Chapitre 38 : Plan

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20 septembre 2115, 16:30

New Washington

Salle du Conseil des Ministres

Tandis que le capitaine Tenson était écarté et que Henri et Federico allaient contacter leurs familles, le général Hanrel et Gurracha étaient amenés devant le gouvernement que le ministre Watanabe avait rassemblé en attendant la Présidente. La salle était étonnamment fastueuse et ne ressemblait en rien à une pièce de bunker. De grands rideaux pourpres étaient accrochés aux murs mais évidemment, aucune fenêtre ne se plaçait entre eux. Quatre colonnes faisaient les angles de cette salle rectangulaire, dominée par une longue table noire autour de laquelle une quinzaine de personnes étaient réunies. Autour, plusieurs autres personnes, sûrement des attachés, portaient des dossiers ou tapotaient sur une tablette. La Présidente lança la conversation :

« Merci à toutes et tous d'être venus. Vous avez été informés en dernière minute et je vous prie de bien vouloir m'excuser, mais la présence du gouvernement au complet était nécessaire. J'excuse le Ministre Vandervoorde avec lequel je m'entretiendrais plus tard. Je vous présente Monsieur Gurracha et le général Hanrel. Je propose que celui-ci, Martien, prenne la parole en premier en tant qu'invité. »

Les regards intrigués se tournèrent vers lui. De nombreux ministres se chuchotaient à l'oreille ou se faisaient passer des mots écrits. Les attachés, debouts, s'étaient arrêtés de tapoter et Hanrel pouvait jurer qu'on tentait de le prendre discrètement en image. Il commençait à comprendre ce que Federico avait pu ressentir lorsqu'elle était dévisagée par tous. Il se rendit compte que pour les Martiens, c'est la différence qui était surprenante : ils étaient tous semblables, à peu de choses près. Federico les avaient donc étonnés. Ici, c'était la ressemblance entre lui et une sorte de Terrien qui étonnait le groupe qui lui faisait face. L'assemblée réunie était très hétéroclite : genre ou couleur de peau, pas un n'était identique à l'autre. Hanrel avait plus de traits physiques communs avec le Ministre du Ravitaillement que celui-ci n'en avait avec son collègue des Communications. Un peu mal à l'aise, il se ressaisit et prit la parole.

« Je vous remercie, Madame la Présidente. En effet, je dirige l'Armée Martienne et suis membre du Gouvernement provisoire de Mars. Je regrette que ce ne soit pas un diplomate qui soit venu vous rencontrer, mais la situation ne le permettait pas. Votre Présidente, madame Petrov, m'a demandé de tout vous expliquer, de mon point de vue. Voici donc où nous en sommes. Comme vous l'avez peut-être su grâce aux rapports de votre opération, vous devez reprendre à zéro l'apprentissage de la galaxie. Nous vous y aiderons. Mars, votre voisine, vous a parfois observé de loin mais sans intervenir. Nous attendions donc votre arrivée. Ce que nous n'avions pas prévu, c'est que cela allait susciter des bouleversements chez nous et ailleurs. Pour commencer, malgré votre situation précaire, deux de vos soldats ont fortement contribué à une stabilisation interne de notre planète en éliminant une filière pirate. Depuis, une série d'évènements à haute tension se sont produits et pour faire simple, toute la galaxie sait que les Terriens sont sortis de leur planète. »

Alors que quelques murmures continuaient, tout s'arrêta sur cette phrase. Un moment de silence plana et Hanrel savait qu'il devait le conserver. Comme espéré, l'un d'entre eux prit la parole. 

« Ministre Watanabe, Ministère de la Recherche, Japon. Je suis désolé de vous poser cette question, général, mais quelle est leur attitude ? Comprenez que depuis longtemps ici, les histoires d'extra-terrestres ne tournent jamais bien. La population sera inquiète dès que nous l'en informerons.

-Je comprends, monsieur. Les tensions dont je vous parlais tournent autour de cela. La majorité de la Communauté galactique est prête à vous accueillir à bras ouverts. Plusieurs planètes sont dans votre cas : isolées en attendant une évolution technologique qui permettra une intégration. Sans vous manquer de respect ou me montrer supérieur, nous vous regardons comme un enfant devenir majeur. »

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