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ANTONIO

Les pieds croisés et le visage froid, j'attends patiemment, dans mon salon, l'arrivée du docteur Whitman. Je lisais le journal de ce matin tout en sirotant mon café. Un étranglement se fit entendre dans la pièce et je levai la tête pour regarder la femme qui m'observait attentivement, elle semblait plus anxieuse qu'elle ne devrait l'être, gesticulant de temps en temps sur son siège. Je voyais dans son regard de l'inquiétude et de l'appréhension aussi bien que ses gestes me montraient qu'elle n'en pouvait plus de rester dans le déni. Pourtant moi je savais, je savais tout. Ce qui m'attendait et ce que je devrais endurer. Tout ce que j'attendais c'était la confirmation de ce toubib qui mettait beaucoup de temps à arriver. Bien-sûr j'avais peur, j'appréhendais également mes futurs jours. Qu'est-ce que j'étais censé faire, comment allais-je gérer ça? La femme en face de moi, avec ce regard ne m'aidait pas vraiment.

Il ne fallait donc pas que je flanche, je devais rester fort, sinon je ne supporterai pas de la voir mourir par ma faute.

La sonnerie retentit et je regardai ma montre, il était à l'heure. Ma mère se leva immédiatement et alors que Timothy allait ouvrir la porte, elle arrangea quelque peu sa tenue. C'était comme un réflexe d'être toujours présentable malgré les circonstances.

Le docteur Whitman entra dans la pièce muni d'un costume trois pièces sur mesure et une mallette en main. Il me fit un sourire cordial puis salua ma mère.

- Bonjour madame Gillies.

- Appelez-moi Renata, je vous en prie. Elle lui fit un bref sourire avant de lâcher sa main. Je me levai à mon tour pour le saluer brièvement.

- Merci d'être venu. Asseyons-nous. Ils s'exécutèrent tous les deux et je fis de même. Je pris une autre gorgée de mon café avant de me racler la gorge et de m'adosser.

- Je ne passerai pas par quatre chemins. Vous m'avez appelé pour connaître les résultats, ou du moins les confirmer. Ils ne seront pas faciles à entendre mais...Il toussota avant de sortir de sa mallette, une chemise en papier dans laquelle se trouvaient des documents.

La pièce était tout à coup vide de la moindre existence. Je crois que ma mère, tout comme moi, avait arrêté de respirer, attendant les résultats. Seuls les bruits de la paperasse retentissaient dans la pièce qui à présent semblait froide telle une morgue. Mon cœur battait beaucoup plus vite que d'habitude. Pourtant je n'ignorais pas ce qui m'attendait. Mais au moins j'avais encore de l'espoir. L'espoir que peut être que nous nous soyons trompés lors des premières analyses, ou du moins que le verdict soit moins dur que ce que j'allais recevoir. J'y croyais encore.

Je ne voulais pas penser que ce serait si rapide et directe, mais que ce soit juste un canular et que tout s'arrangerait très vite. En ce moment je priais de tout mon cœur pour que mes craintes soient effacées et que j'allais recevoir une nouvelle qui me soulagerait. Mais lorsque l'homme de la quarantaine me lança un regard, ce regard qui voulait tout signifier, je su alors que tout espoir venait d'être réduit à néant.

Il toussa de nouveau.

- Eh bien, après les premières analyses qui ont diagnostiqué un cancer des poumons à petites cellules, mon collègue vous a proposé une chimiothérapie, mais vous avez refusé. Avant le stade était encore limité, mais maintenant nous sommes à la phase terminale. La chimiothérapie n'est plus possible et votre durée de vie est maintenant courte.

- Combien de temps? Demanda ma mère dans un murmure. Je connaissais l'effort qu'elle avait du entreprendre pour sortir ces quelques mots de sa bouche.

The Last WindingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant