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LAURA

Je me suis imaginée ce scénario tellement de fois. Quand je le reverrai, quand il rentrerait chez nous... Dans un temps, je me voyais sauter de joie et courir dans ses bras, tellement heureuse de revoir mon mari. Je me voyais le couvrir de bisou et ne pas attendre plus longtemps pour lui faire de nouveau l'amour. Dans un autre scénario, je me voyais m'écrouler au sol, pleurant sans cesse et ne réalisant pas ce qui se passe. Ensuite il viendrait me prendre dans ses bras et je m'agripperais à lui de toutes mes forces. Et finirions aussi pars faire l'amour...

Mais rien de cela n'est entrain de se passer en ce moment. Au contraire, je suis figée. Calme. Un peu étourdie, mais calme. Je me demande où sont partis mes cris de joie et mes pleures - ah, il y a bien une fine larme qui vient de descendre sur ma joue gauche. Mon mari vient de rentrer après cinq ans dans une mission suicide où il aurait pu y rester et moi, eh bien, je suis là, debout à le regarder droit dans les yeux, perdue dans mes pensées.

- Tu ne me fais pas de câlin?

Il est si maigre. Sa tête, plus grosse, est posée avec difficulté sur ses épaules. Sa chevelure est terne, loin de sa coloration blonde d'avant. Ses lèvres roses sont fendillées par des années de souffrance. Il semble plus grand et plus nonchalant. Sa mère avait donc raison, seul ses yeux sont restés captivants, son regard bleu azur a survécu, ce regard qui m'a rendue amoureuse auparavant.

Je m'approche de lui, les jambes tremblantes, malgré mon calme surprenant. Il me regarde faire, sans rien dire ou rien faire. Arrivée sa hauteur, je passe ma main sur sa joue fraichement rasée. Je n'arrive pas à détacher mon regard du sien. Il est bien là, devant moi, vivant. Il passe sa main sur le dos de la mienne et la serre très fort. Nos fronts se rejoignent et nos yeux se ferment. Toujours en silence. Je l'entends respirer lourdement, je sens son coeur battre vite contre mon autre main. D'autres larmes rejoignent la première qui s'est échouée sur mes lèvres.

N'en pouvant plus de me canaliser, je le prends finalement dans mes bras, le serrant fort contre moi. Il resserre l'étreinte et dépose plusieurs baisers sur ma tempe.

- Chut... c'est fini, je suis là maintenant. Sa voix contre mon oreille me ramène plusieurs années en arrière. Je me sens soulagée, bien.

Nous nous séparons et il nous déplace jusqu'à son lit.

- Oú étais-tu? Que s'est-il passé? Pourquoi n'es-tu pas rentré? Je t'ai cru mort Ed, j'ai pleuré devant une tombe vide pendant longtemps.

- Hey... je sais. Je sais que tu as beaucoup de questions sans réponses et je te promets d'y répondre. Mais le plus important est que je sois rentré, pas vrai?

- Oui... il dépose un baiser sur mon front et me serre contre lui.

***

Après un long moment passé à ses côtés je le laisse enfin se reposer. Il faut moi même que j'aille prendre une douche et que je me change. Depuis que nous avons atteri, je n'ai pas eu le temps de me reposer.

Je ferme la porte et rejoins Kate. Elle me prend dans ses bras et soupire. Je la sens très émue et surtout soulagée. Ce n'est pas tous les jours qu'on apprend que son fils disparu et présumé mort est en fait bien vivant. Je me souviens de nos soirées toutes les deux à pleurer, elle son fils et moi, l'homme que j'avais épousé.

- Oh Laura, le ciel a été bon envers nous. Tu as retrouvé ton mari et moi j'ai retrouvé mon fils. Mon seul enfant que j'avais cru disparu pour toujours. Il m'est revenu grâce à Dieu.

Je me contente de lui faire un grand sourire.

- Il s'est endormi, je rentre me changer et je repasse ce soir.

The Last WindingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant