Je m'approchai de lui et posai les mains sur sa table.
- Salut, tu vas mieux ?
- Hum ... oui ça va ...
-... Tant mieux ! Je suis rassurée.
Il ne repondit rien et commença à sortir ses affaires.
Aurélien choisit ce moment pour arriver et me prendre la taille par derrière. Je rougis immédiatement et vis Raphaël se crisper.
- Oh... salut Raph', tu es vivant ? C'est cool. Bon Linda, tu te souviens que tu manges avec moi ce midi ?
Il m'embrassa dans le cou et partit s'assoir à sa place. Le prof arriva et je retournai à la mienne.
Pendant le cours, Raphaël alla au tableau pour résoudre une équation. Je voyais Aurélien (qui était au premier rang) lui chuchoter des choses, si bien qu'à un moment, Raphaël sortit en claquant la porte. J'avais un mauvais pressentiment, néanmoins, j'attendis la fin du cours pour sortir et je rejoignis les personnes de ma classe dans la cour.
- Vous savez où est parti Raphaël?
- Bah, personne ne le sait jamais, mais ne t'inquiète pas, il fait souvent ça. Faut dire qu'il est très susceptible, me dit Matteo en rigolant.
C'est à ce moment que toutes les personnes qui se trouvaient sur la pelouse de la cour se mirent à hurler. Tous se levèrent et pointèrent du doigt le toit de l'école. Les professeurs et les autres élèves sortirent en courant pour rejoindre les autres sur la pelouse. Je levai  la tête et me figeai, terrifiée.

Raphaël était là, debout sur le rebord du toit, et il s'apprêtait à sauter.

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