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LAURA

Mon regard se perd tandis que mes pensées s'éloignent, discrète par la danse des flammes, une danse imperturbable et interminable. Je suis ramenée sur terre par le liquide que verse Antonio sur ma plaie.

- Aïe!

- Désolé. Je le regarde, mais lui, reste concentré sur le travail qu'il est en train d'accomplir. Je me surprends à l'observer, à l'épier. Il nettoie la blessure de façon très maladroite avec un coton, mais tellement il est concentré, je ne voudrais pas le déranger. Pour une fois que je ne suis pas celle qui soigne.

- Vous n'êtes pas obligé de faire ça vous savez. Je suis en mesure de le faire toute seule.

- Pour une fois que je peux faire quelque chose pour vous? Bien sûr que je suis obligé. Il faut dire aussi que ça me plait bien d'être dans le rôle de l'infirmière.

Il me jette un coup d'oeil et sourit. Je secoue la tête, ne pouvant pas m'empêcher de sourire. Il termine par mettre le pansement sur mon orteil. Il observe son travail, assez fière de lui. Je souris.

- Merci. C'est très bien fait.

- Ouais, on peut dire que j'ai un don pour ça.

Cette fois-ci, j'éclate de rire et prends mon chocolat chaud. La tempête se calme peu à peu mais demeure encore assez tonitruante.

- J'ai été vraiment inquiet pour vous, vous le savez? Vous voir arriver dans cette tempête m'a mis en colère. Et le moins que je voulais est que vous attrapiez un rhume. Mais maintenant que vous êtes au chaud je me sens rassuré.

Il me regarde droit dans les yeux avec un air sérieux.

- Merci de vous être occupé de moi, Antonio. Je lui fis un petit sourire et baisse la tête.

- Que ne ferait-on pas pour son infirmière? Nous éclatons tous les deux de rire. Et dire qu'il y a une heure encore il était prêt à me flanquer une gifle parce que je m'étais mise en danger.

Remarquant que mon pied est encore posé sur ses cuisses, je tente de le retirer lentement, mais il me stoppe et caresse celui ci.

- Ça ne me gêne pas du tout. D'ailleurs je n'avais jamais vu des orteils aussi beaux et propres, pour quelqu'un qui aime rester pied-nus.

- J'en prends constamment soin. Je regarde mes orteils, l'air songeur.

- Parlez moi de vous, Laura.

- Que voulez-vous savoir?

- Où vous avez grandi... Vos études. Votre famille. Dites-moi.

- Eh bien j'ai grandi à Chicago, avec mes parents. Je suis enfant unique. Ma mère est morte d'une leucémie quand j'avais 16 ans. Ça, vous le saviez déjà.

- Encore une fois, je suis navré. Sincèrement.

- C'est rien. Elle me manque à chaque instant. Mon père est professeur d'université. Nous avons déménagé ici après la mort de ma mère, pour changer d'air. J'ai une relation très particulière avec lui, surtout depuis qu'il est ma seule famille. Je l'adore, mais ça doit faire une éternité que je ne l'ai pas vu. Le boulot. On s'appelle de temps en temps... J'ai un petit appartement dans lequel je vivais depuis quatre ans avant d'arriver ici et une amie, Hayley qui est ma voisine de palier et aussi ma collègue à l'hôpital.

J'omets volontairement de lui parler d'Ed. Je n'ai pas, à vrai dire, envie d'en parler. Et je ne vois pas à ça servirait de lui dire, de toutes les façons, tout ça est derrière moi.

- Quelle chance!

- Ouais. Elle est curieuse, intrépide et obstinée. Mais sans elle je ne serais pas la même.

The Last WindingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant