Cinquième Partie : Maman Félicia

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Max et moi nagions dans le bonheur. Mon second roman était sur la bonne voie. L'histoire tenait la route, la page blanche ne m'effrayais plus. J'étais très déterminée, motivée à cent pour cent. 

Six mois étaient passés depuis le début de ma relation avec Max. Il m'avait présentée à sa mère dès le premier mois. Maman Félicia était une dame d'une cinquantaine d'années, menue mais très active. Elle m'a adoptée dès qu'elle a su notre idylle. C'était une femme remarquable, gentille, généreuse, et très open mind. C'était la belle mère pour laquelle des milliers de jeunes filles se damneraient. 

On se téléphonait très souvent. Elle me racontait des anecdotes de l'époque où elle venait de rencontrer le père de Max. La réticence du père de son fiancé qui voulait que ce dernier soit marié à une sénégalaise. Les deux tourtereaux se révoltèrent pour vivre leur amour. Et ils finirent par triompher. Maman Félicia me rappelait ma propre mère. Toutes les deux s'étaient mariées très jeunes, à seulement vingt ans. Toutes les deux avaient connues leurs époux quand ces derniers n'avait encore rien bâti. Elles s'étaient données corps et âme pour construire un foyer, fonder une famille, guider leurs maris et enfants vers la réussite. 

Pape Alioune Ndoye Diagne, le père de Max, était le descendant d'une grande lignée de dignitaires Lébous. Le grand-père de Max,  Gorgui Meissa Fall Diagne était connu pour son caractère hargneux, bagarreur. C'est lui d'ailleurs qui s'opposa fermement à l'union de son fils avec Félicia. 

« Tant que je vivrais, mon fils, n'épousera jamais une blanche.  » martelait-il. Mais c'était sans compter avec la détermination du père de Max. Ne pouvant plus supporter les réticences du patriarche, Pape Alioune convoqua ses oncles, cousins, tantes, cousines à une réunion de famille. » Ce jour-là, je n'étais pas présente, mais mon mari et ses soeurs me relatèrent les faits  » me racontait  Maman Félicia, émue. 

Quand tous les membres de la famille Diagne furent réunis dans la grande cour de la concession, Pape Alioune prit parole: 

-Assalamou aleykoum ! commença-t-il

L'assemblée lui répondit

-Waleykoumsalam »

Il continua ;

-Je vous remercie d'être venus à cette réunion. Nous sommes tous de la même famille. Certains ici sont mes frères et mes soeurs, d'autres sont mes oncles et mes tantes. 

-C'est pure vérité Diagne ! renchérirent les autres. 

-Je serait bref. J'ai aujourd'hui vingt-quatre hivernages. J'ai fini mes études et je travaille depuis quelques mois. Je rends grâce au Seigneur. J'ai rencontré une jeune fille. On s'aime et mon souhait est de faire d'elle mon épouse. 

-C'est une excellente nouvelle mon fils, dit Badiéne Maï, soeur du patriarche. J'espère que cette fille fait partie d'une bonne famille. 

Certains riaient sous cape. Le père de Pape Alioune restait de marbre tandis que son épouse Sokhna Khoudia l'épiait du coin de l'oeil car elle savait que ce calme n'allait pas duré. 

Pape Alioune regarda Badiéne Maï et continua. 

-Badiéne, reprit-il, la fille dont je suis amoureux, n'est ni Lébous, ni sénégalaise. 

Tout le monde était choqué. 

Personne n'osait parler à voix haute. Tout ce qu'on entendait c'était des chuchotements. 

Pape Alioune continua, 

– La fille que je veux épouser est une occidentale, une blanche. Et mon père ici présent, ne veut pas l'accepter.

-une blanche !! 

-il veut épouser une toubab ! 

-Il n'y a jamais eu de toubab dans cette famille...

Son père le vieux Meissa prit la parole

-Pape Alioune, tu es un Lébou, tes septs ancêtres sont de purs Lébous. Je ne cautionnerais jamais ton union avec cette toubab. Jamais. Tu m'entends. 

Pape Alioune l'écoutait sans rien dire . Cependant il savait qu'il pouvait compter sur quelqu'un. Son homonyme et le frère aîné de son père, qui l'a toujours soutenu. C'était  lui d'ailleurs qui lui donné l'idée de convoquer la famille à une  réunion. 

-Il faut que tu fasses preuve de maturité, lui disait-il. Montre à ton père et à toute la famille que tu sais prendre ta destiné en main. Le reste je m'en occupe. 

Après l'allocution de son frère, l'homonyme de Pape Alioune tempéra un peu 

-Meissa, mon frère, dit-il, je suis ton aîné et Pape Alioune porte mon nom. Tu as toujours suivi mes conseils et j'espère qu'aujourd'hui tu feras de même. Meissa, Birima, Babou, Mbaye, je m'adresse à vous. Vous les pères de ces enfants ici présents, je m'adresse à toi Sokhna Khoudia ma belle soeur, ainsi qu'à toutes les mères, je m'adresse à vous les enfants, il est grand temps s'ouvrir au monde. Les temps ont changé, ne croyez vous pas qu'il est temps de laisser les enfants faire leurs choix, commettre des erreurs et mûrir. Je soutiens mon neveu. Et je demande à mon frère et à toute la famille de le laisser épouser la femme de son choix. Ces enfants sont appelés à diriger ce pays et pour cela il faut qu'ils aient confiance en eux, qu'ils soient responsables car nous ne pourront pas les guider éternellement. 

Félicia et Pape Alioune Diagne se marièrent, il eurent d'abord deux filles Rose et Khoudia et un garçon Maxwell Meissa Diagne, mon Max. 

Je me sentais bien dans cette famille. Ils m'aimaient tous. Surtout Maman Félicia. Même aujourd'hui après tant d'années, je me remémore nos longues discussions. 

Cependant, il restait à affronter ma mère. Je l'avais appelée des milliers de fois sans succès. Quand j'allais à Mbour, chez elle, elle refusait de me voir et restait cloîtrée dans sa chambre jusqu'à ce que je m'en aille. Elle ne savait plus rien de ma vie. Elle me manquait atrocement.

(À suivre) 


Celle Que Personne N'aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant